Qui n’a pas un jour entendu parler d’un fibrome, ne serait-ce celui de sa mère ou de sa grand-mère ?
Il faut dire que dans le temps, on vous faisait « sauter » votre utérus pour moins que cela ! Aujourd’hui, on ne se laisse plus faire et on y réfléchit par deux fois avant de passer sous le bistouri ou, soyons moderne, le coelioscope ! Celles qui sont complètement ménopausées ne devraient théoriquement plus être concernées par la question mais, sait-on jamais, si vous croisez un gynéco-dinosaure de l’époque de votre mère qui aimerait bien se faire votre utérus sous prétexte qu’il le trouve un peu grassouillet …
Pour commencer, je vous propose un petit cours d’anatomie et de physiologie, histoire de vous rappeler que l’utérus est constitué d’un muscle, appelé myomètre, et d’une cavité centrale dont les parois, tapissées par l’endomètre, se touchent.
Entre 40 et 50 ans, l’utérus a tendance à prendre des joues en même temps que sa gentille propriétaire elle, prend un peu de gras … Une fois la ménopause installée, il involue pour finir, avec le grand âge, tout riquiqui !
Bon, et le fibrome c’est quoi, alors ?
Le fibrome ou myome est une tumeur bénigne, en général arrondie, développée aux dépens du muscle utérin. Un utérus myomateux peut être porteur d’un ou plusieurs fibromes ou bien seul son myomètre est globalement épaissi.
On distingue plusieurs sortes de fibromes :
• le sous-séreux, loin de la cavité, accroché à l’extérieur de l’utérus qui ne perturbe pas les règles.
• l’intra-mural qui déforme votre utérus avec des bosses partout, toutes les tailles sont dispo, du XS au XXL ! Quant aux règles, leur abondance est variable.
• le fibrome sous-muqueux, juste sous l’endomètre, parfois pas plus grand qu’une noix mais souvent le plus pénible car il saigne la rage !
Trois points essentiels à retenir à propos des fibromes :
• Ils ne se transforment jamais en cancer
• Ils ne posent problème que s’ils saignent abondamment ou sont énormes
• Ils régressent naturellement à la ménopause
On vient de vous diagnostiquer un fibrome ? La belle affaire !
A quelle occasion ? Un examen de routine ou une échographie, une gêne dans le bas-ventre, des troubles urinaires, des saignements hémorragiques ?
La toute première chose à retenir, c’est qu’un fibrome asymptomatique – autrement dit qui ne dérange personne d’autre que le médecin qui en a fait le diagnostic – cela se traite par … le mépris ! Il suffit d’attendre tranquillement qu’il régresse à la ménopause !
Si vous trouvez que vous avez pris du ventre, ressentez une gêne pelvienne ou faites pipi trop souvent et/ou avec difficulté, n’allez pas accuser tout de suite le fibrome ! Pour qu’il ait un effet compressif, il faut déjà qu’il soit très gros, au bas mot, plus de 10 à 15 cm.
Il ne reste donc plus que le fibrome hémorragique qui mérite qu’on s’y intéresse. L’objectif n’est alors pas tant de le faire disparaître que de juguler les saignements. Pour ce faire, on commence toujours par un traitement médical.
Les traitements médicaux, du plus simple au plus sophistiqué
• les médicaments anti-hémorragiques genre Spotof* ou Exacyl* mais qui restent d’une efficacité modeste.
• l’homéopathie, en jouant sur l’équilibre hormonal avec Folliculinum 9CH les 7ème et 14ème jours du cycle et Lutéinum 5CH le 21ème jour. Pour les saignements, China Rubra 5CH, 3 granules toutes les 2 heures au moment des règles peut se révéler efficace.
• les progestatifs, soit en discontinu (15 à 20 jours par mois) soit en continu pour tenter de vous mettre en aménorrhée (plus de règles du tout). Malheureusement, certains fibromes, en particulier les sous-muqueux, s’en moquent comme de leur première serviette hygiénique
• le stérilet à la progestérone (Mirena*) qui aura une action progestative locale très appréciable, sans aucun effet général.
• les analogues de la LHRH (Décapeptyl*, Enantone*) qui vous mettent en ménopause un peu avant l’heure. Ce traitement est d’autant plus intéressant que vous êtes proches de la ménopause naturelle.
• Esmya*, nouveau traitement du fibrome en préopératoire (pour réduire sa taille et faciliter le geste opératoire), dont l’indication pourrait bientôt s’étendre à tous les fibromes y compris ceux qu’on ne compte pas opérer.
Et bien sûr, on n’oublie pas de se supplémenter en fer !
Petit rappel à ce propos. Il est bien difficile de remonter son niveau de fer avec l’alimentation à moins d’être en famille avec Dracula ! En effet, seul le fer héménique, c’est-à-dire contenu dans l’hémoglobine qui compose le sang est bien assimilable. Si Popeye est si fort en mangeant des épinards, c’est qu’il avale la boîte de conserve en fer en même temps que les précieux légumes ! Donc, corriger une anémie avec de la spiruline ou des lentilles, à moins d’en manger un camion plein, j’ai des doutes … Si vraiment vous refusez les comprimés de fer ou les supportez mal, il vous reste le steak, le foie et du boudin, encore du boudin, toujours du boudin ! Ça vaut le coup d’essayer plusieurs spécialités de fer avant de renoncer, non ? Au pire, on peut toujours vous proposer une perfusion de Veinofer* car comme disait Bourvil dans le sketch de l’eau ferrugineuse : le dire, c’est bien, mais le fer, c’est mieux !
Sur ces bonnes paroles, je vous dis à dans quinze jours pour la découverte des « delikatessen » de la chirurgie pelvienne gynécologique !
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » »]Odile Bagot est gynécologue et auteure du Dico des Nanas. Suivez la sur sa page Facebook.[/infobox]
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