Simone Veil, une femme engagée

par Arielle Granat

Simone Veil vient de mourir à 89 ans.

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Impossible aux Boomeuses de ne pas rendre hommage à cette grande dame qui a eu une vie hors du commun, et a su lutter courageusement pour faire voter une loi qui a libéré beaucoup de femmes.
Simone Veil est née le 13 juillet 1927 à Nice dans une famille juive non pratiquante, elle est la benjamine d’une fratrie comptant deux soeurs et un frère.
Elle a 16 ans, pendant l’Occupation, lorsqu’elle est arrêtée lors d’un contrôle d’identité et est déportée à Auschwhitz Birkenau, où sa mère et l’une de ses soeurs seront à leur tour déportées. Sa mère, ainsi que son père et son frère, périront dans les camps.
A la libération, en 1945, elle s’inscrit, à la faculté de droit de Paris et à l’Institut d’études politiques de Paris, où elle rencontre Antoine Veil, qui deviendra son époux.
En 1970, elle est la première femme à occuper le poste de secrétaire générale du Conseil Supérieur de la Magistrature. Centriste, elle est nommée Ministre de la santé sous la la présidence de Valéry Giscard d’Estaing.

Simone Veil et la loi Veil en 1975

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Ministre de la santé sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing et sous le gouvernement de Jacques Chirac, elle fait voter au parlement la loi qui porte son nom et qui dépénalise l’avortement.
Un combat qu’elle mène avec courage et détermination, face aux attaques d’une violence inouïe et propos machistes de la part de parlementaires de droite et d’extrême droite, et aux menaces de mort d’associations anti-avortements, qui n’hésitent pas à lancer des propos ouvertement antisémites, ni à inscrire des croix gammées à l’entrée de son immeuble. Elle tiendra bon, et c’est grâce à son obstination que les femmes peuvent aujourd’hui avorter (bien que cet acquis soit parfois remis en question, et n’est pas encore autorisé dans tous les pays).
Le 26 novembre 1974, à l’ouverture des débats, dans un climat très tendu et devant les députés, Simon Veil commence son discours par ces mots.

Je voudrais vous faire partager une conviction de femmes. Je m’excuse de le faire devant une Assemblée constituée quasi exclusivement d’hommes : aucune femme ne recourt de gaieté de cœur à l’avortement. 

Affirmant ensuite que l’avortement doit rester l’exception, l’ultime recours pour des situations sans issue.
Si cette loi est adoptée en 1975,  la question de l’avortement des femmes divise la société française depuis des années, notamment depuis le manifeste publié le 5 avril 1971 dans le Nouvel obs,  rebaptisé Les 343 salopes par Charlie Hebdo, un texte signé par 343 femmes parmi lesquelles Delphine Seyrig, Catherine Deneuve, Françoise Sagan, Simone de Beauvoir ou Jeanne Moreau…. qui réclament le droit à l’avortement et affirment avoir avorté.
Le texte de loi de 1975 autorise l’avortement sur simple demande à son médecin, mais ne prévoit pas encore le remboursement par la sécu. Il s’agit d’une loi provisoire pour cinq ans. Une deuxième loi sera adoptée le 31 décembre 1979, pour que l’avortement soit définitivement légalisé. C’est aussi grâce à la mobilisation des femmes que la loi Veil sera vraiment appliquée. En effet, malgré la loi, certains médecins invoqueront la clause de conscience pour refuser de pratiquer l’IVG. En 1983, une loi prévoit le remboursement de l’IVG par la Sécu.

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Simone Veil,  première Présidente du Parlement Européen

En 1979 , Simone Veil devient la première Présidente du Parlement Européen jusqu’en 1982, et présidera le groupe libéral au Parlement Européen de juillet 1984 à 1989. En mars 1993, elle est nommée Ministre d’État, Ministre des Affaires Sociales, de la Santé et de la Ville, dans le gouvernement dirigé par Édouard Balladur.

Simone Veil et la Shoah

De 2000 à 2007, elle préside la Fondation pour la mémoire de la Shoah, dont elle deviendra ensuite présidente d’honneur.
Si pendant des années, comme beaucoup de survivants de la Shoah, elle est restée silencieuse  sur cette tragédie,  elle commencera à en parler dans les années 70, expliquant l’importance de ne pas oublier et du devoir de transmission. Dans la vidéo ci-dessous,  (un entretien avec Laure Adler datant de 1997), elle parle avec pudeur de sa déportation et de la la disparition de sa mère.

Le 18 mars 2010, Simone Veil est reçue sous la coupole et devient académicienne. C’est Jean d’Ormesson qui fera un magnifique et bouleversant discours d’intronisation pour cette femme que l’on pourrait qualifier de Mensch, un mot yiddish qui signifie « Un Homme qui se comporte en humaniste, avec un grand H ». Sur son épée d’immortelle, elle fera graver le matricule tatoué sur son bras à Auschwitz, ainsi que les devises de la République française et de l’Union européenne : liberté, égalité, fraternité et unis dans la diversité.
A lire, son autobiographie, Une vie, édité en livre de poche   
 
 Arielle Granat
 
 
 
 
 
 
 
 
 

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1 commentaire

matchingpoints 1 juillet 2017 - 13h33

Un bel hommage pour une femme qui aura marqué son époque ! Digne mais combative, elle a fait avancer la société. Nous lui devons beaucoup

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