Petit tour des stations thermales de l’Allier, de la Creuse et de la Saône-et-Loire. Si chacune affiche ses propres orientations thérapeutiques, toutes s’efforcent de plus en plus de conjuguer médecine thermale et plaisir.
La réputation de Vichy et de ses neuf sources d’eau naturelle n’est plus à faire. Cela n’empêche pas les établissements de la ville de poursuivre leur mue. Ils se sont dotés d’une marque commerciale « VY resort thermal ». Son directeur général, Patrick Venet, pointe « le clin d’œil entre le sigle VY et vie » et la tendance à la personnalisation des soins. VY resort thermal comprend trois établissements : les thermes Callou, en cours de rénovation, les thermes les Dômes et le Vichy Célestins thermal spa. Deux tendances fortes se dégagent, dixit Patrick Vernet. « La prédominance de la rhumatologie. Elle concerne 80 % des séjours santé. Et la forte fidélisation ». Il précise : « Un client qui franchit la porte de nos établissements revient en moyenne pour une durée de dix ans ». L’accueil convivial des agents des thermes et la qualité des soins n’y sont pas pour rien. Nous testons d’eux d’entre eux. D’abord, une spécialité locale, l’enveloppement de boue à base de kaolin. « Ses vertus sont avérées, souligne Myriam. Les applications d’une dizaine de minutes soulagent en particulier les articulations douloureuses ». Avis aux candidat(e)s à l’arthrose. Ensuite, un massage à deux mains – parfois à quatre mains – sous une chaude pluie d’eau thermale. Réellement décontractant. Non loin, des patients soulagent les douleurs des mains et des pieds en les plaçant dans une étuve ou l’eau circule à 44°.
Massage à 4 mains © Marielsa Niels
Il est un autre atout de Vichy. Les curistes conventionnés, qui séjournent dans la ville pour une durée de 18 jours, apprécient aussi la localisation des établissements en centre-ville. Elle permet de profiter plus aisément des animations culturelles (séances de théâtre, concerts, visite du quartier des villas Belle époque,…).
Affections psychosomatiques
Direction Néris-les-Bains, toujours dans l’Allier. « L’une des spécificités de nos eaux, indique Frédérique Briat, infirmière, est sa forte teneur en lithium qui est un régulateur de l’humeur ». « Nos eaux aux vertus antalgiques, sédatives et équilibrantes, ont prédisposé de longue date à nous intéresser aux affections psychosomatiques », prolonge le directeur des thermes, Jacques Burille. Il s’agit plus d’accompagnement que d’un traitement curatif. Parmi les nouveautés de l’année, un programme burn out.
Dans l’attente des soins ©Yves Hardy
Des séances de relaxation, réflexothérapie, et musicothérapie créent un environnement propice à la détente et à l’élimination du stress. Des programmes particuliers de soulagement des douleurs et de mobilisation de groupes de paroles, animés par un sophrologue, sont également conçus pour des patient(e)s atteints de fibromyalgie, ou développant les premiers symptômes de Parkinson ou de sclérose en plaques. Les aidants sont invités à participer à ces groupes.
Bain relaxant ©Marielsa Niels
Parallèlement à cette orientation, Néris-Les-Bains s’efforce de répondre à la demande de bien-être. « Ce n’est plus un gros mot dans les milieux du thermalisme », confirment tous nos interlocuteurs. Le spa, alimenté à l’eau thermale comme à Vichy, a ainsi fêté ses dix ans, manière de souligner que la démarche thermoludique est loin d’être oubliée.
Parmi les nouveautés de l’année, un programme burn out
Jacques Burill remarque qu’un autre thème à résonance écologique fait l’objet de réflexions : « Comment réduire la consommation d’eau dans le thermalisme ? Tous les projets de rénovation et de renouvellement des équipements comme les baignoires intègrent ces données ».
Phlébologie et gynécologie
Incursion dans la Creuse, aux limites de l’Allier, à Evaux les Bains, petite ville de 1300 habitants. La station à dimension humaine est posée dans un cadre bucolique. Là, les bienfaits des soins thermaux sont en particulier orientés vers la phlébologie. La cure permet d’améliorer les troubles circulatoires des membres inférieurs. Elle exerce aussi une action cicatrisante sur les ulcères de jambe. Nous testons la douche Kneipp. Assis dans une cabine, nous recevons des projections successives d’eau thermale chaude puis froide sur les mollets et les cuisses. Au terme de plusieurs cycles de cette version de « la douche écossaise », nous ressentons une indéniable sensation de légèreté.
En gynécologie, précise Eugénie Ogar, la directrice des thermes, « des bains avec irrigation vaginale sont pratiqués en baignoire et nous nous efforçons aussi de soulager les douleurs pelviennes, tout comme les conséquences pénibles de la ménopause ». Enfin, la station s’est dotée d’un thalaxion, machine autorisant des compresses thermales au niveau du thorax. Son usage est recommandé lors des soins post cure d’un cancer du sein.
Maladies cardio-artérielles
En Bourgogne du Sud, la station de Bourbon-Lancy, outre la traditionnelle rhumatologie, s’est notamment spécialisée dans les cures des maladies cardio-artérielles (MCA) comme la maladie de Raynaud ou l’artérite des membres inférieurs. Objectif de la cure : créer une vasodilatation et faciliter la circulation du sang. Pas étonnant alors que la piscine comporte un couloir de marche où les curistes progressent contre des courants d’eau thermale.
De notre côté, nous expérimentons les douches pénétrantes et les douches immersion en piscine, ainsi que des cataplasmes, mélanges d’argile verte et d’eau thermale apposés sur les cervicales et les lombaires. Effet décontractant garanti. Benjamin Monssus, le président du groupe thermal de Bourbon-Lancy commente les réformes en cours comme la concentration des soins en matinée. « Notre motivation première, dit-il, est la qualité de prise en charge des curistes. Leur proposer des soins qui se suivent et éviter les attentes entre deux thérapies ». Là aussi, le groupe s’est doté d’un espace bien-être spécialisé dénommé Celtô. Le temps d’un tour des installations très complètes entre spa et salle de cardio-musculation fitness, et nous nous adonnons à une séance d’acupression en nous allongeant pour quelques exercices sur un tapis doté de points de pression.
Au total, les quatre centres thermaux visités associent tous les vertus de l’eau à la mécanique des soins, mais ils se diversifient. Ils proposent des orientations thérapeutiques pointues, tout en invitant les curistes à « lâcher prise » et à se faire plaisir. On suit la consigne bien volontiers.
Pratique
Y aller. En train. Paris (Bercy) – Vichy en moins de 3 heures, puis voiture de location.
Y loger et y manger. Plusieurs établissements comme Vichy ou Evaux-les Bains développent « l’esprit resort » en regroupant soins, hébergement et restauration.
La plupart des stations thermales sont ouvertes de début avril à fin octobre, mais celles de Vichy affichent la plus forte amplitude : du 27 janvier au 17 novembre 2024.
En savoir plus. Consulter le site www.auvergne-thermale.com, ainsi que ceux consacrés à chaque station thermale, sans oublier celui des « volontaires du bien-être extrême » : www.lesaccrosdupeignoir.com
Yves Hardy
Photo de Une, Evaux les bains ©Yves hardy
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