Se faire dépister ou se faire pister

par Dominique Mallié

Se faire dépister ou se faire pister ? 

se faire depister ou se faire pister-Les boomeuses

Moi qui vous parle, ou plutôt écris (régulièrement), je viens de traverser une grosse période d’angoisse … Alors, voilà qui m’a donné à penser et je me suis dit que ce qui arrive à l’une arrive à l’autre, voire aux autres puisque vous êtes nombreuses à me lire…
Le dépistage, passé la cinquantaine, il remplit notre boite aux lettres avec les factures diverses, et on peut pas dire que ce soit réjouissant voire jouissif. J’aimais mieux le temps où je recevais de vraies lettres par la poste, enfin, quand elles arrivaient, car la poste semble parfois RETENIR le courrier mais c’est une autre histoire… je digresse comme d’habitude.
Bref, comme on est super informées, voire surinformées, on se fait dépister … mammo tous les deux ans, frottis tous les ans, analyse de selles, j’en passe et des pas glamour…
Et… on est raides de trouille à chaque fois. Vous avez vécu, je pense, ces grands moments de solitude, torse nu, dans la cabine du radiologue, après que l’assistante vous ait, avec souvent beaucoup de gentillesse, écrasé les seins dans une machine dont elle s’éloigne ensuite (prudemment) et là il faut attendre le verdict. Examiner la tête du radiologue qui revient, sourire ou pas, tiens il fait une drôle de bobine, entendre qu’il va falloir refaire des clichés, une échographie, bref, qu’il faut APPROFONDIR. Comme on a toutes des amies qui sont passées par là, et qui, parfois on dut entendre ce qui nous fout la trouille : cette fichue présence d’une petite boule  qui laisse présager ce cancer auquel une femme sur dix doit faire face … Alors on est là dans la cabine, et on a beau sentir bon de tout ce lait sur le corps qu’on se sera mis, se trouver jolie dans ce miroir  avec notre buste dénudé jusqu’à la taille,  d’un coup on se dit que la robe chez Tara Jarmon, on va se l’acheter ; d’un coup, on se dit que les folies on va les faire, celles qu’on se refusait jusque là dans l’insouciance de la maladie, qu’on va plus être du tout raisonnables si par chance, on a rien…
Et voilà, ça c’est fait pour deux ans et après, il y a le frottis : on nous appelle si on a quelque chose… non, mais qui a inventé un truc pareil ? Moi, j’ai trouvé, je coupe mon téléphone  et je le mets en route le soir… sauf que j’ai une assistante chez mon gynéco qui m’a prise en affection. Il faut dire que ma détresse est largement perceptible, même si j’arrive, dans quelques éclairs de lucidité (rares) à la gérer, et qui m’appelle en me laissant des messages énigmatiques : rappelez le cabinet avant … telle heure, svp ! De quoi, rendre dingue, je sais, je viens de le vivre et tout ça, pour me dire que j’ai rien…
Et que nous disent les médecins devant notre frousse ? Surtout ne pas regarder sur Internet, mais, MALHEUREUX, c’est la première chose qu’on fait : taper frénétiquement le nom du truc qu’on a et là, c’est l’insomnie assurée, je sais, encore une fois, je l’ai fait. L’angoisse se nourrit d’elle même, ça aussi, on le sait mais on est très maternantes avec nos angoisses !
Evidemment qu’il y a des moments de répit, rares, mais là, on est ainsi fabriquées, nous les humaines qu’on oublie de profiter à fond de ces moments là jusqu’à ce que, confrontées à nos peurs, on se retrouve de nouveau dans la situation sus- citée… Et vous, comment vous les vivez tous ces dépistages, dites moi que vous êtes pareilles.
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » Dominique Mallié, blogueuse nous livre chaque mercredi sa vision de cinquantenaire sur des sujets qui la touchent, l’émeuvent ou la font s’interroger sous la forme de chroniques au ton décapant. Elle tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. »][/infobox]
 
Lire aussi : Est ce qu’on se voit comme on est ?
 

14 commentaires
0

Vous devriez aussi aimer

14 commentaires

Corinne 10 février 2016 - 8h58

ah oui ces moments sont pénibles…
Je vais dire quelquechose que j’ai moi même du mal à suite parfois mais je crois justement qu’à cause de tous ces rappels de dépistage c’est eux qui nous foutent la trouille!!!!! ok on doit passer un examen mais c’est JUSTE pour vérifier et en aucun cas pour nous dire « ça y est on est malade »!!! Quand on va chez le dentiste une fois par an pour voir si tout va bien on y va plus tranquillement n’est ce pas? Et bien on devrait…. je dis bien on devrait faire pareil dans ces cas là mais on entend tellement de choses et les médecins n’ont pas toujours la façon de faire tout ça parce qu’ils ont l’habitude, qu’ils font ça tout les jours et que bien souvent ils ne se rendent pas compte du moment interminable que l’on passe à attendre le résultat……

Répondre
dominique mallié 10 février 2016 - 20h16

c’est vrai coco, pour vérifier qu’on ne l’est pas … mais c’est si fréquent qu’une petite voix nous dit que un jour ou l’autre peut être dans ce grand échiquier de la vie, ce sera nous … mais je vois des femmes autour de moi affronter la maladie avec beaucoup de courage , cela rassure, ces capacités qu’on a au fond de nous sans même les soupçonner …

Répondre
trillaud 10 février 2016 - 13h33

Je mets en pratique un peu de méditation, de sophrologie, de respiration, je fixe mon attention sur quelque chose de joyeux, je détaille toutes les personnes dans la salle d’attente, je les observe et j’imagine plein d’histoires de vie … ça me permet de me détacher de mon angoisse liée à l’attente … et ça marche ! … pour l’instant …
😉

Répondre
dominique mallié 10 février 2016 - 20h14

oui, pour moi aussi ça marche, mais hélas pas « pour l’instant » mais pour « un instant  » …; mais j’ai des livres qui parle de recentrage, de confrontations avec des situations anxiogènes , je les ai lus pourtant … il est difficile d’éviter les ruminations parfois 🙂

Répondre
Odile Bagot 10 février 2016 - 15h38

Aïe, aïe ,aïe, dire que j’ai dans mes cartons une bafouille pour vous sur le dépistage par le frottis et une autre sous presse par la mammo …
Tout ça bien décalé et dédramatisé, promis, juré !
Une seule phrase pour le col, « Pour éviter à 99 % le cancer du col, un frottis tous les 3 ANS ça suffit »
Et une autre pour le sein,  » Une mammo tous 2 ANS, à partir de 50 ans, c’est raisonnable, pas dangereux et fort utile » (même si, comme vous, je déteste ça!)
Votre Mam Gynéco qui n’en reste pas moins une femme soumise aux mêmes turpitudes médicales que vous …

Répondre
dominique mallié 10 février 2016 - 18h36

merci odile , c’est pourtant vrai que vous êtes une « mam » pour nous ..:). scrupuleusement je fais mais il n’empêche que j’ai la trouille à chaque fois … vous avez entendu la campagne radio du moment pour poursuivre les frottis au delà de cinquante ans? elle fait peur et va exactement dans le sens de cette chronique pour le côté anxiogène de l’attente ..

Répondre
Odile BAGOT 10 février 2016 - 19h28

Dominique, c’est exactement cette campagne anxiogène qui m’a fait réagir ! C’est par là que commence mon papier qui sortira cette semaine dans Les Boomeuses! Ah, quand les grands esprits se rencontrent …

Répondre
dominique mallié 10 février 2016 - 20h12

ah merci d’en tenir compte, car vraiment, le ton, la lenteur de l’aveu, les « comme vous » à foison … c’est juste horrible, on attend votre « papier  » Odile avec impatience!

Répondre
lydia 10 février 2016 - 18h55

Vous avez écrit Dominique avec beaucoup de justesse cette peur, cette inquiétude qui me ronge au delà de tout ce que l on peut imaginer … tous ces dépistages je les fais , mamo tous les 2 ans , frottis tous les ans qui a eu d ailleurs il y a 1 mois ouf rien… et colo tous les cinq ans .. je vis dans l’ angoisse de la maladie genre hypercondriaque!!! et du coup j’ ai fini chez une psychologue ou je suis toujours pour essayer de canaliser cette angoisse de la maladie … la raison de cette peur, une part probablement de sur information que l on ne gère pas au mieux , les antécédents familiaux , internet et l entourage qui a toujours à vous annoncer la maladie d’ un tel ou d un tel… j ai fumé, j ai bu j ai certainement mange quelquefois trop gras ou trop sucré j’ai fais la fête j’ai profité de la vie !! et j ai peur de le payer un jour!!!

Répondre
dominique mallié 10 février 2016 - 20h10

je vous rejoins Lydia, cette société dans laquelle nous vivons fonctionne beaucoup sur la peur, la surinformation qui parfois est proche de la désinformation …. je suis comme vous, je fais tout comme conseillé, mais je connais des femmes qui ne font rien : aucun examen, n’ont jamais fait une mammo à plus de cinquante ans, se sentent à l’abri, pas concernées ou peut être trop dans l’angoisse … comme vous je suis très anxieuse et on se fait là, chaque fois, de drôles de poussées d’adrénaline !

Répondre
Christine Bossu 10 février 2016 - 21h23

Je suis considérée comme une personne « à risque » (foutue génétique) alors depuis mes 35 ans, c’est tous les ans. Et à chaque fois cette question « et si…? ». L’angoisse puis le soulagement. Il m’est arrivé de « sauter » une année mais la fois suivante, l’angoisse est double. J’adore cet article qui décrit parfaitement ce que l’on ressent. Bravo Dominique.

Répondre
dominique mallié 11 février 2016 - 8h09

le problème est que les émotions prennent le pas sur la raison ; car c’est vrai qu’on devrait se dire qu’en se faisant dépister tous les ans , même si il devait y avoir un problème, ce serait vite réglé ….
Foutu déterminisme , on aimerait que nos parents, notre famille, nous est légué le meilleur d’eux mais malheureusement ce n’est pas toujours le cas …et on se retrouve avec leurs casseroles … merci christine de me suivre ici et sur la page fb et pour votre témoignage , une belle journée à vous

Répondre
sylvie 1961 12 février 2016 - 18h50

Les dépistages tout un programme, il y a une dizaine d’années la quarantaine pimpante après un frottis de routine, j ai reçu la fameuse lettre qui vous invite à contacter votre gynécologue au plus vite. Travaillant à l hôpital, j imagine alors le pire. Me voilà en quelques lignes et autant de secondes de l autre côté de la barrière. Mon gyneco est adorable, rassurant. Il est vrai que je le connais bien. Je vais suivre le parcours imposé,Quelques séances de laser plus tard et une intervention chirurgicale, la vie va reprendre son cours sauf que le fameux frottis (bi annuel puis annuel) est devenu une source d angoisse. 13 ans plus tard ma petite épée de Damocles m accompagne toujours même si le risque est infime. Le dépistage m a sans doute épargné bien des problèmes, c est un allié si anxiogène soit il.

Répondre
dominique mallié 15 février 2016 - 14h36

Comme je vous comprends et partage , ô combien, ce que vous avez pu vivre ! merci sylvie …

Répondre

Laisser un commentaire