L'art d'accommoder les restes, cigale vs fourmi

par Cathie Fidler

Chez La Fontaine, une malheureuse cigale, « ayant chanté tout l’été, se trouva fort dépourvue lorsque la bise fut venue ». On se souvient toutes de la morale de cette fable, qui nous enjoignait bien de ne pas danser et chanter sans se soucier de l’avenir. En un temps où la disette menaçait dès que le temps se gâtait, il fallait raison garder. Tout le monde ne mangeait pas de la brioche sur le chemin de l’échafaud, et encore moins des reliefs d’ortolans au petit déjeuner.

Cigale vs fourmi

Pourtant, au XXème siècle, les années soixante nous ont vu prendre le parti de la cigale, et faire fi de la fourmi prévoyante. On s’est même moqué de cette dernière, si je me souviens bien, tant l’abondance paraissait évidente, et infinie.
Constat du XXIème siècle : Avec quelques décennies de plus, nous autres Boomeuses avons l’avantage de l’expérience. Celle-ci nous permet d’allier les deux comportements : On chante quand ça nous chante, et on épargne de temps à autre.

Notamment en cuisine, où nous avons compris qu’une attitude désinvolte équivaut à du gaspillage. Or, gaspiller la nourriture, c’est vilain, vilain, très vilain. Maintenant, comme avant. Nous en sommes redevenues conscientes grâce aux mouvements écolo, bobos.… auxquels certaines d’entre nous ont d’ailleurs adhéré.

Et voilà donc que reviennent les vieux réflexes qui, à l’instar du recyclage (que nous voyions faire dans notre enfance quand les pots de yaourts et les bouteilles de verre étaient consignées, et soigneusement rapportées à l’épicerie), nous permettent de faire feu de tout bois et, surtout, de bons petits plats à partir de restes.
En effet, entre temps, nous sommes redevenues épicuriennes. Le fast food, ça va un moment, mais on en a fait le tour. Maintenant, on l’appelle junk food, ce que cela a toujours été. On apprécie à nouveau le fait-maison, à l’ancienne. Eh oui… Pas de bol, on n’a plus de grands-mères à qui le raconter.

On accommode les restes

Pour mémoire, un petit rappel de ce que peut être l’économie domestique, à l’usage des plus jeunes (ou des moins vieilles) :
—   Ne jetez pas la carcasse des poulets achetés tout rôtis (ou pas). Recuite à l’autocuiseur avec 2 ou 3 légumes d’hiver et mixée (sans les os !), elle produira une soupe fabuleuse, et bien moins chère que celles qu’on achète en « brique ».
—   Ne jetez pas les petits morceaux de blanc qui restent attachés à quelques os de la même volaille recuite. En les hachant avec un oignon, un peu de persil, un œuf et une poignée de pain rassis, vous en ferez des boulettes, et tout un repas.
—   Ne jetez pas vos petits restes de pot-au-feu, ou de steak. Émincez-les et faites les revenir avec des oignons, du persil, quelques rondelles de cornichons, un peu de concentré de tomate. Ajoutez un trait de vinaigre ou de vin blanc à la fin, et vous aurez un plat différent pour le dîner. Prêt en 15’ chrono.
—   Et le pain, notre pain quotidien, quand il est rassis bien sûr on peut le donner aux pigeons, mais le sel qu’il contient n’est pas bon pour les oiseaux. Alors, une fois bien dur, trente secondes dans le mixer, et voilà de la chapelure pour enrober les boulettes mentionnées ci-dessus. On peut même la garder au congélateur.
On pourrait continuer longtemps comme ça. D’autres ont eu de meilleures idées, plus riches, ou plus glamour…  En voici un exemple.
Cerise sur le gâteau de nos efforts domestiques :
Après ça, on pourra dépenser les économies qu’on aura faites où l’on voudra, en se disant qu’on n’aura pas contribué à l’appauvrissement de la planète, ni à sa pollution. Mieux, on partagera ces hauts-faits sur facebook.
Parce que la bonne conscience, tout de même, c’est important à agiter, sinon, à quoi bon se donner tout ce mal ?
 
Cathie Fidler
 
 
 
 
 
 
 
 

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