Corinne Vincent est une coiffeuse comme on en rencontre peu, qui parle avec philosophie des cheveux blancs. Elle a ouvert il y a un an le joli salon Le moment présent dans la très chic rue de Bourgogne.
On se sent tout de suite à l’aise dans ce lieu, sans chichis, où l’accueil est chaleureux et ou chaque coiffeur travaille avec sa propre personnalité, sans égo démesuré. L’équipe est composée de Christian, coiffeur féru d’opéra, de cinéma et de gastronomie, de Jean-Luc, coiffeur, coloriste, maquilleur et peintre, et de Laurence, coloriste passionnée. Dans la bibliothèque qui orne l’un des murs du salon, pas de journaux mais des livres sur le développement personnel – la passion de Corinne – et le livre « Le Pouvoir du moment présent » d’Eckhart Tolle, qui a donné le nom au salon.
Un salon ou le bien-être est le maître-mot
Corinne est coiffeuse depuis plus de 30 ans, elle a travaillé dans de grands salons (Jean-Claude Gallon, Bleu comme bleu, Michel Brosseau) avant d’ouvrir Le moment présent, où bien-être, authenticité et rigueur dans le travail sont les maîtres mots de son lieu. Corinne maîtrise avec art la coupe, qu’elle fait à sec (si les cheveux le nécessitent) et qu’elle travaille telle une sculpture. C’est ce qu’elle a fait avec minutie et précision dans ma chevelure épaisse, que peu de coiffeurs savent couper comme il le faut ! Mais au delà de sa maîtrise des ciseaux, Corinne est une femme bienveillante, passionnée par la connaissance de soi et qui en a fait un art de vivre au quotidien. Selon elle, on ne peut (bien) couper les cheveux sans ce regard bienveillant.
L’occasion de lui demander de nous parler des femmes et des cheveux blancs
Les Boomeuses : Est-ce que selon vous, il y a des coupes spécifiques à 50 ans ?
Corinne Vincent : Non, et c’est un vrai choix de vous dire non. Parce que d’expérience, à 50 ans ,des fois on laisse pousser ses cheveux, des fois on les raccourcit. J’ai chassé toutes les idées préconçues et les préjugés par rapport à ça. Et je travaille vraiment avec la cliente pour voir ce qu’elle souhaite.
Quelles sont les envies des femmes de 50 ans dans votre salon ?
En fait, ça dépend vraiment de leur vécu. Souvent 50 ans, c’est un âge un peu charnière. J’associe toujours la coiffure au vécu des gens, la chevelure, c’est un lien entre ce qu’on est « à l’intérieur » et l’image que l’on veut donner de soi-même. Quand vous avez un changement intérieur, ça se projette toujours à l’extérieur.Certaines femmes désirent alors changer, d’autres moins. 50 ans, c’est comme une fin de cycle chez certaines personnes, les enfants sont grands, élevés ou partis. Un âge ou l’on se pose aussi plein de question sur soi-même. Comme toutes fin de cycle, cela entraîne aussi de grands changements, des remises à niveau… J’ai remarqué que souvent, les dizaines entraînent souvent des fins de cycles. On a effectivement, à 50 ans, des demandes de changements de coiffure.
Et elles vous demandent quoi ?
Il y a des femmes qui souhaitent plus retourner dans le naturel ; par exemple, si elles se coloraient les cheveux depuis des années, elles désirent quelque chose de plus naturel.
A 50 ans, il y a aussi l’apparition des cheveux blancs. Là aussi, il y a différentes façons d’appréhender les choses. Il n’y a pas de généralité à faire, on travaille vraiment avec la cliente.
Le retour au naturel ne veut pas dire, pour tout le monde, avoir des cheveux blancs. Aujourd’hui ,on a la chance d’avoir un choix de méthodes et de produits qui peuvent aussi entraîner une vraie créativité. On ne fait plus la même chose à tout le monde. Il y a des balayages avec des couleurs qui couvrent les cheveux en transparence, et on peut aussi faire un mélange de couvrement et de balayage. Il y a des solutions multiples et parfois, on trouve la solution sur le moment.
Ce n’est pas forcément quelque chose que vous avez déjà fait, mais vraiment en adéquation avec la cliente.
Quand on opère des changements importants, il est fondamental de créer une intimité et une relation de confiance avec la cliente. Dans ce climat, vous êtes plus à même de trouver la couleur adaptée à la façon dont la personne vit.
Et les cheveux blancs, vos clientes assument ou pas ?
Notre rôle, c’est aussi de les aider à les garder si c’est leur souhait. Ce qui perturbe, ce n’est pas d’avoir des cheveux blancs, mais le sens que vous donnez au cheveux blancs, signe de vieillesse.J’ai une vision du cheveu blanc un peu différente. Selon moi, c’est un signe de sagesse. Dès l’instant où vous commencez à vous accepter, vous pouvez faire un vrai choix, celui de vous colorer les cheveux. Mais la façon dont vous vous colorerez les cheveux n’aura pas la même consonance si vous cherchez à les cacher. Ce sera pour créer une harmonie, un style, mais pas la conséquence d’une peur de vieillir…
Quels conseils « capillaires » donneriez-vous aux femmes de 50 ans ?
Un conseil que je me donnerais à moi-même, au niveau capillaire, c’est d’oublier tous les préjugés et idées préconçues sur les femmes de 50 ans, qui limitent le champ d’action. Lâchez tout ça ! Et démarrez sur une base neuve.
En ce moment, par exemple, j’ai deux clientes qui essayent de retrouver leur couleur naturelle, c’est à dire blanche. Ce n’est pas anodin, parce qu’on doit passer par plusieurs étapes, mais ça nous fait développer notre créativité. On trouve des solutions, pas forcément existantes au préalable de couleurs. Et ça c’est super ! Du coup, les clientes viennent pour retrouver leur couleur naturelle et à l’arrivée elles se retrouvent le cheveu à moitié coloré et à moitié blanc, et si on associe une coupe qui a du style, elles se retrouvent avec quelque chose qui a beaucoup de personnalité et qui leur plaît. Dans certains cas, quand on arrive à faire passer le cap du cheveux blanc à la cliente, il ne devient plus « gênant ». Ce qui est gênant, c’est quand on commence à avoir un peu de cheveu blanc. Un cheveu qui n’est pas encore vraiment blanc est terne, avant de blanchir, il est gris.
Sur les cheveux gris, on peut faire des jolis cheveux blancs/ blonds, on va apporter une certaine blondeur un peu nacrée à la personne. Et ça, les clientes peuvent le refaire par goût et non par besoin. Du coup, la façon d’aborder le cheveu blanc devient plus légère.
50 ans, c’est aussi la période des changements positifs. J’ai une cliente qui a les cheveux frisés et qui s’est fait des brushings toute sa vie. A 50 ans, on a réussi à lui faire accepter son cheveu naturel, et elle se sent bien avec.
Le moment présent
58, rue de Bourgogne, Paris 7e.
Tél : 01 47 05 49 05
Shampoing, coupe et brushing, 100 €
Propos recueillis par Arielle Granat
3 commentaires
En effet, on doit se sentir en confiance dans ce salon ! Aller chez un coiffeur, c’est se livrer corps et âme et on peut ressortir démoli…
Oui, Corinne et tous les coiffeurs sont vraiment à l’écoute. C’est vraiment agréable
Bonsoir
J’ai fait le choix des cheveux blancs… mais combien de Coiffeurs ont voulu me les colorer!!!
C’est bon de voir des coiffeurs qui acceptent que leur cliente souhaite faire ce choix!!!