Self-bashing versus self-loving

par Dominique Mallié

Self -bashing versus self-loving ….

Self bashing ou self loving-les Boomeuses

A l’heure où on en est à se demander si c’est mieux d’écrire « oignon » avec un « i » ou juste « ognon » et « nénuphar » avec un  «f», toutes questions qui montrent à quel point tout le reste – nos problèmes existentiels, nos soucis de ménopause, de rides – sont secondaires… et c’est vrai que, pour ce qui me concerne ça m’a fait rigoler une journée entière, et juste pour ça, cette réforme, elle a du bon ; et bien à cette heure là, je découvre, et je reste sur la langue, comme quoi j’ai de la suite dans les idées, qu’on pratique le « self-bashing » …
Curieuse comme je suis, je me dis c’est quoi (encore) ce truc… car je connaissais, pour l’avoir pratiquer étudiante, le self du R.U. (restaurant universitaire), le self- control (difficile dans certaines situations), le self-service, mais le self- bashing ?… Qu’on ne se méprenne pas, nous autres, la cinquantaine dépassée, mais pas pour autant dépassées, nous nous tenons au courant de l’évolution du langage, nous pratiquons tous azimuts le pull » oversize », restons  » glam » en toutes circonstances, trouvons tout  » cool » , et même depuis peu, on est devenues accro au « selfie » avec ou sans la canne,  bref, les anglicismes n’ont pas de secret pour nous.
Donc le  » self-bashing » c’est une sorte d’autoflagellation, c’est par exemple quand on dit qu’on est grosses, qu’on est nulles en brushing, en cuisine, en notre job, en organisation, planification, quand on se trouve vieilles et vilaines, mal attifées et j’en passe et qu’on le crie sur les toits :

non, mais qu’est ce que je suis moche !, tiens sur une échelle de 1 à 10,  je suis 8 en mocheté aujourd’hui !

Voilà, ça c’est le self- bashing. On se fout de nous mêmes, et ça entraine  » la self- rumination » qui précède  » la self- dépression » alors comment retrouver  » la self- estime » ?
La self -estime, c’est pas difficile, il suffit de regarder ce qu’on fait super bien … par exemple, moi, qui écris pour vous (mais aussi pour moi, pour mettre mes idées au clair), je suis nulle en cuisine, mais archi bonne en cuisson de surgelés, ce qui est une forme de cuisine, et ça me permet de découvrir des « cuisines d’ailleurs », ma couleur de cheveux est approximative en ce moment, oui, mais ça veut dire que je suis tip top en économie-coiffeur, j’essaye de rester sereine quand je me vois dans un miroir et ne pas me demander « qui est cette vieille femme ? », je pratique la bienveillance et je me dis que si j’ai des rides autour des yeux c’est parce que je ris beaucoup et si j’ai le teint qui vire  à l’endive, c’est que  j’écris tard le soir et que donc je suis créative. On peut donc pour arrêter de « se foutre la bâche » comme on disait ado, tranquillement s’auto évaluer sous un autre angle … J’ai les yeux cernés, oui, mais en matière de sexe en ce moment je suis une vraie bombe … vous voyez le truc, je pense. Retrouver l’estime de soi, c’est être sa propre maman quelque part.
Donc au lieu de s’auto-casser à longueur de journée, laissons les autres le faire, et prouvons nous à nous mêmes que nous ne sommes pas les vilains poux que nous disons être mais des « boomeuses formidables » !
 
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » Dominique Mallié, blogueuse nous livre chaque mercredi sa vision de cinquantenaire sur des sujets qui la touchent, l’émeuvent ou la font s’interroger sous la forme de chroniques au ton décapant. Elle tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. »][/infobox]
 
Lire aussi : Avoir de la fesse
 

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5 commentaires

matchingpoints 24 février 2016 - 9h21

Bien sûr que nous sommes formidables … 🙂

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Chantal C. 25 février 2016 - 12h09

Un seul moyen pour résister à cette « mode » impérieuse : RESISTER ! Parce que même dans le milieu pseudo-intello parisien (que je connais fort bien), être un OVNI en refusant cette tendance, en fait … c’est très tendance 🙂 En fait, je plaisante … quoique …. à moitié. Je me refuse à adopter cela.
De même qu’en matière d’OVNI, je me suis toujours refusée à embrasser quelqu’un que je rencontre pour la première …. ou xème fois ! Et pourtant dans le milieu socio-professionnel de mon époux, tout le monde s’embrasse, hommes entre eux comme femmes entre elles …. Et j’aime beaucoup, mais alors beaucoup, la tête de ceux à qui on tend sa main, même avec un sourire ….
Parce que franchement, le tutoiement et les bisous d’emblée, que reste-t-il pour ceux que nous apprécions vraiment ? Hein ?

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dominique mallié 26 février 2016 - 21h39

je suis tout à fait d’accord Chantal, moi aussi ça me pèse de faire la bise à tout va.. surtout qu’ici c’est trois, on en finit plus.. et rien ne fait sens, car comme vous j’aimerais pouvoir la faire avec une vraie intention cordiale, amicale, et non comme un geste machinal..
Serrer la main c’est aussi à mon sens un joli geste car on peut y mettre une intention appuyée en trainant un peu dans la main de l’autre …
Toutes ces convenances qui jaillissent çà et là nous font nous sentir dans l’obligation de .. Vous avez raison d’affirmer votre attitude envers et contre tout et tous …

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Chantal C. 25 février 2016 - 11h19

Mais pourquoi diable faut-il toujours mettre des mots compliqués sur une expression très simple à dire (mais pas forcément à adopter), à savoir l’estime de soi comme vous l’indiquez à la fin de votre article ? Dites-moi, je suis curieuse ….
L’estime de soi …. vaste sujet ! Mais en fait, comme en tout, il me semble que nous naviguons très souvent au fil de nos sensations, de nos jours bons ou mauvais. Un rayon de soleil, un sourire, un mot tendre, et pffffffffffft …. envolé ce ressenti de n’être bonne à rien, plus nulle que nos voisines ou collègues. On fait souvent que ce que l’on peut, en fonction de nos vécus. Et sauf à avoir vécu avec des pervers narcissiques, des parents indignes et j’en passe, je pense que l’on a la capacité, après s’être bien dévalorisée un certain temps, à se dire qu’effectivement nous avons des qualités et des carences. Et que l’on essaie en permanence de conserver un équilibre entre les deux.
Difficile de naviguer entre mégalomanie et dévalorisation. Il me semble que l’on doit bien de temps à autre, passer par ces deux phases. Juste que parfois les événements ne nous aident pas à faire la part des choses.
Parce que la seule personne qui se connaît bien et qui a le devoir de s’aimer (afin d’aimer les autres), c’est soi-même. Et si les autres n’ont pas la même opinion, en fait, c’est leur problème, leur ressenti, qui ne concerne qu’eux. Et pas nous !

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dominique mallié 25 février 2016 - 12h02

c’est très juste chantal, et ça m’a amusée, comme vous le dites cette tendance grandissante d’aller chercher des mots en anglais pour désigner une attitude, un mouvement, une tendance …. et si on veut être tendance dans un certain milieu essentiellement parisien d’ailleurs, il faut adopter ce langage ..
finalement le sujet de cette chronique est davantage ça,le langage, que le fait de s’autoflageller car je crois que, pour nous, femmes de nos générations, on est plutôt dans la tendance inverse à savoir qu’on se trouve vraiment formidables et à juste titre … ( même pas les chevilles qui enflent :))

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