Alphonse Allais devait connaître le Perche en annonçant que « les villes devraient être construites à la campagne, l’air y est tellement plus pur ».
Dans ce coin de la région normande bien des Parisiens, des Belges, des Britanniques ont concrétisé ce fantasme. Jolie campagne vallonnée, forêts, vaches, percherons et petite communes charmantes, aux allures citadines ou rurbaines selon le vocable actuel.
Première mission : trouver le nid douillet d’où vous serez certains de rapporter une provision de douceur et d’heureux souvenirs, en toute saison. Comme de coutume dans cette rubrique nous vous en avons choisi deux (il y en a des dizaines d’autres).
La Renardière à Bellou-le-Trichard (à 15 km de Bellême)
Si vous partez en amoureux dans le Perche et rêvez de vous retirer du monde pour quelques jours, la maison perchée de Claire Stickland et Yvan Payonne est une trouvaille qui se mérite. Au bout de petites routes qui serpentent à travers les prés, finit par s’ouvrir, à perte de vue, un panorama de collines, arboré et fleuri. De ses origines britanniques Claire a gardé et sait partager cet amour de la nature maîtrisée bien qu’elle paraisse sauvage. Dans l’immense parc, située sur une colline voici qu’apparait la maison perchée aux façades en bois. Discrète et sobre. Une fois gravie la petite rampe menant à la grande terrasse en bois, vous savez tout de suite que oui, là c’est sûr, vous êtes chez vous et vous allez pouvoir confortablement… ne rien faire, rêver en laissant le regard se porter très loin par-delà les arbres ou méditer devant le feu de bois.
Tout est prévu à bord pour vous permettre de cuisiner et vous pouvez même vous faire livrer par les commerçants du village voisin proche de 5 km. Elle n’est pas visible d’où vous êtes mais, un peu plus loin parmi les arbres, Claire et Yvan ont aussi construit une cabane perchée dans les arbres, tout autour d’un grand châtaigner. Elle se déploie sur trois niveaux et est entièrement équipée elle aussi (y compris le chauffage) : un avantage certain pour la louer été comme hiver. Dans les deux cas, vous n’avez aucun vis-à-vis à craindre. Et puis, inutile d’aller loin : tout alentour, vous pouvez suivre sur 1,2 km le sentier balisé et rendre visite aux arbres. Chacun raconte l’histoire des lieux, son rôle, sa beauté et sa place.
www.perchedansleperche.com (voyez la vidéo de la page)
Prix moyen :
300 € les 2 nuits pour 2 personnes, petit déjeuner compris
160 € pour 1 nuit pour 2 personnes, petit déjeuner compris
Les week-ends, ponts et vacances scolaires séjour minimum de 2 nuits. Parfait pour un week-end nature, un court-séjour et même un séjour prolongé
Le Relais d’Horbe à la Perrière (à 11 km de Bellême)
Si vous préférez l’ambiance petit hôtel au calme et l’idée de mettre les pieds sous la table aux heures de repas, je vous propose le tout nouveau Relais d’Horbé dans un village de 250 âmes qui abrite des commerces étonnants. Les sept chambres du Relais d’Horbé (attention à ne pas confondre avec la Maison d’Horbé, autre belle adresse qui le jouxte et dont je vous parle plus bas) s’adressent à qui recherche un confort raffiné contemporain. Quatre suites et trois chambres, toutes différentes mais toutes spacieuses et lumineuses. Literie impeccable (lits de 160x200cm), télévision, grande salle de bain. L’hôtel n’ayant ouvert qu’en octobre 2020, il est à prévoir que le confort actuel déjà évident va être complété côté décoration dans les chambres.
Coup de cœur pour la partie restauration. Cet espace situé au rez-de-chaussée est feutré et épuré bien que chaleureux. Un grand canapé d’angle devant un feu de cheminée vous tend les bras pour l’apéritif. Et, incontestablement la cuisine, imaginée midi et soir par le chef Julien Bonmarin vaut le détour aussi bien que la carte des vins. C’est fin, gastronomique et imaginatif et toujours cuisiné avec des produits de saison. Une terrasse privative est également à disposition et, en projet, une boutique à bord. Actuellement, le restaurant continue de servir à manger.
https://lerelaisdhorbe.fr
Prix moyen :
Entre 105 et 155 € la nuit pour 2 personnes, petit déjeuner compris
Les week-ends, ponts et vacances scolaires séjour minimum de 2 nuits. Parfait pour un week-end flâneur ou un court-séjour
Envie de bouger dans le Perche ?
Pour tout dire, mieux vaut venir dans le Perche entre un jeudi et un dimanche si vous voulez profiter de l’ouverture des nombreux marchés, commerces, boutiques, galeries, antiquaires réellement dignes d’intérêt. Bien sûr il y a la nature. Verte, boisée, pastorale et même romantique lorsque certains jours d’hiver, une légère brume enveloppe les architectures tôt le matin. Mais chose plus rare dans cet univers verdoyant et champêtre, vous allez y découvrir des univers remarquables de charme que vous ne risquez pas d’oublier. Le jeudi ou le dimanche vous irez immanquablement à la boulangerie et ferme Bio de la Suardière à 2 km du village de La Perrière.
Le pain confectionné sur place, dans le four à l’ancienne (visible de la boutique), avec les farines Bio des époux Hermeline, est un pur délice. Mais, dans cette Ferme de la Suardière il y a plus : un goût des temps passés. Pour un peu on s’attendrait à y entendre le tic-tac d’une vieille horloge en attendant son tour pour acheter le pain, les fruits ou les confitures maison.
La perrière
La Perrière justement ! Deux-cent-cinquante habitants et tant de pépites à découvrir les unes à côté des autres. Une vielle maison toute en longueur baptisée on ne peut plus justement « La Demeure du Livre ». Un capharnaüm merveilleux, tenu par Marc Georges, un de ces libraires éclairés qui émerge, suivi par son chat, de son enfilade de pièces bourrées d’une sélection passionnante de livres (il en a entre 800 et 1000 en permanence dont certains qu’on ne trouve pas ailleurs), de disques, d’objets divers, de pancartes humoristiques. Devant un vieux fourneau quelques tables sont réunies pour une partie salon de thé. Un vrai coup de cœur.
La magnifique maison d’à côté, la Maison d’Horbé, qui croule sous une glycine pas née d’hier, se répartit entre l’antiquaire Christophe Pernelle d’un côté du jardin intérieur et, de l’autre, la partie restaurant-salon de thé que font vivre avec succès Laurent Loingtier, Julien Sandre et Robert Heredia.
C’est un labyrinthe fabuleux ou les tables se répartissent entre plusieurs petits salons meublés à ras-bord d’argenterie, de lustres en cristal, de sculptures, de tableaux anciens. Et tout ou presque y est à vendre. Voici peu, un couple est ainsi reparti avec le gros lustre en cristal qui surplombait leur table du dîner et qu’il a fallu décrocher séance tenante à la fin du repas. Réservez pour y manger car c’est évidemment un lieu où les nombreux habitués reviennent très régulièrement.
Votre regard sera aussi attiré, juste en face, par la jolie vitrine de fleuriste de la Boutique Monteloup qui propose, elle aussi des objets de décoration, quelques antiquités et même des produits de terroir.
De La Perrière, vous êtes à une quinzaine de minutes de la ravissante ville de Bellême que vous pouvez atteindre en traversant la forêt. Bellême, fort justement labellisée « petite cité de caractère » vaut la peine d’être visitée avant que l’activité commerciale et touristique de la ville ne se réveille. Elle a un charme très particulier avec ses rues pentues et son porche qui lui donne un côté mystérieux et romantique. C’est une cité millénaire qui fut l’ancienne capitale du Perche et elle en a gardé de nombreux témoignages. En passant sous le porche du XVème siècle, vous pourrez flâner dans la rue Ville Close avec ses façades colorées et ses hôtels particuliers des XVII, XVIII et XIXème siècles. C’est une ville où il fait bon flâner et chiner.
Le Perche et ses boutiques de charme
Côté boutiques, galeries, boutiques de déco vous ne saurez où donner de la tête. Mais comme vous allez nécessairement vous promener du côté du porche, entrez à la Boutique du Porche. Un grand moment de nostalgie heureuse vous saisit dans cet espace aux murs en pierre, au plafond à poutres et au sol en vieilles planches sur lequel reposent des comptoirs à l’ancienne.
Ils servent de support aux créations de la quarantaine d’artisans sélectionnés par Sylvie Gonsard : bijoux, chapeaux, gants et écharpes, vaisselle et ce ravissant espace de vêtements et jouets pour bébés et jeunes enfants qui respire l’ambiance les années 1950/60. La boutique comporte un coin salon de thé qui, à la belle saison, se prolonge dans le petit jardin ombragé semblable à un refuge.
Juste en face poussez la porte de la Maison close. Si les meubles et objets des années 1950/1970 vous intéressent, c’est là, à coup sûr, dans ce grand espace spécialisé que vous allez en trouver.
La liste des bonnes adresses serait trop longue à publier mais elle est impressionnante et vous allez découvrir vous-même les trésors cachés ou ceux qui ont pignon sur rue. L’Office de tourisme de l’Orne vous fera une liste exhaustive de tout ce qu’il y a à voir et à faire sur place
Aller dans le Perche
En train vous pouvez vous arrêter à la gare de Nogent-le-Rotrou (environ 1h40 pour les Parisiens)
En voiture depuis la région parisienne : comptez environ le même temps : 1h 40 via A10 et A11
Vous informer en détail : www.ornetourisme.com
Curiosité : A 30 km de Belleme, le Musée de la comtesse de Segur
Dans cette région de France qui respire une nostalgie heureuse, vous pouvez, à 30 km de Bellême, vous offrir le luxe de retomber en enfance. L’auteure vedette de la Bibliothèque Rose née Sophie Rostopchine à Saint-Pétersbourg, plus connue en tant que Comtesse de Ségur y a son musée dans la cité d’Aube. Et pour cause, le château des Nouettes où elle a vécu et la région alentour ont pris dans ses écrits une place de première importance. Le musée, situé dans le parc se visite (il est fermé le mardi) : photos, éditions anciennes de ses livres mais aussi jouets et jeux d’enfants vous y feront rêver d’un temps lointain où, peut-être, vous lisiez Les Petites Filles Modèles (auxquelles une salle est réservée) ou Les Malheurs de Sophie. Il arrive aussi, l’été, qu’on y organise des jeux de plein air où les enfants sont invités à partager des jeux dans le parc du château avec présentation de jeux et jouets anciens.
Evelyne Dreyfus
Photos Jean-Paul Calvet
2 commentaires
Merci pour ce joli article sur Le Perche, la Perrière et la Demeure du Livre.
Ce fut une agréable surprise en ce frileux mardi d’hiver.
Marc Georges
La Demeure du Livre
On a a hâte d’y revenir !