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Babette Keller Liechti, de la joaillerie aux gants pour un démaquillage parfait, le portrait d’une résiliente 

par Arielle Granat

Babette Keller Liechti est une femme au parcours extraordinaire, malgré une enfance dévalorisée par un père qui ne l’estimait pas assez intelligente pour faire des études. Au vu de son incroyable réussite, il semble que son père se soit trompé ! 

Aujourd’hui, Babette a développé une formidable gamme de gants de démaquillage plébiscitée par les spas Dior et par  toutes les beauty addict.

Un portrait émouvant et sincère d’une femme généreuse, résiliente et énergique. 

 

Babette, racontez-nous votre incroyable parcours

Je suis née en 1963. A 11 ans, lors du choix de mon parcours professionnel, alors que je voulais être décoratrice, mon père m’a dit que j’étais trop bête pour faire des études et que je serais vendeuse de chaussure comme ma mère !

A 17 ans, je suis tombée amoureuse d’un homme et je suis partie avec lui, sac à dos en Chine. A notre retour, nous nous sommes mariés et j’ai eu mon premier enfant. 

A l’époque, j’étais passionnée de couture et d’horlogerie. Un jour, mon père qui travaillait dans l’horlogerie m’a parlé de leurs besoins de textiles spécifiques pour protéger les montres. À l’époque, il n’existait rien d’autre que des peaux de chamois pour répondre à cette demande. 

C’est ainsi que j’ai commencé, la nuit, après avoir couché mes deux enfants, à fabriquer des sachets en coton destinés à protéger les têtes de montre. Breitling a été mon premier client : ils m’ont commandé 1 000 pièces, puis 2 000 l’année suivante, et enfin 5 000 !

J’ai alors décidé d’investir dans une machine à coudre et ai sollicité le banquier de mon mari, enseignant de profession, afin de demander un emprunt.  Sa réponse a été cinglante : « Ma chère Madame, vous avez déjà deux enfants et vous voulez lancer une entreprise… Je suis au regret de vous dire que votre place est plutôt dans votre cuisine ! » 

Décidée,,j’ai convaincu mon mari de changer de banque, et j’ai acheté ma machine grâce à un paiement différé de 60 jours, que j’ai honoré avec succès.

Ma chère Madame, vous avez déjà deux enfants et vous voulez lancer une entreprise… Je suis au regret de vous dire que votre place est plutôt dans votre cuisine ! » 

C’est à ce moment-là que Breitling m’a demandé si je pouvais concevoir des serviettes spécifiques pour l’horlogerie. Comme à mon habitude, j’ai commencé à travailler la nuit. Cependant, le tissu utilisé, une exclusivité de l’horlogerie suisse, posait problème : il encrassait ma machine et ralentissait ma production.

Une microfibre géniale

Déterminée à trouver une meilleure solution, j’ai cherché un matériau de substitution et découvert une microfibre composée à 50 % de polyester et 50 % de nylon. Cette matière, à la fois douce et efficace, était idéale pour répondre aux besoins du secteur.

Grâce au bottin de l’horlogerie, j’ai contacté les 200 plus grandes marques, dont Vacheron, Cartier, Hermès, Rolex, Boucheron et Patek Philippe à qui j’ai envoyé des échantillons du tissu accompagnés du message suivant : « Touchez-moi, essayez-moi, appelez-moi. Signé Babette. »

Et j’ai reçu 200 commandes !

Après avoir obtenu l’exclusivité de ce produit pour la Suisse, je l’ai également eue pour l’Europe, puis, depuis 20 ans, pour le monde entier. Aujourd’hui, nous comptons plus de 4000 clients dans les domaines de l’horlogerie, de la joaillerie et de la bijouterie.

Une vie personnelle bien remplie

Parallèlement à ma vie professionnelle, j’ai eu quatre enfants. En 1993, j’ai officiellement lancé ma société. Cependant, en 1995, un grave accident de la route m’a mise dans l’incapacité de travailler pendant plus de quatre ans. Ne pouvant plus coudre moi-même, il me fallait trouver des mains pour assurer la production.

C’est alors que je me suis tournée vers un atelier employant des personnes en situation de handicap, capable de réaliser un travail répétitif, précis et soigné. J’ai collaboré avec cet atelier pendant plus de trois ans, ce qui m’a permis de maintenir et même de faire évoluer ma société malgré cette épreuve.

Cet accident a marqué la première grande épreuve de ma vie. Pourtant, il m’a aussi offert une nouvelle perspective, et j’ai finalement pu embaucher mon propre personnel. Fidèle à mes convictions, j’ai choisi d’aider des femmes en difficulté : je n’ai recruté que des femmes divorcées avec des enfants, car je comprenais parfaitement les défis qu’elles devaient affronter. Cette approche est devenue un véritable credo pour moi.

En 2009, j’ai eu l’honneur de recevoir le prestigieux prix Veuve Clicquot. Pour figurer parmi les lauréates, il fallait remplir plusieurs critères : avoir fondé seule sa propre entreprise, réaliser un chiffre d’affaires supérieur à 3 millions de francs suisses, faire preuve d’audace et s’impliquer activement sur le plan social.

À cette époque, mon engagement social était concret et significatif. Je siégeais au comité de direction d’une fondation dédiée à promouvoir la responsabilité sociale au sein des entreprises, contribuant ainsi à des initiatives porteuses de sens.

Mais en 2009, on m’a diagnostiqué une maladie terriblement douloureuse : le cluster headache (ou algie vasculaire de la face). Cette maladie rare, qui touche environ 1 personne sur 100 000, est décrite par l’Ordre des Médecins comme l’une des douleurs les plus insupportables en période de crise, comparable à l’arrachement d’un membre sans anesthésie.

Résilience, humilité, résistance et combat

Cette maladie m’a appris la résilience, l’humilité, la résistance, le combat, la patience, la générosité et la bienveillance. Même s’il m’a fallu beaucoup de temps pour cet apprentissage. 

En Suisse, nous avons la possibilité légale de mettre fin à nos jours, et en 2016, j’avais pris cette décision. Je subissais chaque nuit cinq crises de 50 minutes. Chaque nuit était une guerre, et cette survie m’était devenue insupportable.

C’est alors qu’en 2016, j’ai croisé la route d’un Maître Reiki. Il m’a tenu des propos qui ont profondément changé ma perspective : « Remerciez la maladie qui nous tient. » Ces mots m’ont d’abord semblé inconcevables. Mais après trois jours de réflexion, j’ai fini par les accepter. J’ai alors prononcé ces paroles libératrices : « On va apprendre à vivre ensemble. J’accepte que tu sois avec moi. »

Ce même jour, j’ai commencé à pratiquer le Reiki, un chemin qui m’a menée jusqu’au niveau 3, me permettant aujourd’hui de soigner les autres. Parallèlement, j’ai entamé une profonde introspection pour mieux me comprendre, mettre des mots sur mes sentiments et mes émotions, et cheminer vers un mieux-être. C’est à partir de ce moment-là que j’ai appris à me respecter, à écouter mes besoins et à me reconnecter à moi-même.

La naissance du gant 

Et c’est ainsi que le gant est né. Ma maladie provoquait un écoulement constant de mon œil gauche, et pour me démaquiller, j’utilisais un démaquillant biphasé. Un matin, j’ai dit à mon mari : « Tu te rends compte ? Je nettoie les métaux précieux des montres les plus prestigieuses, et pourtant, je ne trouve pas un moyen non agressif et respectueux de la planète pour me démaquiller ! »

En 2018, j’ai donc développé un petit gant, le Nude, doté d’un pouvoir exceptionnel.
Pour recueillir des avis sur mon gant, j’ai souhaité connaître l’opinion des femmes. J’ai donc recruté des ambassadrices à travers toute la Suisse, qui ont organisé des présentations de type « tupperware » pour tester le gant sur la peau de femmes de tous âges et de toutes catégories sociales. Résultat : 95 % des participantes étaient ravies, tandis que 5 % ont trouvé le gant trop abrasif. Pour répondre à cette demande, j’ai donc créé le  Fluffy Nude, une version qui allie la douceur du Pluffy à l’efficacité du Nude.

Mon gant capte les impuretés à l’intérieur de son tricot et les y retient. Je me suis inspirée des serviettes d’horloger, conçues pour emprisonner la poussière dans la fibre et non en surface. Ce gant  qui s’utilise avec de l’eau (ou du démaquillant) ne se limite pas au démaquillage ; il agit également en profondeur pour nettoyer les pores de la peau. Pour les femmes de 50 ans et plus, qui souhaitent atténuer l’apparence des pattes d’oie, il offre un réel bénéfice : en désincrustant les rides, il aide à illuminer le regard et à raviver l’éclat naturel de la peau.

Aujourd’hui, pour ma plus grande fierté, mon gant est utilisé dans tous les spas Dior.
La Maison Dior incarne à mes yeux l’audace, les valeurs et l’innovation, des qualités qui résonnent profondément avec mon parcours et ma vision. 

Après tout ça, avez-vous encore des projets ? 

Mon projet est de développer le gant Fluffy Nude en 100 % recyclé, mais avec du véritable recyclage. Aujourd’hui, tout le monde se revendique du recyclage, mais quand on gratte un peu, on se rend vite compte que pour recycler les textiles, on y ajoute tellement de produits chimiques qu’en réalité, rien n’est véritablement recyclé. C’est pourquoi je tiens à proposer un produit qui soit authentiquement respectueux de l’environnement.

Je veux que chaque femme puisse s’offrir un produit qui, même utilisé uniquement avec de l’eau, lui offre un véritable nettoyage et un soin de qualité pour sa peau, sans avoir à recourir à des produits nocifs et des contenants en plastique. Pour moi, c’est une évidence. Cela concerne 4 milliards de femmes à travers le monde.

Je travaille aussi sur un bandeau large en Fluffy, déjà utilisé par Dior, conçu pour ne pas abîmer le brushing lorsqu’on se fait un soin de peau. 

En tant que maman de 4 enfants et grand-mère de 9 petits-enfants, je me suis engagée à ne développer que des produits qui sont en parfaite harmonie avec le monde dans lequel nous vivons. L’avenir de nos enfants et de la planète est une priorité pour moi, et cela guide chacune de mes créations.

Babette, avoir 60 ans aujourd’hui cela signifie quoi ? 

Que l’âge est dans notre âme, mais ce n’est que ces dernières années que j’ai commencé à le comprendre.
Pendant 40 ans, j’étais dans l’insouciance et me suis amusée. Entre 40 et 60 ans, j’ai davantage pris conscience de certaines choses, mais à 60 ans, ma vision a évolué. Et aujourd’hui, je comprends les choses à un niveau différent. 

Les avantages et inconvénients de la soixantaine ? 

Inconvénients :
Vieillir, les plis du corps, les rides, le sommeil, la perte parfois d’énergie. Devoir faire attention à ce que l’on mange et  à sa santé évidemment qui devient une priorité. 

Avantages

Avoir la permission de baisser les barrières qu’on s’est mises tout au long de notre vie. 

Et pour finir, un conseil  ?

Danser et faire plein de choses que font les jeunes !
Et surtout sourire, sourire ! Je suis toujours souriante et je je pense que ça fait du bien à mes lèvres et au monde qui m’entoure !

Babette Switzerland – Un gant tout doux, pour un démaquillage zéro déchet

Comment utiliser les gants pour se démaquiller ?
Une fois le gant humidifié, je commence par le passer sur mes yeux, puis après l’avoir rincé, je l’utilise sur l’ensemble de mon visage en massage en utilisant bien toute sa surface. Aucun maquillage, qu’il s’agisse de fond de teint, d’eyeliner ou de mascara, ne lui résiste. En une minute, il offre un nettoyage à l’eau et un démaquillage en profondeur. Celles qui préfèrent  peuvent également l’utilser avec avec un produit démaquillant

Après son utilisation, rincez le bien et le lavez à 60°C.
La durée d’utilisation du gant pour la routine beauté est de deux ans, après quoi il peut être recyclé pour l’entretien de la maison.

Les différents gants de la gamme :Fluffy mini, pour les peaux ultra sensibles
Fluffy mouffle pour le visage et le corps
Nude, gant exfoliant visage et corps
A partir de 25 € en vente sur le site Babette et chez Sephora

Arielle Granat

 

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