Gags à l'hôtel

par Evelyne Dreyfus

 

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Ah voyager. Quelle merveille. Etre ailleurs, oublier le banal quotidien,  remettre tous ses sens en éveil. Même le sens critique car franchement  lorsqu’on pense changer d’habitudes on ne croit pas toujours si bien dire… Voici un florilège de gags vécus.

Délires hôteliers…

Nous avons le grand privilège en tant que journalistes de tourisme de découvrir le monde et ses beautés et, espérons-nous, de vous donner quelques idées d’évasion. Nos périples ne sont pas toujours reposants mais non, c’est sûr, nous n’allons pas vous faire verser des larmes sur nos levers aux petits matins, nos visites sous la pluie et nos centaines de kilomètres avalés par jour.
Au contraire riez, souriez, car les coulisses du tourisme et en particulier de certains hôtels, «c’est  pas triste ».
D’abord il y a l’infinie variété de cartes magnétiques qui se démagnétisent au moindre contact avec votre téléphone portable. Grâce à elles il n’est pas rare de vous retrouver, bien fatigué après une journée de visites ou de travail, devant porte close.  De préférence cela vous arrive assez tard et vous oblige du côté de minuit à retourner à la réception, voire de descendre à pieds dix étages parce que la même carte vous sert de sésame pour l’ascenseur. Et encore faut-il s’y entendre en matière de clés électroniques ou magnétiques.

Il y a celle qui bipe mais qui vous oblige à attendre le bon bip : pas le court, non le moyen, pour en même temps appuyer sur la poignée.

Certaines sont même tellement perverses que vous devez coller un badge devant le récepteur de la porte et tourner d’abord à gauche puis à droite une petite poignée ronde et glissante avant de pousser.. .et d’espérer entrer dans votre chambre. Ce qui, à stade n’est pas encore garanti. Rhumatisants s’abstenir (et pourtant cette merveille d’électronique a été vue dans l’hôtel d’un établissement thermal soignant, qui plus, est des rhumatisants…)
Puis il y a les systèmes d’allumage et d’extinction des lumières. Un simple interrupteur ça ne fait plus très classe. Votre standing mérite désormais des tables de chevet dans lesquelles sont intégrées plusieurs touches tactiles. C’est très design et presque érotique : à la moindre caresse le mini-tableau de touches devient lumineux.  Evidemment mieux vaut vous y prendre avant la tombée de la nuit pour vous exercer  car il va falloir comprendre que si vous appuyez à gauche vous éteignez l’applique de droite, que si votre doigt effleure le milieu, vous allumez ou éteignez tout ; reste à savoir comment diable va s’éteindre cette jolie rampe lumineuse qui court le long du faux-plafond mais qui, elle, justement se ferme avec un simple interrupteur que vous n’aviez pas encore remarqué.
Certaines salles de bains aussi exigent des études supérieures pour parvenir à comprendre leur fonctionnement. Elles sont généralement très belles, très spacieuses. Le bonheur quoi… Jusqu’au moment où vous vous rendez compte qu’il n’y a absolument aucune prise électrique à bord pour brancher votre sèche-cheveux ni de patère pour suspendre vêtements ou peignoir. Sans compter le petit moment de stress lorsqu’après avoir prévu un beau brushing avant de séjourner dans cet endroit de rêve, vous vous trouvez devant une merveilleuse salle de douche. Et que vous vous demandez avec inquiétude s’il faut tourner la manette vers le mur ou vers vous pour ne pas recevoir droit sur le brushing tout frais une avalanche d’eau venant du large pommeau suspendu alors que vous vouliez juste utiliser  la douchette ronde souvent trop petite et qui ne manque pas de vous glisser des mains. Damned !
J’ai pu séjourner dans un magnifique hôtel  5 étoiles (en France) il y a quelques années dont les baignoires sont restées pour moi une énigme : une très large baignoire recouverte de plexiglass et surmontée d’une sorte de labyrinthe de petits tuyaux en cuivre ; autour de la baignoire 4 arrivées d’eau différentes avec douchettes sans que je parvienne à comprendre laquelle me permettrait juste de prendre ma douche. Je me suis résolue au bain. A peine réveillé le matin, autant dire que ça rend perplexe. Cette installation machiavélique était due à l’un de nos plus grands designers et lorsqu’en repartant de l’hôtel  j’ai fait part de ma satisfaction d’y avoir séjourné mais aussi de mon évidente nullité technologique concernant la salle de bains, le personnel s’est très courtoisement excusé. « C’est que vous êtes arrivée très tard hier soir Madame et il est vrai que normalement nous accompagnons toujours nos clients arrivants dans la chambre pour leur expliquer précisément le fonctionnement un peu particulier du système ». Ouf, je n’étais donc pas seule dans mon ignorance crasse si l’on peut dire en matière de salle de bains.

…Et autres originalités

Discrets par nature les responsables hôteliers ne se livrent pas facilement et en tout cas ne citent jamais de noms. Mais comment ne pas compatir aux turpitudes de ce métier lorsqu’un client fait un scandale parce qu’ayant demandé une chambre avec vue sur mer, il ne  voyait celle-ci que de très loin. Et comment garder son calme lorsque ce client persiste alors qu’on vient de lui expliquer qu’il se trouve en Bretagne à une époque de grandes marées et qu’à marée montante il l’aura, devant sa fenêtre à 180°, la mer.  Parmi les clients « à l’Ouest », forcément on est toujours en Bretagne, l’une d’elles se disant architecte de métier, a plusieurs fois proposé à un bel établissement hôtelier incluant un centre de thalassothérapie, de dessiner des plans pour créer une passerelle permettant d’accéder directement au chemin des douaniers  en aplomb de la plage pour éviter d’avoir à passer par celle-ci. Le tout contre un séjour gratuit…
Côté installations, je me suis trouvée dans une belle chambre avec, nec plus ultra, une machine à expresso pour moi toute seule. Vite, un bon petit café. Je vérifie la présence d’eau dans le réservoir, j’allume la machine qui, ô merveille illumine immédiatement ma tasse. Très chic. Seulement voilà,  vingt minutes et 6 capsules plus tard ni moi, ni le room service venu à mon secours n’a compris pourquoi nous n’arrivions à faire sortir que de l’eau chaude.
Et enfin, mais comme disent les Anglais, last but not least, trois originalités nécessitant de se mettre à l’unisson de l’architecte d’intérieur et de son humour. Des toilettes à double cuvette de WC dans un hôtel autrichien où l’on vous explique qu’il s’agit d’un clin d’œil en direction des femmes qui auraient pour habitude de dire à leurs copines : « tu viens on va aux toilettes ».

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Dans le même hôtel, une très belle chambre avec une magnifique salle de bains intégrée. En ai-je mis du temps, le soir, en tentant d’éteindre la lumière de la salle de bains pour comprendre quel commutateur pouvait bien être approprié. Il est vrai qu’en entrant  rapidement déposer mes affaires j’avais été plus qu’étonnée de voir une prise de chantier tomber du plafond, juste au-dessus du lavabo.

Après une longue et vaine chasse à l’interrupteur de cette salle de bain, et m’être assurée que cette prise de chantier était bien protégée dans sa gaine de caoutchouc, je me suis résolue à tirer sur elle. Eureka, c’était LE commutateur de la salle de bains.

Et encore, une jolie idée dans un hôtel de la ravissante petite ville de Maastricht aux Pays-Bas. Les hôteliers ayant décidé que l’endroit le plus chaleureux où accueillir ses amis était la cuisine, le lobby entier est une cuisine. Des buffets ouverts vous permettent de prendre une tasse ou une assiette visiblement chinées aux puces et de vous servir une soupe du chaudron ou un café mis à disposition en attendant votre tour d’accueil.

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Le même hôtel a du reste décoré ses chambres en dessinant sur les murs toute une série d’objets parmi ceux que les clients oublient souvent : cravates, soutien-gorges, foulards, collants. Et c’est très drôle.
Textes et photos Blandine Jérôme
Photos de Une, Le grand hôtel Cannes
 
 
 

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