Thaïlande, au pays de la soie et des éléphants

par Evelyne Dreyfus

La Thaïlande de la soie, des éléphants et des temples khmers vous attend au Sud-Est du pays. Des plages de rêve du Sud aux terres de rizières l’accueil est le même : discret, souriant, tolérant. Et la gastronomie l’une des meilleures du monde. Loin des plages attirantes nous voici au Nord-Est dans le district de Surin. La ville de Surin n’est pas, à proprement parler une ville incontournable à visiter mais les alentours immédiats vous ouvrent grand les portes vers l’authenticité. On y mène une vie familiale simple, accueillante et surprenante. Cette région où les rizières s’étendent à perte de vue est celle de la soie, de temples Khmers de toute beauté et d’une touchante communauté où humains et éléphants vivent quasiment sous le même toit.

La soie dans le cocon familial

Dans la région de Surin on rencontre des familles, notamment de la tribu Kui, assises ensemble dans leur cour, filant de longs fils de soie jaunes comme la couleur naturelle des cocons qu’ils élèvent, pour certains, dans leur maison. Certains villages y sont dédiés. C’est aussi chez eux qu’ils broient les plantes tinctoriales : indigotier, safran, curcuma, fruits de diospyros  (arbres de la famille de l’ébène) et autres qui leur permettent d’obtenir la teinture de leurs tissus. Sur les métiers à tisser placés sous un auvent, d’habiles artisans s’activent autour de bien délicates techniques pour réaliser, au tissage, les motifs propres à leur région ou d’autres d’après commandes de particuliers. Un long travail de patience puisque certains tissages de soie particulièrement raffinés à brocards vont exiger de nombreuses heures de travail pour obtenir 5 centimètres  de tissu par jour. Lequel coûtera pour la peine quelque 3000 € environ les 4 mètres sur 1 mètre. L’intégralité du processus de production est visible au Queen Sirikit Sericulture Center à Surin


D’autres familles dans d’autres villages comme celui de Khwao Sinarin façonneront ornements, bijoux et ceintures en argent  s’harmonisant parfaitement avec ces motifs ethniques finement travaillés et acceptent volontiers que les visiteurs entrent dans leurs maisons pour le voir à l’oeuvre.

Mais l’un des points de mire de Surin et sa région séduit tous les visiteurs, adultes et enfants réunis. Nous sommes dans la région des éléphants et au milieu se trouve le village des éléphants Ban Ta Klang. Longtemps exploité, l’éléphant est aujourd’hui protégé. La conversion des chamanes qui étaient chargés de prendre l’esprit des éléphants sauvages pour permettre aux hommes de les capturer aussi bien que celle des Mahouds (ou cornacs) n’a pas dû être des plus simples.

Cependant aujourd’hui à Ban Ta Klang  l’éléphant est devenu l’animal de compagnie des familles. Et plus que cela car on lui confère un statut de membre de la famille.

Chaque éléphant a son Mahoud à vie qui est le seul à qui il obéit. Entre le Mahoud et son éléphant existe une complicité quasi humaine. Logés devant la maison comme nos chiens dans leur niche, les éléphants sont sortis trois fois par jour pour aller se baigner. Certains se produisent dans une sorte de manège construit à la lisière du village ou baladent les touristes sur leurs dos … Disons qu’il faut bien gagner de quoi nourrir ces très gourmands compagnons.



On n’est pas au bout de son étonnement lorsqu’on visite le lieu où se fabrique un très joli papier réalisé à partir… des crottes d’éléphants, nettoyées, blanchies, passées au tamis et séchées. Et tout près de là, signe du respect que l’on voue à l’esprit des éléphants, s’érige une touchant cimetière des pachydermes du village. Chaque tombe porte le nom de l’éléphant ayant fait partie de la famille. D’ailleurs on considère les bébés humains et les éléphanteaux comme étant de la même fratrie.

L’art de vivre en Thaïlande, ou l’éloge de la « Thaïness »

Il existe, de fait, un art de vivre en Thaïlande qui résume la « thaïness » ou Thai attitude qui se manifeste sous de multiples aspects. A Bangkok, grouillante de vie, où la circulation est infernale, vous aurez peu de chances d’entendre les automobilistes klaxonner. En pays bouddhiste on prend son mal en patience.

S’énerver c’est se faire du mal à soi même alors…Sourire et saluer est presque génétique.

Et puis dans ce pays jamais envahi, jamais colonisé, l’étranger n’est pas vu comme une potentielle menace. La thaïness c’est aussi manger délicieusement et à toute heure cette cuisine si savoureuse qu’on peut demander pimentée ou non et  profiter des justement réputés massages thaïlandais que l’on trouve aussi bien dans les hôtels qu’au coin de la rue ou dans les centres commerciaux. C’est vous trouver au beau milieu d’un mariage à votre hôtel et être aimablement invité à y participer. C’est encore assister à une cérémonie d’accueil où les danseuses dans leurs vêtements chamarrés attireront sur vous la chance pour un séjour protégé et heureux sur leur terre.


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La Thaïlande en pratique

A voir : 
Le musée de la soie de la Reine Sirikit à Bangkok et la magnifique maison en teck et la boutique de celui qui fut le roi américain de la soie Jim Thompson.
Le village des éléphants à Ban Ta Klang
Les temples khmers :  Prasat Muang Tam, Phnom Rung.
Les villages utilisant les techniques ancestrales de tissage de la soie  ou la fabrique de soie : Tha Savang, Ban Arlue.
Les artisans qui travaillent l’argent à Khwao Sinarin.

Le musée de la reine Sirikit

S’étonner :
Les Thaïlandais ont le sens du respect. Celui voué à la famille royale est quasi religieux. Cette année, la princesse fête ses 60 ans et 60 étant multiple de 12 est une année de chance. Vous trouverez donc son portrait géant partout entouré de drapés violets car elle est née un samedi jour de le couleur violette (chaque jour de la semaine porte le symbole d’une couleur). Toute l’année en cours durant, de nombreuses festivités seront donc marquées de violet et vous verrez des fonctionnaires portant également un élément violet dans leur tenue.
La superstition fait partie du quotidien. On trouve des voyants ayant pignon sur rue pouvant vous prédire votre chance selon la forme de vos yeux ou de votre nez, vous conseiller pour la couleur de votre voiture afin qu’elle porte chance ou vous dire si vos nom et prénom sont fastes. Cela s’appelle le Ngo Heng et il n’est pas rare semble-t-il que de grandes sociétés emploient un professeur de Ngo Heng à côté du DRH.
Se loger
Bangkok fourmille d’hôtels de toute catégorie. Pour des Européens leur prix est très accessible. Autant, si possible parier sur le grand confort :
Le So Sofitel, l’un des rares super Sofitels dans le monde, partiellement décoré par Christian Lacroix (à l’entrée vous trouverez même un délicieux chocolatier qui fabrique sur place).
Le Shangri-La pour son confort et surtout sa situation tout au bord du Chao Phraya, l’immense fleuve qui traverse la Thaïlande.
Le Banyan Tree plus « à l’ancienne » avec sa magnifique terrasse-restaurant surplombant Bangkok avec une vue à 360 degrés et un service restauration impeccable.
Y aller
Pour se rendre dans la région de Surin, passez par Bangkok puis faites la route en voiture (environ 450 km ; attention conduite à gauche) ou prenez un vol intérieur. La région est également proche de la frontière cambodgienne. Vous pouvez par conséquent faire une incursion dans ce pays ou poursuivre vers les plages et les îles thaïlandaises pour quelques jours de dolce vita.  Bangkok est desservie notamment par la compagnie nationale Thaï Airways mais aussi par de nombreuses compagnies étrangères et françaises dont Air France. Pour se rendre dans la région de Surin, il y a des vols intérieurs mais le plus économique est de louer une voiture et d’en profiter pour faire quelques stops dans la région
A ne pas faire 
Ne pas montrer ou désigner quelqu’un du pied ou du doigt, geste jadis réservé aux esclaves.
Eviter les embrassades : en Asie on garde la distance malgré la profonde cordialité de l’accueil.
Ne pas s’énerver. Ici rester zen correspond à accumuler des mérites pour sa vie future.
 
Texte et photos©Evelyne Dreyfus
 

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1 commentaire

matchingpoints 21 mai 2015 - 9h00

Nous avons fait un voyage en Thaïlande l’année dernière et nous retrouvons tout à fait l’esprit dans votre article. Nous avons pris un verre au Banyan Tree, loué une voiture pour aller vers le nord pour voir les éléphants, les temples et l’artisanat, apprécié la gentillesse et la zenitude des Thaïs !

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