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Dans ce court récit, Coeur ouvert (Flammarion), Elie Wiesel, à l’approche d’une opération à coeur ouvert, évoque la mort qu’il sent venir. Et s’interroge sur sa vie. À 84 ans, alors qu’il a survécu aux camps et qu’il a voué toute son existence à la transmission, le prix Nobel de la paix se demande s’il a fait tout son possible pour exercer pleinement son rôle de messager de la mémoire.
A t’il accompli son devoir de rescapé ? A t’il su transmettre ? En a t’il transmis trop, ou au contraire pas assez ? A t’il utilisé les mots justes pour parler de l’indescriptible et porter la mémoire des victimes.
Au moment où l’écrivain sent la mort rôder, il se remémore sa jeunesse et ses études à la yeshiva, et se demande s’il a suivi le conseil d’un sage talmudique « Il t’incombe de vivre comme si tu devais mourir le lendemain ».
Et que répondra-t’il à l’ange de la mort qui viendra l’interroger ? Est-on jamais prêt à mourir ? Alors que philosophes grecs et maîtres hassidiques affirmaient avoir passé leur vie à se préparer à la mort, Elie Wiesel choisit la tradition juive qui sanctifie la vie et non la mort.
Ce sage à l’infinie bonté parle également, à l’heure du bilan, de son rapport avec Dieu. Comment peut-on rester un juif pieux après avoir survécu à la Shoah ? À cette question, qu’il n’a jamais cessé de se poser depuis son retour des camps, il apporte un début de réponse que chacun méditera. Mais ce livre est aussi une très belle déclaration d’amour : à sa famille disparue pendant l’Holocauste (son père, sa mère, sa petite sœur), à Marion, sa femme depuis 42 ans, et à son fils Elisha.
En tournant la dernière page de ce récit, on reste bouleversé, avec une envie. Relire son premier livre, La Nuit.
Arielle Granat
En 2011, Elie Wiesel, Prix Nobel de la paix qui vient de mourir à 87 ans, publiait son dernier livre, Coeur ouvert. Un récit testament à redécouvrir aujourd’hui.
Dans ce court récit, Coeur ouvert (Flammarion), Elie Wiesel, à l’approche d’une opération à coeur ouvert, évoque la mort qu’il sent venir. Et s’interroge sur sa vie. À 84 ans, alors qu’il a survécu aux camps et qu’il a voué toute son existence à la transmission, le prix Nobel de la paix se demande s’il a fait tout son possible pour exercer pleinement son rôle de messager de la mémoire.
A t’il accompli son devoir de rescapé ? A t’il su transmettre ? En a t’il transmis trop, ou au contraire pas assez ? A t’il utilisé les mots justes pour parler de l’indescriptible et porter la mémoire des victimes.
Au moment où l’écrivain sent la mort rôder, il se remémore sa jeunesse et ses études à la yeshiva, et se demande s’il a suivi le conseil d’un sage talmudique « Il t’incombe de vivre comme si tu devais mourir le lendemain ».
Et que répondra-t’il à l’ange de la mort qui viendra l’interroger ? Est-on jamais prêt à mourir ? Alors que philosophes grecs et maîtres hassidiques affirmaient avoir passé leur vie à se préparer à la mort, Elie Wiesel choisit la tradition juive qui sanctifie la vie et non la mort.
Ce sage à l’infinie bonté parle également, à l’heure du bilan, de son rapport avec Dieu. Comment peut-on rester un juif pieux après avoir survécu à la Shoah ? À cette question, qu’il n’a jamais cessé de se poser depuis son retour des camps, il apporte un début de réponse que chacun méditera. Mais ce livre est aussi une très belle déclaration d’amour : à sa famille disparue pendant l’Holocauste (son père, sa mère, sa petite sœur), à Marion, sa femme depuis 42 ans, et à son fils Elisha.
En tournant la dernière page de ce récit, on reste bouleversé, avec une envie. Relire son premier livre, La Nuit.
Arielle Granat