Isabelle langlois, portrait de Boomeuses

Isabelle Langlois, portrait d’une créatrice lumineuse

par Arielle Granat

Isabelle Langlois la magnifique créatrice de joaillerie fête les 30 ans de sa marque. L’occasion pour les Boomeuses de republier le magnifique portrait que nous avions fait d’Isabelle. Où elle nous parle de ses créations et de son amour des pierres mais aussi , sans langue de bois, de sa vie de Boomeuse.

 

On commence 2021 avec un beau portrait de Boomeuse, celui d’Isabelle Langlois. Une femme flamboyante et pleine de vie, créatrice de bijoux de joaillerie, joyeux et solaires. Dans ce portrait, Isabelle nous parle de son grand-père, de sa passion depuis l’enfance pour les bijoux et les fleurs, de ses créations, colorées comme des bonbons. Mais aussi du bonheur et de la liberté absolue que lui donne aujourd’hui son âge et son choix de vivre en colocation.
Un portrait optimiste à lire de toute urgence.
Isabelle langlois, portrait de Boomeuses

Isabelle Langlois, une femme pétillante comme ses bijoux

Isabelle, parlez-nous de vos créations ?

Isabelle Langlois : Mes créations sont le résultat d’une culture familiale séculaire. J’aime les couleurs. J’ai grandi au milieu de tout ce qui brille, de pierres de couleurs, qu’elles soient vraies, synthétiques ou même des strass de couleurs, puisque j’avais un grand-oncle qui était un concurrent de Swarovski. La passion des fleurs et des couleurs, transposée sur des bijoux, avec des pierres de couleurs, en toute logique, je crois que c’est le résumé parfait de ce qui m’a amené à ce métier.

Racontez-nous  votre parcours ?

A 12 ans, je m’étais dit que j’allais travailler dans les bijoux. Je n’avais pas envie de couper les liens avec ma famille, notamment avec mon grand-père avec qui j’ai vécu en totale osmose jusqu’à sa mort, à mes 17 ans.
J’étais très attachée à sa personne, à son histoire et à tout ce que nous avions partagés. Il m’amenait visiter tous les lapidaires durant mes vacances d’été, on allait rencontrer ses copains au café… J’ai commencé à boire du vin blanc à 13 ans en fumant des cigarillos, grâce à lui. Je me suis entendue dire, il n’y a pas longtemps, que j’avais toujours eu beaucoup de plaisir à passer du temps avec des personnes âgées, puis j’ai réalisé que ces personnes âgées de l’époque, elles avaient mon âge aujourd’hui !
J’ai fait une école de commerce en me disant que cela servira à tout, mais j’avais toujours à l’idée de faire des bijoux, puis j’ai découvert la finance et j’ai trouvé ça génial. Et puis, en fait, j’ai effectué tous mes stages autour du bijou, et en sortant de l’école, c’était clair : la finance, non ! Les bijoux, oui !

Ce n’est pas toujours si simple de rentrer dans un métier où l’on a trop d’implication familiale. Au début, ça a vraiment failli échouer. Moi, je rêvais de travailler dans un atelier de très haute joaillerie, avec ma tante par alliance, une femme merveilleuse qui avait un atelier extraordinaire. Mais il avait l’inconvénient d’être le plus gros client de l’entreprise familiale et tout le monde trouvait que cela faisait beaucoup d’implications croisées. Heureusement, elle a passé outre et m’a gardée avec elle durant 5 années de rêves, où j’ai vu toutes sortes de réalisations plus sublimes les unes que les autres.
Ce passage dans la haute joaillerie m’a également causé une frustration, comme à toutes les femmes qui comme moi n’avaient pas les moyens de s’y acheter des bijoux. Je trouvais qu’il y avait tellement de créations dans la haute joaillerie, une telle liberté,  une telle richesse, et après on se retrouvait devant une bijouterie classique et c’était d’un ennui féroce. Je me suis donc donnée comme objectif d’offrir des pièces de joaillerie à des budgets de bijouterie.

Et après cette expérience ?

Cette expérience était formidable, mais j’étais une commerciale au départ.  J’étais responsable de grands comptes pour la haute joaillerie, Van Cleef, Hermès, Cartier, Puiforcat, Verney qui est une formidable maison qui existe encore. Dans l’entreprise où je  travaillais, il y avait trois dessinateurs et moi j’étais l’interface entre le dessin et le client. On n’avait pas affaire à un service marketing. Le service marketing, c’était l’envie qu’en avait Jacques Arpel ou Alain Boucheron. Après, c’était filtré, mais c’était très intuitif, on n’était pas du tout dans les analyses de chiffres, on était très loin de tout ça. Ça m’a permis d’être très proche de la création. Ce n’est pas moi qui dessinait, c’est clair, mais j’avais la chance d’être à l’origine et accompagnant dans le processus de création.

En 1993, j’ai eu une autre expérience très intéressante dans une entreprise qui à l’époque avait le plus grand atelier de bijouterie du monde. Donc, c’était à peu près l’autre extrême. C’était une entreprise thaïlandaise qui avait racheté une petite boîte française. Ils avaient 3500 personnes dans un atelier classique, ce n’était pas une vraie usine. On finissait quand même les bijoux à la main. C’était une famille formidable sino-thaïlandaise, grâce à qui je suis passée à la création. Je dirigeais deux dessinatrices, mais j’initiais la création et je faisais l’analyse marketing à posteriori, c’était vraiment un pont formidable.
Cela allait exactement dans le sens de ce que je voulais faire et que je fais d’ailleurs depuis que j’ai lancé mon entreprise en 1999 : c’est à dire, m’exprimer, comme dirait un artiste. Je ne suis pas une créatrice exceptionnelle, mais je crée des choses dont j’ai envie. Je voulais pouvoir m’offrir une bague à 5500 euros qui m’éblouisse de ses feux, son originalité, sa différence. Et la couleur pour ça, c’est magique !

Quelle était l’idée au départ ?

Isabelle Langlois : L’idée était de proposer des bijoux dont j’avais envie avec des gammes de prix qui soient équivalentes à des prix de vêtements chers. C’était Kenzo que j’avais en ligne de mire. Et un très beau manteau Kenzo, déjà à l’époque, ça coûtait quand même cher. Je me disais que les femmes pouvaient consacrer elles-mêmes ce budget à cet achat. Je n’étais pas partie pour leur offrir des bijoux d’investissement. L’idée était qu’elles s’offrent un bijou plus jouissif, plus léger, plus couture. Et c’est de ça dont moi j’étais frustrée. Je voulais un bijou que j’aurais pu m’acheter moi-même et qui me ferait un bonheur de joaillerie.
Mais cela m’a pris du temps, car imposer son style, c’est très prétentieux en fait ! Il faut bien le dire. J’étais d’une incroyable prétention (rires)…
Enfin, voilà, j’y croyais, j’en avais envie et j’étais sûre que je n’étais pas la seule à en avoir envie. Et j’étais sûre que quand  je commencerais à montrer ce que l’on peut faire de joaillier, de festif, de joyeux et de précieux, d’autres femmes en auraient envie comme moi. Il fallait juste leur montrer.

Comment définiriez-vous vos créations ? À qui elles s’adressent-elles ?

Précieuses, joyeuses et joaillères. Avec un parti clair très fort autour de la couleur. Moi ce que j’aime c’est faire chanter les couleurs ensemble. Le bouquet de fleurs, par excellence, c’est  vraiment ce qui m’émeut. Donc mon rêve, c’est de faire des bijoux qui ne se fanent, contrairement aux fleurs. Mais c’est vrai que c’est ça l’idée.
Mes bijoux s’adressent à des femmes indépendantes qui s’affirment et assument totalement leur propres goûts et leurs différences….

Quel est le rythme de vos créations ?

Avant, c’était 30 pièces tous les 6 mois, mais aujourd’hui, je créée une dizaine de pièces minimum tous les 6 mois. Mais je créé plus de pièces uniques qu’avant. J’ai beaucoup créé de boucles d’oreilles, je trouve que c’est le bijou qui embellit le plus, il suit d’avantage les modes, il est plus mobile. Mais j’ai vu que les femmes étaient très sensibles à mes bagues. Et puis la bague, c’est clairement un signe de pouvoir. L’anneau, la bague de fiançailles, l’anneau de l’esclave, la chevalière avec les armes… on voit bien que c’est à chaque fois sur la main, qui est le prolongement de sa volonté.

bagues colorées Isabelle Langlois

Bagues en or rose, à porter seules ou à mélanger. A partir de 1990 €

Des projets ?

Oui, grandir, vite et bien. Une sensation d’urgence, je pense que la Covid y est pour quelque chose.Une impression que voilà, on s’est installé, tranquillement, on est là, on n’est pas mort, on a passé pas mal de tempêtes… Et mon socle est bien solide, donc c’est le moment d’y construire. Il faut passer à l’étape d’après, probablement trouver des investisseurs pour plus de points de vente, peut-être, notamment à l’étranger.

C’est quoi être une Boomeuse ?

Je n’ai pas la sensation de mon âge, j’ai l’impression de rajeunir au fil du temps et mon énergie se développe de plus en plus.

Avantages et inconvénients de l’âge ?

Avantages : Alors ça c’est clair. La liberté, une fois que les enfants sont partis du nid, surtout lorsque l’on n’est plus angoissée pour eux. Car quelquefois ils sont partis du nid, mais on est pas sûr que leur voie soit bien assurée. Aujourd’hui, je suis grand-mère, et la naissance de mon premier petit-fils  a été une émotion que je n’ai jamais ressentie avant, ni de près ni de loin. J’ai eu une sensation de réalisation, et ce n’est pourtant pas moi qui l’ait porté. Il a été suivi par deux autres enfants magnifiques.
Une fois qu’on a réalisé sa vie de famille, vous pouvez devenir libre de vos choix, libre de votre façon de vivre. C’est peut-être pour ça que j’ai tellement d’énergie maintenant.
Inconvénient : Aucun. Je n’y vois aucun inconvénient. Si, un seul, inconvénient, j’ai beaucoup de copains qui prennent leur retraite et ça m’agace. Et en plus, je trouve que leur énergie baisse dès qu’ils sont à la retraite. Les hommes deviennent casaniers, la catastrophe là, c’est le monde à l’envers !

Et cette liberté, elle vous apporte quoi ?

Elle m’apporte une joie de vivre, tout bêtement. Quelquefois aussi, il peut y avoir des moments de solitude, mais finalement  quand on est libre, c’est une solitude qu’on a choisie. Quand on ne veut pas être seule, on ne l’est jamais. Légèreté de vie, serait même plus juste.

Vous vivez en colocation, racontez-nous ?

Aujourd’hui, je vis par choix en colocation. Je vis dans l’auberge espagnole et ça m’enchante, j’ai une chance folle ! Bon, je vis avec des gens que je connaissais avant, mais pas très bien, c’étaient des amis de mon frère, que je trouvais sympathique.
C’est délicieux, de se retrouver après un dîner, chacun avec un petit verre de whisky, à se raconter ce qu’on a vécu. C’est un vrai bonheur, vraiment ! Aucune pulsion pour me retrouver dans un appartement toute seule. Aucune envie. Vivre en colocation, avec en plus un couple de garçons, c’est rester dans la légèreté. On n’est pas dans les choses guindés, dans les choses convenues, on est dans le choix libre de l’amour, de sa vie que l’on vit, qu’on ne cache pas. Aujourd’hui, c’est un peu fini, mais  moi j’ai 62 ans et j’ai connu une autre époque. Je salue l’époque d’aujourd’hui, quel bonheur, de vivre avec des gens qui voient les choses un peu différemment de vous. Seulement un peu, pas trop quand même ! C’est très très sympa. Du coup, c’est un endroit très ouvert, et les amis des uns et les amis des autres y défilent. Un changement de vie radicale, mais que du bonheur.

Quelques créations d’Isabelle Langlois

Manchette en or rose avec gemmes, à partir de 1 150 €

Boucles d’oreille en or jaune, tourmalines vertes, émeraudes, topazes et diamants. A partir de 2900 €.

bijou ange

Ange en or jaune ou or rose à porter en pendentif, à partir de 490 €

 

pendentif

Pendentif en or rose à partir de 1 990 €

 

manchette Isabelle Langlois

Manchette en satin d’acier brun et or jaune, 1 990 €

29 rue Danielle Casanova
75001 Paris
Arielle Granat

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