Actrice chérie des Français depuis « Un Eléphant ça trompe énormément » en passant par la série « Une famille formidable », Anny Duperey offre sur la scène du Lucernaire un magnifique portrait de femme, mère et grand-mère courage, espiègle, tendre et terriblement vivante.
Si le cinéma a comblé Anny Duperey, de Godard à Resnais en passant par Costa Gavras et Yves Robert, la comédienne qui fête cette année ses soixante ans de carrière a également joué au théâtre sous la direction des plus grands, de Jean-Louis Barrault à Jorge Lavelli.
Avec « Mes chers enfants », écrit et mis en scène par le réalisateur et dramaturge Jean Marboeuf (à qui l’on doit notamment le film « Pétain » avec Jacques Dufilho et Jean Yanne, et la pièce « Qu’est-il arrivé à Bette Davis et Joan Crawford », avec Michel Fau et Amanda Lear), Anny Duperey se fait la porte-voix de ces femmes qui ont tout donné pour leurs enfants et qui passé la soixantaine, décident de réinventer leur vie.
Anny Duperey, porte-voix des femmes qui décident de réinventer leur vie
Le récit se compose d’une correspondance entre cette mère (et grand-mère) veuve depuis 10 ans et ses deux enfants, qui peu à peu l’ont délaissé jusqu’à déserter les déjeuners dominicaux, uniques rendez-vous familiaux.
Chacune des lettres débute par ces mots, « Mes chers enfants » et se clôt, selon le sujet, par un « Votre maman » suivi d’un adjectif, « gloutonne », ou encore « rebelle ». Rebelle, elle l’est jusqu’au bout des ongles, cet ex-soixante-huitarde qui s’en va acheter une maison en bord de mer à Ouistreham Riva-Bella. Là où échouent aujourd’hui, sur ce qui fut l’une des plages du Débarquement, les migrants en quête de Terre promise outre-Manche.
Jouant sur tous les registres, entre émotion, nostalgie, combativité et rire, Anny Duperey rayonne de grâce et d’élégance
C’est là que cette maman, qui reproche à ses enfants, dans les lettres qu’elle adresse à son fils et à sa fille, d’être « rentrés dans le système », va s’engager, trouver un nouveau sens à sa vie en tentant d’aider ces migrants, « ombres dans les buissons qui se cachent le soir ». Sa nouvelle vie, elle nous la raconte sans fard, jusqu’à narrer avec humour la sexualité toujours vivace d’une femme septuagénaire, sur le mode « Dans la chaleur de mamie ».
Jouant sur tous les registres, entre émotion, nostalgie, combativité et rire, Anny Duperey rayonne de grâce et d’élégance, portée par une mise en scène qui fait la part belle aux vidéos et à la musique (composée par Roland Romanelli, accordéoniste et arrangeur fétiche de Barbara), contribuant à la réussite de ce superbe seule-en-scène.
« Mes chers enfants » réussit le pari de parler tant aux femmes de la génération des Boomeuses qu’à leurs enfants, évitant tout « Mamy Blue » grâce à une merveilleuse Anny Duperey.
Mes chers enfants
De et mis en scène par Jean Marboeuf
Avec Anny Duperey
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Jusqu’au 22 octobre
Du mardi au dimanche
A voir aussi : Bruno Abraham-Kremer dans Parle, envole-toi ! Ou comment le théâtre m’a sauvé la vie