C’est ainsi que l’archevêque Desmond Tutu dénomme l’Afrique du Sud.
Je vous propose un voyage dans la diversité. Diversité des peuples, des cultures, diversité de la nature grandiose par sa faune et sa flore.
Pour aborder ce pays et le comprendre, il faut emprunter les chemins des deux grands hommes qui ont marqué l’histoire de ce pays, Gandhi et Mandela.
Ils ne se sont jamais rencontrés… Gandhi restera 20 ans sur la terre Sud africaine, Mandela s’inspirera des actions non-violentes menées par Gandhi, mais après le massacre de Sharpville (1960) il crée la branche armée de ANC (African Nacional Congress).
Sur les pas de Mohandas Karamchand Gandhi
Pietermaritzburg
En 1893, il a 24 ans, une entreprise indienne lui propose de partir en Afrique du Sud pour y défendre ses intérêts. Il subit les discriminations auxquelles sont soumises les communautés non blanches dans ce pays. Dans la nuit du 7 juin1893, il se fait expulser d’un compartiment de 1ère classe en gare de Pietermaritzburg. Il passe la nuit glaciale sur un banc. Cet incident change le cours de sa vie. Témoin de l’intolérance, du racisme et de l’injustice il s’érige en défendeurs des émigrants indiens. Il préconise une doctrine basée sur la non violence : la « satyagraha ». La gare, toujours en service, est un symbole de la prise de conscience de Gandhi, elle se visite. La ville offre un intérêt touristique par son architecture victorienne. Une très belle statue de bronze de Gandhi est édifiée au centre ville et le représente dans sa posture traditionnelle…en train de marcher.
Continuons nous aussi notre marche sur les chemins de la liberté
Inanda
L’Afrique du Sud doit beaucoup au township d’Inanda, c’est ici que s’est joué en partie le sort de ce pays et de l’Inde. Gandhi y crée son premier ashram. Il y vivra 10 ans et travaille à l’élaboration de son idéal de défense passive. A côté de sa maison se trouve l’imprimerie du journal Indian Opinion. Ce journal inspira les leaders de la résistance à l’apartheid comme John Dude. Le lycée Ohlange d’Inanda abrite le musée consacré à John Dude, fondateur de la première école noire et en 1912, premier président de l’African National Congress (ANC). Pour les premières élections démocratiques, Mandela choisit de venir voter là, pour lui rendre hommage.
Satagraha house
Nous irons dormir chez Gandhi….
Dans la grande banlieue de Johannesbourg, Gandhi fait construire une maison inspirée d’une ferme traditionnelle africaine par son ami et compagnon de route, l’architecte allemand Hermann Kallenbach. La « Satyagraha House » a été racheté et rénové par l’agence « Voyageurs du Monde ». Inscrite au patrimoine historique du pays, c’est un musée et une maison d’hôtes. Sept chambres nous donnent le privilège de séjourner près de la maison du « Mahatma », dans une ambiance apaisante. Des cours de méditation ont lieu sur la mezzanine ou logeait l’ascète. La nourriture est strictement végétarienne et l’on ne boit pas d’alcool. Le musée quant à lui est au coeur de la maison et retrace la vie de Gandhi. Deux livres émouvants contiennent les lettres que s’échangèrent les deux amis des années durant. Entre ces murs et le petit jardin, vous êtes pris entre émotion et sérénité. En 1915, Gandhi repart en Inde et continuera sa lutte. Pionnier de la résistance à l’oppression par la désobéissance civile non-violente, il va inspirer les mouvements de résistance et de nombreuses personnalités dont un certain… Nelson Mandela.
Nelson Mandela
C’est dans un petit village du Transkei qu’est né Mandela. Il est de lignée royale, son père appartient à la cour des Tembu un des peuples de la nation Xhosa. Il lui donne le prénom de Rolihlahla « celui qui secoue les arbres ». Dans ses collines il apprend à garder les troupeaux C’est sa première institutrice qui le rebaptise Nelson. Président de la République, prix Nobel de la Paix en 1993, inspiré par Gandhi, il opte pourtant pour la lutte armée.
Retrouvons les lieux qui ont marqué sa vie.
Johannesburg
Il découvre la grande ville mais aussi les injustices que subissent les noirs et les lois qui les privent de leurs droits fondamentaux. Il travaille d’abord comme mineur mais il désire devenir avocat. Il fait des études de droit et trouve un stage dans un cabinet d’avocats grâce à un activiste de l’ANC Walter Sisulu, une rencontre déterminante. Il habite Soweto.
Soweto
Dans les années quarante, ce township est un immense bidonville (500.000 habitants), les « Tsotsis », copies des gangsters des films américains sèment la terreur. Jusqu’au années 1990, Soweto était une « zone de guerre » où les habitants s’affrontaient avec la police de l’apartheid. Aujourd’hui, le township a bien changé. Il reste quelques bidonvilles habités pour la plupart d’émigrants du continent africain.
On y trouve des quartiers aux maisons cossues qui abritent une classe moyenne, des h.l.m et des galeries marchandes en construction. On y vient les week-end dans les « shebeens », anciens débits de boisson clandestins devenus tavernes à la mode. Blancs et noirs se côtoient, les touristes sont nombreux. La lutte contre l’apartheid et le soulèvement de la jeunesse en 1976 sont des prétextes à un « pèlerinage » touristico-historique.
Au 8115 Vilakazi street, la petite maison de briques rouges où vécurent Nelson et Winnie, sa deuxième épouse, ne désemplit pas. Devenue musée, les écoliers et les touristes viennent y apprendre une partie de l’histoire de ce pays.
Cette rue est la seule au monde où deux prix Nobel de la Paix ont habité à quelques mètres l’un de l’autre. En effet la maison de l’archevêque Desmond Tutu est située au bas de la rue où les terrasses de restaurants se disputent la place avec les vendeurs de souvenirs.
Plus loin, le musée et le mémorial Hector Pierterson, nom de l’écolier de 12 ans , première victime de la police, lors du soulèvement de la jeunesse en 1976. La photo de l’enfant porté par Mbuyisa Makhubo à fait le trour du monde. Elle est devenue emblématique de la lutte anti-apartheid. A cette époque Nelson Mandela est déjà en prison. En 1952, il ouvre un cabinet d’avocats noirs avec Olivier Tombo. Il est vice-président de l’ANC. C’est le début de la désobéissance civile. première arrestation, il sera acquitté. Décembre 1961, la sanglante répression de Sharpeville le fait opter pour la lutte armée. Il crée la branche armée de l’ANC et rentre dans la clandestinité. Il est arrêté le 5 août 1962 sur la route nationale 3 en revenant de Durban après une réunion avec le Président de l’ANC. Il va rester 27 ans en prison.
Capture site
Un magnifique mémorial a été édifié à l’endroit même de son arrestation. Un nouveau musée est en construction.
Déguisé en chauffeur, dans la voiture conduite par le metteur en scène de théâtre « blanc » Cécil Williams, il discutait des possibilités de sabotage de la voie de chemin de fer qui longe cette route.
Ce monument est constitué de 50 barres d’acier sculptées par l’artiste sud africain Marco Cianfanelli, pour le 50 anniversaire de l’arrestation. A une trentaine de mètres on visualise le portrait. Les barres d’acier symbolisent la prison, mais on peut marcher entre les barres métalliques, pénétrer dans la tête de Mandela, entrer dans son esprit… A la fin on s’échappe de cette « prison », symbole spirituel et politique de Mandela vers la liberté.
Robben Island
Cette île, située à 7 km au large de Cap Town, fut une prison de haute sécurité. Elle est devenue musée, déclarée site du patrimoine mondial. On y accède en bateau (le plus ancien, toujours en activité a transporter Mandela et ses compagnons d’infortune). Les guides sont d’anciens prisonniers politiques qui ont vécu ici en captivité. Les conditions de vie étaient très dures, la nourriture sommaire. Les prisonniers cassaient des cailloux dans une carrière de calcaire où la chaleur était écrasante et la luminosité rendait aveugle. Les visiteurs se pressent dans le couloir où se trouve la cellule minuscule de l’homme qui deviendra Président. Il y restera 18 ans Très vite, « Madiba » (nom clanique de Mandela) fédère les prisonniers et Robben Island se transforme en laboratoire politique et en université. Sa notoriété monte. Il symbolise la lutte contre le régime de l’apartheid de plus en plus décrié par la communauté internationale.
En 1982, lui et ses compagnons sont transférés de prison. Deux ans plus tard des négociations secrètes on lieu avec le gouvernement.
En 1990, il est libéré. En fin diplomate, il propose à la minorité blanche une alliance, ce qui va générer de émeutes par le parti zoulou « l’Inkata » qui refuse dans un premier temps ce rapprochement. En 1993 il reçoit avec le président De Klerk, le prix Nobel de la Paix. Un an plus tard il est élu président de la République.
Musée de l’apartheid
On ne peut terminer ce voyage sans se rendre au musée de l’apartheid à Johannesburg. Un lieu de mémoire bouleversant, où l’on plonge dans la folie de la ségrégation, du mépris de l’autre. Dès le guichet d’entrée, vous recevez un ticket différent selon que vous êtes blancs ou noirs, vous passez sous des portiques « nie blankes/non whites » en afrikaans.
Un voyage touristico-historique en Afrique du Sud
Cette première approche par le biais de son histoire récente va nous permettre de poursuivre notre, votre voyage avec plus de sérénité. On va être touché par la vie et la jeunesse de ce pays. En visitant les villes comme Durban, Johannesburg, Le Cap on découvre cette volonté de devenir le pays dont à rêvé Nelson Mandela, même si le chemin est encore long. Un grand écrivain sud africain vient de disparaitre, André Brink, il disait : « Mandela a réussi l’impossible, à ses successeurs, maintenant, de réaliser le possible » (Mandela un héros de notre temps)
Texte et photos J.DOUAY
A suivre… des villes aux savanes…un voyage qui nous fera traverser le pays en découvrant la créativité, Arts et innovations, les richesses comme les diamants, les possibilités touristiques, plages, la faune et la flore, les réserves et une petit bout de France qui nous lie historiquement à ce pays, là tout au bout de l’Afrique.
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Office du Tourisme d’Afrique du sud
93 bis boulevard Exelmans, 75 016Paris
Voyageurs du Monde
55, rue St Anne, 75002 Paris
Tel : 0142861600
Gîte SATYAGRAHA HOUSE
15 Pine Road, Orchards, JOHANNESBURG
Tel : 011 485 5928
A LIRE
Un long chemin vers la liberté, Nelson Mandela (Fayard)
Une saison blanche et sèche, André Brink (livre de poche)
Il n’y a pas d’avenir sans pardon, Desmond Tutu (Albin Michel)
Gandhi ou l’éveil des humiliés, Jacques Attali (Livre de poche)
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2 commentaires
Une vision bien idyllique de l’Afrique du Sud d’où je reviens et où j’ai tellement senti encore aujourd’hui, l’apartheid . Le passage sur Gandhi omet le fait qu’il a terrorisé ses enfants, et a été un vrai despote auprès de sa femme.
Le second volet de l’article arrive bientôt.