Entre flamenco, processions spectaculaires et corrida, Malaga dans le Sud de l’Espagne, qui ne manque pas d’atouts, s’en est adjoint un autre. L’ouverture récente d’un musée Pompidou éphémère est une pierre de plus à l’édifice culturel de la cité qui vit naître un certain Picasso.
Malaga, la ville qui aime les musées
Musée et Fondation Picasso (à voir absolument car on y trouve quelques une des plus belles œuvres du maître y compris des sculptures, céramiques et gravures), musée Carmen Thyssen, musée de la Semaine Sainte (mais si !), musée du Flamenco, la liste s’allonge. Malaga, porte d’entrée maritime vers l’Andalousie si touristique veut devenir l’une des villes au plus grand nombre de musées. Elle en compte une trentaine de tous ordres et parie sur cette excellente dynamique pour retenir un peu plus ceux qui se précipitent trop vite vers les trois perles que sont Grenade, Séville ou Cordoue. Dernier en date, ouvert ce mois d’avril 2015 : le musée Pompidou, extension de notre centre Pompidou parisien et image de marque culturelle internationale. L’initiative est originale puisque la ville et la région ont obtenu du Centre Pompidou une sorte de droit d’exploitation à la fois du nom et d’œuvres venant directement de France, le tout pour une durée de 5 ans. Et peut-être plus si affinités. Il réunit, en bordure de la longue promenade portuaire, quelques œuvres majeures de l’art moderne et contemporain et se profile en prolongement du « Cubo », cube en verre recouvert momentanément par une installation de Daniel Buren.
Malaga est jeune, joyeuse, festive, exubérante. Comme souvent en Espagne et particulièrement dans le Sud, on vit dehors jusque fort tard. En ce mois d’avril je m’étonne de patiner sur d’énormes étendues d’une matière noire qui recouvre le dallage déjà lisse des rues et ruelles. C’est que la semaine Sainte vient de se dérouler. Elle dure en réalité dix jours et nul ne peut s’imaginer, sans en avoir au moins vu des images, ce que représente cet événement annuel en faste et en ferveur. La matière noire au sol ? Elle provient de la cire noircie des milliers de cierges et bougies qui accompagnent les processions quotidiennes des diverses confréries et des pénitents.
Et que serait l’Andalousie de toujours sans ses guitares, ses inimitables mantilles, castagnettes et robes de flamenco ou ses habits de lumière pour toréadors. Non ces derniers n’appartiennent pas au passé ni à une figuration pour la Carmen de Mérimée ou celle de Bizet. Ici, que vous soyez adepte ou non, chaque commune a sa plaza de toros, autrement dit ses arènes dont beaucoup sont en fonction. Celle de Ronda, cité toute proche de Malaga a été construite au 18ème siècle. Elle est considérée comme l’une des plus belles et des plus grandes du monde et attire, comme chez nous à l’Opéra, la grande bourgeoisie locale et régionale. Que l’on aime ou non la tauromachie elles valent le coup d’œil pour le lieu même et son musée. Elles sont toujours animées et programment chaque année des corridas « goyesques » en grand apparat au cours desquelles les toreros sont vêtus de costumes analogues à ceux en vigueur à l’époque de Goya. Pour l’anecdote, Orson Welles, aficionado actif de corrida tout comme Ernest Hemingway a fait disperser ses cendres à Ronda, où ce passionné de tauromachie avait d’ailleurs réussi à « contaminer » ses amis hollywoodiens de l’époque.
Les Malagaises vous diront qu’elles sont tombées dedans étant petites. Souvent il s’apprend dès l’école sous forme d’ateliers. L’apprentissage se perfectionne dans des écoles spécialisées. Ce qui surprend dans les rues commerçantes, c’est le nombre impressionnant de magasins proposant des vêtements de flamenco pour tous les âges. Sandra, rencontrée dans la ville déclare avoir eu sa première robe de flamenco pour son premier anniversaire et en racheter une tous les deux ans. En Andalousie les couturiers spécialisés ne sont pas rares et présentent leurs nouveautés lors de défilés de mode. En tout cas si vous avez une petite fille à gâter à l’âge où elles enfilent si volontiers les chaussures à talon de Maman, vous ferez mouche à tous les coups en leur rapportant d’Andalousie et à leur taille une de ces craquantes paires de chaussures colorées de flamenco pour tout-petits. Avec talon bien entendu !
Avec Marbella la mondaine, toute proche, Malaga a le mérite d’offrir aux visiteurs une vision plus authentique bien que très animée de cette Andalousie typée et ensorcelante que notre imaginaire ne cesse de réinventer.
A Faire
Un déjeuner ou un verre chez El Pimpi sur la Calle Granada. C’est obligatoire. Le lieu est une institution et possède aussi une immense terrasse donnant sur la citadelle fortifiée Alcazaba. Il est ouvert tous les jours de l’année, fréquenté autant par les habitants de la ville (dont Antonio Banderas qui en est voisin) que par les touristes et malgré ce succès propose d’excellents tapas et repas à la carte.
Y aller
AIR EUROPA
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Vols également sur Vueling, Air-France, Easyjet et Iberia
Evelyne Dreyfus