saint-bernard

Au pays du Saint-Bernard

par Evelyne Dreyfus

Ils sont blanc, roux et noir et représentés avec un tonnelet à leur cou. Partout dans le monde ils symbolisent la Suisse et ses montagnes et on ne saurait concevoir la région du Grand Saint-Bernard sans la silhouette massive de ces chiens sauveteurs dont la légende s’inscrit dans l’ADN de la Suisse.
Au pays du saint-bernard, dans la région du Valais suisse, on va visiter les chiens saint-bernards comme on irait visiter, au musée, des peintures légendaires mais dont les personnages seraient vivants. Et autour de ces personnages, comme dans une peinture, une immense nature montagneuse, faite de pics rocheux, de forêts, de lacs et de grandes chutes d’eau.
Le chien saint-bernard est, à lui seul, un emblème international de la Suisse. Et comme tout ce qui fait la renommée du pays des Helvètes, on lui prête la plus grande attention. La fondation Barry, située à Martigny, qui en fait officiellement l’élevage, veille au grain. Pourquoi Barry ? Parce qu’il y a plus de deux siècles, c’est un saint-bernard ainsi nommé qui a définitivement ancré dans les esprits sa mission de chien sauveteur.
Depuis lors, il y a toujours un saint-bernard vivant, baptisé Barry en mémoire de cet ancêtre héroïque. Pour savoir à quoi tient cette célébrité, il faut faire une marche arrière de mille ans. La voie alpine était le principal lieu de passage Nord-Sud en passant, avec les moyens du bord, par le Grand Saint-Bernard perché à près de 2500 m d’altitude. Il relie, comme jadis, la vallée du Rhône au Val d’Aoste et au Piémont.
Et sauf à pieds ou à dos d’âne, aucun moyen de locomotion ne laissait espérer un passage facile.

le mont blanc

Le Mont-Blanc depuis la station de La Creusaz

Une bâtisse solide à l’accueil universel

A regarder la grande bâtisse en pierre de l’Hospice qu’on y voit trôner au milieu des pics, on comprend mieux à quel point ce refuge unique, datant de 1050, voulu par l’archidiacre d’Aoste, devenu St Bernard de Menthon, a joué un rôle majeur dans cette difficile itinérance à travers l’Europe. Les chanoines d’aujourd’hui, qui poursuivent avec conviction la tradition d’accueil, savent à quel point ce lieu reste capital dans cet univers qui peut vite devenir hostile sous le vent, la tempête, la neige ou le brouillard. Désormais on y vient pour se réchauffer, bénéficier d’un repas, d’une nuit ou deux de récupération ou, de plus en plus souvent, pour quelques jours de ressourcement. Pas d’empreinte carte bleue, pas de demande de pièce d’identité : l’accueil au sens noble du terme quelle que soit la religion ou l’absence de religion des hôtes. L’Hospice abrite aussi un musée et une très belle chapelle.

Le saint-bernard, un chien à mission sociale 

C’est dans ce décor impressionnant qu’a vécu, entre 1800 et 1814 un certain Barry, chien saint-bernard, sauveteur, dit-on, d’une quarantaine de vies humaines. Au risque d’en décevoir certains, aucun saint-bernard n’a jamais porté de tonnelet d’eau de vie autour du cou. Mais ces grands chiens, qui pèsent en moyenne 70 kilos, ont, de fait, un sens  très affuté de l’orientation. Et, oui, ils ont bien accompli de véritables exploits en accompagnant les chanoines à la recherche de personnes égarées ou accidentées ou comme chiens de défense. Aujourd’hui ils sont élevés avec soin, en plaine, à la Fondation Barry et une partie d’entre eux séjourne pendant l’été à l’Hospice du Grand Saint Bernard, en altitude où est leur milieu naturel.

Il n’est plus question d’en faire des chiens d’avalanche : avec leurs longues pattes et leur poids ils ne sauraient rentrer dans un hélicoptère de sauvetage. Mais ce sont des chiens particulièrement sociables et attachants. Une de leurs principales missions est désormais d’entrer dans les maisons de retraite et des institutions sociales pour soulager les âmes en peine et adoucir certaines thérapies en donnant  leur affection. Joueurs, de tempérament doux, avec leurs grands yeux tristes et leurs bajoues tombantes, ils ont l’air si rassurants malgré leur grande taille et donnent d’emblée confiance. A  Martiginy, le Barryland retrace leur histoire et permet aux grands comme aux petits d’approcher les chiens, de le voir vivre et jouer. A l’hospice tout là-haut on peut aussi s’inscrire pour une balade avec eux en pleine nature.

chien saint-bernard en balade

Vue partielle de l’Hospice du Grand St Bernard avec les deux chiens en balade.

Un accès difficile

On n’accède en voiture à l’hospice du Grand Saint Bernard qu’entre juin et septembre. Les huit autres mois il faut être assez sportif pour y monter à skis ou en raquettes. Bien sûr la région réserve de nombreux autres sites attractifs. Randonnée, ski, gastronomie. Il n’y a guère d’endroit où les confortables trains à crémaillère suisses ne puissent vous conduire. Avec le Mont-Blanc Express on arrive facilement à Salvan et au glacier du Trient d’où s’impose une vue magnifique de la face Nord du Mont-Blanc. Outre la beauté de la nature, je vous recommande un détour par Les Marécottes. Ce village alpestre abrite une piscine sous forme de bassin naturel creusé dans le rocher. Elle jouxte le zoo alpin où, à défaut de les rencontrer dans les forêts avoisinantes, on peut contempler loups, renards, lynx, bouquetins, daims, ours noirs et chamois ainsi que de nombreuses espèces d’oiseaux du cru.

au zoo des marecottes

Au zoo des Marecottes

 Où dormir ? 

Vous cherchez un nid douillet pour passer quelques nuits dans cet univers protégé du monde ? J’ai été absolument conquise par l’hôtel Balance dans un petit village à l’ancienne nommé Les Granges proche des Marécottes. 100 % Bio du sol au plafond et jusqu’à la table qui, pour être exclusivement végétarienne  n’en est pas moins délicieusement gastronomique et abondante (le petit-déjeuner, notamment vous met en joie dès le réveil). Et ce n’est pas un effet de mode. Son propriétaire, Roland Héberlé s’y est mis voici plus de 30 ans. Hammam, sauna, piscine naturelle, shiatsu, yoga à bord et vue imprenable sur les Alpes. Si dans ce lieu vous n’arrivez pas à décrocher de vos soucis quotidiens, c’est que la situation est désespérée.

Ah, j’oubliais : les Valaisans l’affirment, c’est la région de Suisse la plus ensoleillée. Sauf pendant mon séjour : l’exception qui confirme la règle à coup sûr.

Texte et photos©Evelyne Dreyfus
Y Aller
Sauf si vous êtes frontaliers et souhaitez partir en voiture, le plus facile est d’y aller en train TGV Lyria puis avec les trains locaux à partir de Lausanne ou Genève
Vous informer sur la destination ? www.valais.ch, www.saint-bernard.ch et bien sûr l’office de tourisme suisse en France

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