oise le temps d'un week-end

Oise ou le charme discret
de la bourgeoisie

par Evelyne Dreyfus

Avis aux Parisiens… et quelques autres : l’Oise ne s’arrête pas à Chantilly. Autour de la somptueuse forêt de Compiègne, la région est un atout charme majeur pour une plongée dans une France telle qu’en rêvent bien des étrangers.

Jeux d’ombres et de lumières. L’immense forêt de Compiègne (anciennement forêt royale et désormais classée forêt d’exception), entre ses hautes futaies de hêtres et de chênes, laisse filtrer des taches de soleil sur ses chemins bucoliques.

Une forêt rêvée, une forêt refuge. Il n’était pas pensable qu’un décor pareil puisse laisser place à des habitats banals ou sans grâce. Ce sont des villes et des villages de charme qui la bordent et s’offrent à la vue.

En un court séjour de deux nuits/trois jours, voici quelques jolies perspectives

Grands ou petits, les châteaux sont légion par ici. On en compte quelque trois cents ! J’ai commencé, tout à l’Est du département par un château-œuvre-d’art : le château de Pierrefonds, sorte de vitrine où s’admire tout l’art d’Eugène Viollet-Le-Duc.
Crânement perché sur son piton rocheux, ce château était une demeure féodale. En pleine gloire au 14ème siècle, cette demeure fortifiée du duc d’Orléans, est démantelé sur ordre de Louis XIII et se transforme en ruine tout à fait romantique au fil des siècles. Jusqu’à ce que Napoléon Ier décide de l’acheter en 1810.

Le château retrouve ainsi une nouvelle splendeur, particulièrement à partir de 1857 quand Napoléon III veut transformer Pierrefonds (qui était de ce temps-là ville thermale) en résidence impériale. Depuis lors ce château est devenu une parure précieuse pour un village au charme incontestable. Les salles, le chemin de ronde, la cour d’honneur se visitent en toute saison.
Comme se visite aussi la très romantique commune de Pierrefonds où on se prend à rêver en regardant canards et cygnes glisser sur les eaux d’un lac couvert de nénuphars et bordé d’arbres séculaires.

Pierrefonds, oise

Comme point d’orgue à cette plongée dans la vie douce, on peut faire un petit tour en forêt sous le signe de la paix dans la clairière de Rethondes. Dans cette clairière se trouve toujours, sous la voûte ombragée des arbres, seuls témoins restants,  le wagon dans lequel ont été signés l’armistice du 11 novembre 1918 entre la France et ses alliés et l’Allemagne puis l’armistice moins glorieux de juin 1940 entre la France et l’Allemagne du IIIème Reich.

Le Baptistère, refuge chic et charme

Une balade en forêt et un dîner plus tard et voilà qu’il est temps, avant de découvrir le lendemain la ville de Compiègne, de poser ses bagages dans l’un des nombreux hébergements coups de cœur de ce département. Oise Tourisme m’a fait découvrir « Le Baptistère » de Sophie Guyon à Attichy à 13km de Pierrefonds. Bonne pioche ! Dans un parc arboré et fleuri voilà un refuge chic et charme qu’on n’oublie pas.

Quatre chambres d’hôtes d’ambiances différentes font voisinage avec la maison principale et la belle piscine chauffée. Tout est meublé avec un goût très sûr : lumières douces, lits grand confort, salles de bain design, cheminées à l’éthanol pour les soirées fraîches, petits déjeuners très raffinés dans le salon principal. N’en prenez pas ombrage : Sophie aime beaucoup les enfants tout comme les animaux mais dans ce havre de paix et d’esthétique, ni les uns ni les autres ne peuvent séjourner (les animaux pour ne pas avoir de soucis avec les siens et les jeunes enfants pour éviter que leur naturelle exubérance ne puisse perturber la clientèle à la recherche de calme)

Compiègne, royale et impériale

Mais le Baptistère est une étape ô combien bénéfique et quasi-méditative avant d’aller, le lendemain, à la découverte de Compiègne et la délicieuse ambiance royale et impériale de son centre-ville. La forte présence de la forêt lui confère un aspect particulier de nature en pleine ville. Commerces et restaurants s’harmonisent au cadre architectural et révèlent un certain art de vivre à la française. Et les visites historiques et culturelles n’y font pas défaut.

 Compiègne et la délicieuse ambiance royale et impériale de son centre-ville

A commencer par le château et son parc. Derrière ses 200 m de façade, s’étale une certaine idée de ce que fut le prestige royal et impérial. Château médiéval à son origine, c’est à Louis XV que l’on doit son aspect actuel et sous Louis XVI qu’une partie des décors visibles furent réalisés. La Révolution a conduit à la dispersion du mobilier en 1795. Napoléon Ier, devenu empereur, décida ensuite de faire réaliser de gros travaux terminés en 1810. Ils ont entraîné une nouvelle distribution des espaces, de nouveaux décors et mobilier. Le cadeau impérial qu’il fit à Joséphine, accessible à tout le monde aujourd’hui, est cette incroyable Allée des Beaux Monts longue de près de 5 km dans le parc.

 

château de Compiègne

Pourtant c’est le second empire qui reste le plus indissociable de Compiègne. Napoléon III et Eugénie l’ont habité et y ont organisé de mémorables fêtes, chasses, concerts, pièces de théâtre. Compiègne devenait, l’espace de ce court règne un haut lieu de la vie de cour et de l’exercice du pouvoir. Le château est l’un des trois plus importantes résidences royales et impériales de France. Le Conservateur des lieux, passionné et passionnant, Marc Desti ne manque pas d’idées ni d’opiniâtreté pour permettre à ce château de gagner encore en splendeur.

Avec ses équipes il mène un véritable travail d’enquêteur. Des livres reliés pour la bibliothèque de Napoléon Ier par ci, des tenues de cochers (destinés au grandiose musée des voitures du château) par là : chaque re-acquisition de pièces éparpillées dans des ministères, des ambassades, voir à l’Elysée le met en joie et fait le bonheur des visiteurs

Beauvais et sa cathédrale

Quittons l’univers impérial en direction de l’Ouest cette fois. A environ une heure de voiture de Compiègne, Beauvais révèle d’autres atouts. Si le centre-ville en soi, lourdement bombardé en mai et juin 1940 ne séduit pas outre mesure, une halte s’impose au moins pour visiter sa majestueuse cathédrale et son chœur gothique le plus élevé du monde ou son horloge astronomique. Et puis, autre forme de culture, je vous recommande dans cette ville, un peu à l’écart du centre, un lieu magique. De ceux qui éveillent nos souvenirs d’enfance.

restaurant chez grand-mère, Oise

C’est un restaurant, le bien nommé « Chez Grand-Mère ». Un restaurant certes mais surtout un lieu inspiré et particulier. Chez Grand-Mère, autour d’une nappe à carreaux rouges et blancs où reposent  de ronds de serviettes en bois, surgissent des images comme nulle part ailleurs. Le buffet en formica ressemble à s’y méprendre à celui que vous avez connu chez vos parents ou grands-parents. La machine à coudre Singer, le juke-box, le Teppaz et ses 45 tours des années 50-60, même les assiettes et les verres reculeront vos montres, toutes connectées soient-elles, de quelques décades.

Les menus sont ornés de photos de famille aux bords blancs crantés soulignées par cette injonction qui arrache un sourire  « tu t’es lavé les mains avant de manger ? » Et si vous demandez la carte de visite pour vous rappeler cet attendrissant endroit, vous la recevrez sous forme de bon point. Tout, y compris le menu vous rappelle les fumets d’autrefois : blanquette de veau, pain perdu, ficelle picarde ou fraises melba, tout est dans son jus. Une pause bonheur et nostalgie à ne pas manquer.

 

Gerberoy, l’un des Plus beaux villages de France

Il reste tant à voir dans ce département d’une richesse remarquable. Un court séjour impose des choix. L’un d’eux s’imposait avant le retour à Paris : le village de Gerberoy. Dire de ce village qu’il est l’un des Plus beaux villages de France ne suffit pas à rendre justice à sa beauté. Sa centaine d’habitants à peine a le privilège d’évoluer dans un jardin permanent de roses, d’hortensias, de roses trémières et de glycines qui envahissent les façades des pittoresques maisons dont les plus anciennes datent du XVème siècle et les plus récentes du XVIIIème.

Gerberoy,oise

 

Sa centaine d’habitants à peine a le privilège d’évoluer dans un jardin permanent

On y trouve le jardin étagé du peintre Henri Le Sidaner et un jardin des ifs aux arbres monumentaux taillés en topiaires. Ce jardin remarquable est attenant à la maison du Vidame, ancien gouverneur de Gerberoy représentant des évèques de Beauvais du XVIème siècle jusqu’à la Révolution. Cette maison et sa cour abritent aujourd’hui un petit paradis pour amateurs de romantisme. Il se nomme tout simplement Le Jardin des Ifs et la propriétaire des lieux, Delphine Higonnet vous accueille, dans le jardin ou dans le petit salon lambrissé, comme si vous étiez des invités de la maison.

On y sert une cuisine bistronomique inventive et goûteuse faite, entre autres, avec les herbes aromatiques et les fleurs du potager attenant. Un de ces petits bonheurs presque à la manière de Philippe Delerm. De quoi retourner chez soi avec l’impression d’avoir bénéficié de la sérénité d’une méditation. Réservation : manager.lejardindesifs@gmail.com.

Texte et photos Evelyne Dreyfus

àAutres adresses à retenir :

Pour manger en cours d’itinéraire :

  • Restaurant Le Castle à Pierrefonds : excellente table gastronomique dans un cadre reposant
  • Auberge du Mont Saint-Marre à Vieux Moulin : bonne table et excellents pâtisseries (le chef est un Meilleur Ouvrier de France)m
  • Bistrot de Pays à Saint-Jean-aux-Bois : chaleureux, sans chichis et excellent

Pour dormir :

  • Chambre d’hôtes Le Rhino Rayé à Beauvais : vaste, bien équipé, calme et très central

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