Ce château de la Loire, proche de Blois, fêtait le 17 septembre 2022, les 100 ans de son ouverture au public. Et les 21 ans de son exposition permanente, « Les secrets de Moulinsart », en hommage au dessinateur Hergé, qui popularisa le fameux château dans ses albums de Tintin.
La façade resplendissante du château de Cheverny semble rénovée de frais. « Détrompez-vous, réplique notre guide. Simplement, le château édifié au 17e siècle a été bâti à l’aide d’un tuffeau local qui a la particularité de blanchir et de durcir en vieillissant ». L’intérieur est lui aussi plutôt bien conservé. Il est richement doté de meubles Directoire ou Empire, de fauteuils Régence et de nombreuses commodes. De vieux chevaux de bois agrémentent la chambre des enfants. Une tapisserie des Gobelins représentant L’Enlèvement de la belle Hélène par Pâris, orne la salle d’armes, tandis que l’on remarque dans un salon, une œuvre décalée de Pixel art, la réplique du tableau de Jeanne d’Aragon réalisée en briques Lego !…
Tintin et Moulinsart
Place à Tintin dans un bâtiment voisin. Nestor, le majordome du château de la bande dessinée, nous invite à visiter « Les Secrets de Moulinsart ». Tandis que la bande son qui accompagne le parcours reproduit les jurons du capitaine Haddock – « Mille millions de mille sabords, Bachi-bouzouk, Moule à gaufres », etc – nous replongeons avec plaisir dans l’univers de notre enfance. Décors reconstitués et maquettes rappellent les mésaventures des policiers de comédie, Dupont D et Dupont T, l’ingéniosité débridée du professeur Tournesol, dont on retrouve l’invention du sous-marin-requin, sans oublier une image de Milou couronné. Evocation incontournable des albums « Le secret de la Licorne » et « Le trésor de Rackam le rouge » où apparaît en majesté le château de Moulinsart.
La « ligne claire » d’Hergé
Au fait, comment s’est opéré ce décalque entre Cheverny et Moulinsart ? Le marquis Charles-Antoine de Vibraye, propriétaire de Cheverny, livre son explication. « Dès l’ouverture au public en 1922, mes ascendants ont mis en circulation des publicités pour assurer la promotion du lieu. Dans les années 1940, Hergé, qui travaillait beaucoup sur documents, a retenu l’architecture classique de Cheverny, plutôt que celle de Chambord ou Chenonceau, car elle correspondait mieux à son style de dessin connu sous le vocable de ligne claire ». Reste que l’exposition Moulinsart suscite la curiosité et draine une clientèle familiale nouvelle. La fréquentation annuelle avoisine désormais les 400 000 visiteurs/an.
Ce succès a donné l’idée de valoriser les abords du château. Déjà, le parc arboré, riche d’un séquoia et d’un tilleul, plantés en 1870, ainsi que le plan d’eau où baignent des cygnes noirs, formaient un plaisant lieu de promenade. À la fin du mois de mars, près de 500 000 bulbes de tulipes disposés en rubans multicolores égayeront les allées. Ils inciteront à poursuivre la balade jusqu’au jardin de l’Amour, parsemé de sculptures de Gudmar Olovson, surnommé le Rodin suédois.
Cheverny-Moulinsart a su diversifier ses centres d’intérêt et ses publics. Et n’a peut-être pas livré tous ses secrets…
Pratique
° Y aller. En voiture ou train : Paris (Austerlitz)-Blois en 1h30, puis voiture de location.
° Le château et les jardins sont ouverts à la visite 365 jours/an.
° Tarif d’une visite complète (château, jardins, expositions) : 18 €
° Plus d’infos : château-cheverny.com
Texte et photos : Yves Hardy
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