Sandra Legel est une femme énergique et une vraie entrepeneuse. A 47 ans, elle a fondé Biom, une start-up qui réinvente les objets du quotidien et notamment l’indispensable balai brosse pour les toilettes, avec une approche écologique. L’occasion de faire le portrait de cette Boomeuse qui fourmille d’idées pour inventer des produits innovants et éco-conçus Made in France.
Sandra Legel, c’est quoi être une Boomeuse ?
Je suis dans ma cinquantième année (j’aime bien dire ça) et pour moi, il n’y a rien qui change. Je suis pareille que quand j’avais 40 ans ! Je me rends juste plus compte de l’importance de la vie et suis plus consciente des choix que l’on fait. Aujourd’hui, chaque choix a son importance. Avec l’âge et l’expérience, on sait ce qu’on a a envie de faire ou au contraire de ne plus faire. Et c’est vraiment plus marqué à 50 ans qu’à 40 !
Il faut continuer à garder la même énergie, peu importe l’âge qu’on a. Même si l’âge change quand même un tout petit peu la vision qu’on a du monde et des choses qu’on fait. On a plus envie de faire des choses plus sensées, plus réfléchies.
A 47 ans qu’est ce qui vous a donné envie de créer votre société ?
Sandra Legel : j’ai créé la société Biom Paris en 2016. Avant, j’ai fait un peu tout. J’ai été responsable achat Europe pour une grosse société, directrice adjoint dans une société de communication…
Moi je suis vraiment une entrepreneure née ! Ma première société, je l’ai créée il y a 15 ans et j’ai toujours eu cette envie là.
Je l’ai arrêtée parce que cela ne me convenait plus, mais j’ai toujours eu envie de créer à nouveau une société. En avançant dans l’âge je me suis dit que si je faisais quelque chose, il fallait que cela ait du sens. Pas seulement acheter et vendre, ou fabriquer et vendre, non. Je voulais quelque chose de plus positif. A l’époque, il y a 3 ans, on parlait très peu d’écologie et de l’éco-conception. Ce n’était pas encore « tendance ». Depuis cela a beaucoup bougé et j’étais déjà dans cette voie.
Le porte-drapeau de ma société est cette fameuse brosse WC, mais tout de suite derrière, je savais qu’il y avait d’autres produits. À un moment, il faut se lancer pour bâtir après. Et pour faire évidement plein d’erreurs qu’on ne refera plus par la suite. Après, tout est aussi une question de finances. Parce que le nerf de la guerre, ça reste l’argent !
Quelle est la particularité de cette brosse éco innovante ?
L’éco conception, c’est penser en amont du projet le cycle de vie du produit, pour limiter au maximum son impact environnemental. Pour la brosse WC, on a défini en amont 9 paramètres sur lesquels on souhaitait vraiment apporter des améliorations. Par exemple, on a mis au point une tête innovante (qui n’existait pas), capable de résoudre les problématiques que peut poser une brosse pour les toilettes.
La bbb, La Brosse composée de plastique recyclé et bio-sourcé, est la première brosse WC éco-conçue au monde. Son design inspiré par la nature lui permet d’atteindre des zones jusqu’ici inaccessibles, sous les rebords et au fond de la cuvette, grâce à sa tête rebiquée qui rappelle le bec du canard… WC ! La tête sans poils a une conception double face et des picots de différentes longueurs, pour permettre une efficacité optimale des frottements et réduire la quantité des produits d’entretien utilisés. L’écoulement de l’eau est facilité par les nervures incrustées, comme sur les feuilles d’un arbre, pour un système anti-goutte. Fini les gouttes d’eau remplies de microbes qui tombent sur le rebord et le sol…
J’ai donc créé un concept global, et pour les prochains produits que je vais mettre au point, je fonctionne de la même manière. Mon objectif est de faire au mieux ce que je peux faire, mais sans jamais perdre de vue que derrière, il faut pouvoir vendre le produit.
Sandra, est-ce qu’il faut être une femme pour inventer ce type de produit ?
Ah non ! Après, il y a des constats. Aujourd’hui, on voit que le monde a été construit par des hommes. Pour en revenir au balai brosse, 100 % des brosses ont été conçues par des hommes et 90 % des femmes en couple font le ménage.
Les femmes les utilisent et les hommes les conçoivent
Mais encore une fois, je ne suis pas en train de tenir un discours féministe, juste un constat. Ça ne veut pas dire qu’une femme est forcément mieux placée. Je dis juste qu’aujourd’hui, j’ai eu cette opportunité là. Mais je ne suis pas toute seule. J’ai dessiné et fait le croquis du produit, mais derrière, j’ai une équipe pluridisciplinaire et mixte. Pour moi, la question homme/femme, n’existe pas, tout est dans le partage. Il faut faire les choses ensemble et trouver là où on est bon.
Nous les femmes, quand on fait on fait quelque chose, on a l’habitude de le faire de façon globale. Là encore, c’est un constat. Moi, pour créer un produit, je vais regarder tous les angles. Par exemple pour les serviettes que j’ai lancées en janvier, je voulais absolument qu’elles soient en lin et éponge, car le lin est très peu impactant et très peu énergivore. Le lin est cultivé dans le Nord de la France, en Belgique et Hollande, mais malheureusement on ne peut pas trouver d’éponge fabriquée en Europe. Ça n’existe pas, on a donc du la sourcer ailleurs, mais je suis transparente là-dessus avec un discours qui l’explique. J’assume que le lin est européen, et pas l’éponge.
Quels sont vos autres projets ?
Je travaille sur d’autres accessoires dans l’univers de la salle de bain. Notamment un porte-savon et un gobelet qui sont déjà dessinés, et là je suis en train de réaliser une levée de fonds. Ce seront également des produits éco-innovants et éco-conçus avec des nouveautés dans les matières utilisées.
On essaye d’être innovant avec le porte-savon, qui représente un vrai souci pour les ingénieurs qui travaillent dessus. On cherche des solutions pour éviter que le savon fonde et que le porte -savon soit rempli d’eau. Mais je suis aussi réaliste, je suis dans le business. Il faut trouver des solutions, mais si elles prennent trop de temps, je ne pourrais pas, car du temps je n’en ai pas !
Le gobelet, lui, n’a pas la même problématique. On va l’éco-concevoir, avec une taille adaptée -plus petit que ceux qui existent- car on n’a pas besoin de le remplir avec autant d’eau. Tout est réfléchi. Après ce premier univers de la salle de bain, je voudrais créer des produits pour la cuisine.
Pour finir, avantages et inconvénients de la cinquantaine
Avantages : on a pris conscience de ce qui est important dans notre vie, et on va pouvoir le mettre en oeuvre pour profiter de cette deuxième tranche de vie.
Inconvénients : je n’en vois pas.
Aujourd’hui, je n’ai pas l’impression que j’ai changé. Quand j’ai appris que j’étais ménopausée, j’ai dit « moi ménopausée, ce n’est pas possible, ils ont du se tromper ! » On peut très bien vivre sa ménopause sans effet négatif. Evidemment, c’est hormonal et différent pour chaque femme. Pour moi qui suis de nature très dynamique, cela n’a rien changé.
Sauf un peu d’arthrose qui s’est accentuée. Parfois, ça craque un peu plus au niveau des genoux, du dos, du cou, mais encore une fois quand on a la pêche, ça va ! On fait avec, on vieillit, il faut l’accepter. Et j’accepte aussi la vieillesse, les rides, c’est comme ça…
Arielle Granat
Vous trouverez tous les produits Biom sur leur site.
1 commentaire
Merci pour cette découverte