Après les fibromes, et les différentes façons de les soigner, Odile Bagot nous parle de la chirurgie de l’utérus.
Eh non, vous ne m’enlèverez pas mon âme de carabin ! Qui d’entre vous se souvient du leitmotiv du tango de la chanson Les bouchers de la Villette de Boris Vian ? « Faut qu’ça saigne ! ».
Alors, âmes sensibles s’abstenir, je vais vous parler de chirurgie. Vous verrez, ce n’est pas si terrible que cela, on a tout de même fait des progrès depuis Ambroise Paré ! De plus, dans la mesure du possible, pour traiter votre fibrome, une fois épuisées toutes les solutions médicales, on a encore des propositions à vous faire avant de vous fendre la paillasse !
Commençons par l’embolisation qui consiste, sous contrôle radiologique d’une équipe médicale entraînée, à monter une sonde par l’artère du pli de l’aisne jusqu’au vaisseau qui alimente le fibrome. Par injection d’un produit qui va boucher l’artère qui nourrit le fibrome, on le prive de son apport sanguin afin qu’il se nécrose et disparaisse. Cette nécrose est très douloureuse et nécessitera des antalgiques majeurs pendant les jours post-opératoires. Ce n’est pas la technique la plus souvent utilisée, loin de là !
Bien plus fréquente est l’hystéroscopie opératoire. Dans un premier temps, sous anesthésie locale ou générale, on explore l’intérieur de l’utérus en passant par les voies naturelles, vagin et col. Si l’on y débusque un fibrome sous-muqueux, on lui fait son affaire en deux tours de cuillère à pot et hop, retour-maison !
Hélas, si le ou les fibromes ne sont pas accessibles par cette voie, on finira tout de même par une hystérectomie en bonne et due forme !
Est-ce qu’on va me faire « la totale » ?
Et voilà la question tant redoutée ! On enlève quoi, au juste ?
Si l’on se contente de l’ablation du fibrome, on parle de myomectomie ; si on n’enlève que le corps de l’utérus, cela s’appelle une hystérectomie subtotale ; et si on prend également le col, il s’agira de la fameuse hystérectomie totale.
Garder le col ou pas ?
Concernant les suites opératoires, il n’y a aucun intérêt à garder le col ni par crainte de prolapsus (descente d’organe), ni du point de vue sexuel tant pour Polo que pour vous. En bonus, plus besoin de vous préoccuper du dépistage du cancer du col !
Quid des ovaires ?
La question est plus complexe que pour le col.
• si vous êtes encore loin de la ménopause et que vos ovaires ont bonne mine, pas question d’y toucher !
• si vous êtes en ménopause déjà avancée, l’ovariectomie n’alourdira pas l’intervention pour autant et vous serez à tout jamais à l’abri du redoutable cancer de l’ovaire
• dans les cas intermédiaires (ménopause récente ou proche, facteur de risque de cancer de l’ovaire), c’est à discuter. En effet, une ménopause induite brutalement par ce qu’il faut bien appeler une castration chirurgicale est plus difficile à supporter, du moins au début, qu’une ménopause naturelle. Le recours au traitement substitutif de la ménopause est alors plus que recommandé !
Et ça se passe comment, une hystérectomie ?
Ben, ça se passe par en haut ou … par en bas !
L’hystérectomie par voie abdominale, donc par « en-haut », se pratique par une incision comme celle d’une césarienne et vous hériterez d’un deuxième sourire juste au-dessus du pubis ! Les suites opératoires nécessitent une hospitalisation de quelques jours puis une convalescence de 15 jours à trois semaines au minimum.
Quand on a la chance d’être éligible pour une hystérectomie par voie vaginale – avoir un utérus pas trop gros qui se laisser gentiment tracter vers le bas -, et de tomber sur un gynéco qui sait faire, c’est royal côté suites opératoires, rien voir avec une voie abdominale ! Ce type d’intervention est très pratiqué en Allemagne et par « contagion » dans ma belle province alsacienne.
En vieille France elle est moins répandue mais elle s’y développe sous la forme de l’hystérectomie coelio-vaginale : on commence par une coelioscopie1 pour dégager l’utérus de ses attaches et on termine par voie vaginale.
Vous voilà maintenant over-informées sur tout ce qui concerne les fibromes et donc en bonne position pour choisir la sauce à laquelle vous acceptez d’être mangées !
1 Intervention à ventre fermé qui ne nécessite que trois petites incisions : une pour l’optique dans le nombril et deux pour les pinces un peu plus bas
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » »]Retrouvez aussi Odile Bagot sur son blog Mam Gynéco et sur sa page Facebook.[/infobox]
2 commentaires
Une petite pensée pour toutes celles qui ont eu leur ventre bien taillade…heureusement que la médecine fait du progrès !
Oui, en effet !