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C’est quoi être une Boomeuse ?
Pour moi, c’est une femme qui ne se préoccupe absolument pas de son âge, qui a encore des rêves et a envie de les réaliser.
A 53 ans, vous avez lancé avec votre fille Caroline (26 ans à l’époque), votre marque Caroline Macaron ? Comment avez-vous eu cette idée ?
J’ai eu un hallux valgus (appelé aussi oignon) vers 40 ans, au début ça allait, puis il a commencé à devenir très gênant. Arrivée à la cinquantaine, j’avais de plus en plus de mal à me chausser et j’ai dû dire adieu à certains modèles qui me faisaient trop souffrir. Du coup, j’ai aussi été obligée changer de tenues, parce qu’avec des derbies et des baskets, on ne porte pas la même chose qu’avec des escarpins. Moi qui les adorent, j’avais beaucoup de mal à l‘idée de ne plus en porter. C’est d’ailleurs parce que je ne m’y résignais pas que l’idée de Caroline Macaron est née début 2011, mais la marque a été lancée commercialement en juin 2012.
Ça a été le point de départ. Quand avec ma fille, nous nous sommes penchées sur cette idée, on s’est aperçues que beaucoup de femmes (même jeunes) souffraient de cette pathologie. On s’est dit que ce n’était pas possible que personne ne fasse rien pour ces femmes ! D’ailleurs nous chaussons des femmes entre 20 et 92 ans !Bien sûr, il existe des chaussures pour Hallux valgus, mais moi, même à 80 ans je n’en aurais pas envie. Elles ne sont pas féminines, et pour une femme qui a envie d’être dans la séduction, de se sentir jolie, ce n’est juste pas possible.
Vous aviez déjà changé de carrière, qu’est ce qui a été différent cette fois ci ?
J’avais déjà changé deux fois de carrière. J’ai fait un premier virage à la quarantaine. Après avoir travaillé pendant 15 ans comme ingénieur, j’ai eu envie de découvrir un autre univers. J’ai trouvé un emploi dans une étude notariale et y suis restée 12 ans.
Cette fois c’est différent, c’est un virage plus important. La première fois, c’était aussi pour faire un métier moins prenant, conciliable avec mes 2 enfants et une vie de famille. Là, ça a été surtout l’envie de faire quelque chose de « fou ». On nous a dit « vous avez un sacré culot ! ». Vous partez d’un besoin, certes, mais vous n’avez aucune connaissance, vous n’êtes pas dans le monde de la chaussure, vous êtes sérieusement « gonflées » les filles ! Mais c’est cela aussi qui nous a plu dans l’aventure. On partait d’une feuille blanche et ça c’est passionnant ! Parce qu’on apprend tout. Caroline et moi sommes très curieuses et avons une grande soif d’apprendre.
Quelle est la particularité de vos chaussures ?
D’abord il a fallu faire un prototype, car je voulais valider que l’on pouvait faire autrement que ce que l’on trouvait dans le commerce. Puis, réflexe de l’ingénieur que je suis, il fallait aussi que je valide l’idée. On a donc fait faire des formes (des pieds en bois puis en plastique, qui permettent ensuite de faire la chaussure) adaptées à cette problématique d’hallux valgus, sans faire des bosses sur les formes. Il est évident qu’il ne fallait pas faire des chaussures avec des bosses, ce n’était pas le but. Il fallait, en gros, globaliser cet hallux Valgus dans une forme qui lui corresponde. On a fait appel à un « formier » anglais, car en France aucun n’a voulu nous en faire comme nous n’étions que des particuliers, et on voulait juste valider une idée. C’est peut-être un signe du destin, mais à cette époque, Caroline habitait en Angleterre, à Northampton, cité de la chaussure, et il y avait un formier dans cette ville. Caroline et moi somme allées le voir, car mon pied servait de modèle ! Il nous a fait notre première forme. Puis Caroline a suivi un stage avec une australienne installée en Angleterre, qui a créé un petit atelier pour apprendre aux gens à confectionner des chaussures. Au retour de Caroline à Tours avec cette expérience, nous avons créé seules notre première paire de d’escarpins. Bon, j’avoue, elle n’était pas super belle !
Mais cela nous a permis de valider l’idée. Puis je les ai portées pour les tester et j’ai vite réalisé que c’était vraiment bien et confortable. A partir de là, on a cherché un fabrican
Notre chaussure est pensée différemment à plusieurs niveaux : la largeur bien sûr, mais aussi l’appui. Il existe des chaussures grandes largeurs, mais le problème de la douleur ne vient pas que de là. On a créé un vrai appui pour l’Hallux valgus afin qu’il ne soit pas dans le vide, même s’il est englobé dans la chaussure.
Et on a aussi travaillé sur le patronage, il n’y aucune couture à ce niveau là. On utilise des matériaux particuliers, on ne travaille qu’avec la chèvre beaucoup plus souple.
Comment fonctionne votre collection ?
Au départ, on a dessiné les modèles avec le bureau d’étude de l’usine, et maintenant on commence à travailler avec une styliste.
C’est une petite collection, car la fabrication de chaque modèle est assez complexe et demande beaucoup de mises au point. On part sur une base de 4 modèles sur laquelle l’on propose des variantes de couleurs. On ajoute des sandales l’été et des boots l’hiver. Pour l’instant, nos chaussures sont vendues exclusivement sur Internet. Mais je donne un conseil spécialisé pour prendre les bonnes mesures, envoyer des photos. Et s’il y a le moindre problème, nous reprenons la chaussure. Pour les femmes qui habitent à Tours, elles peuvent aussi venir à notre show-room.
Travailler avec sa fille, c’est comment ?
Tout le monde nous demande comment on fait. Même les amies de ma fille lui posent cette question. Mais au contraire, ça nous a rapprochées car on vit ensemble les émotions, qu’elle soient positives ou négatives. Cela a créé une complicité énorme entre nous, même si l’on n’est pas toujours d’accord. Ce qui est bien, c’est aussi d’avoir la vision de 2 générations. Elle a fait des études de marketing, moi d’ingénieur, on se complète bien. Elle est au fait de qui se passe sur le Net et les réseaux sociaux, et moi je suis plus sur le côté technique, la relation avec l’usine, la fabrication.
A 50 ans, c’est une nouvelle vie ?
Ça permet de se lever le matin avec l’envie de travailler, et à cet âge là, c’est important. J’ai la même motivation qu’à 25 ans quand je commençais mon métier d’ingénieur, et que je partais travailler avec beaucoup de plaisir.
Il y a la même énergie, le même dynamisme, la même joie.
Vous avez d’autres projets ?
Oui. On a envie déjà de bien asseoir Caroline Macaron, de développer notre collection et peut-être ouvrir une boutique à Paris.
Et on a aussi envie de lancer une marque de vêtements, parce que je pense qu’il y a un manque pour les femmes de 50 ans. Ce n’est pas évident pour elles de trouver des vêtement ni trop « dames », ni trop jeunes et ridicules. J’ai eu cette idée lorsque je suis allée dans un boutique (qui va jusqu’au 46) que je trouvais adaptée à mon style, et que je n’ai vu que du 34 et 36 en rayon. Je me suis dit qu’il y avait quand même un problème. Et quand j’ai questionné la vendeuse pour savoir s’il n’y avait que des petites tailles, elle m’a répondu : « non, pas du tout, les grandes taille sont derrières » !
Je me suis dit ce n’est pas possible, c’est du grand n’importe quoi… ils ont honte d’exposer ces tailles, ça m’a mis mal à l’aise.
J’aimerais faire une marque en 42, 44 et 46. Je pense qu’un modèle qui est créé pour être beau en 36, même si on l’agrandit , il ne sera pas forcement joli en 42.
Avantages et inconvénients de la cinquantaine ?
Les avantages : il y a une certaine sérénité que l’on n’a pas forcément avant, on sait ce qu’on veut ou pas. On va plus vite dans ses choix. On tergiverse moins. Peut être parce que l’on a pas le temps de passer du temps à réfléchir, que maintenant il faut agir. Que c’est maintenant et pas demain, car on se doute bien qu’à la cinquantaine, il ne reste pas non plus 30 ans à avoir la pêche et du dynamisme.
Les inconvénients : les petits soucis de santé que j’essaye de contourner. Je fais tout pour éviter de prendre des traitements médicamenteux.
Par exemple, j’ai de l’arthrose au genou, j’ai demandé des conseils pour éviter les anti-inflammatoires, en faisant du sport spécifique pour me muscler les cuisses. Et ça marche ! Depuis six mois que je fais cela, je n’ai quasiment plus de douleurs.
Je pense qu’à 50 ans, il faut avoir une activité physique si on veut rester en forme. Jusque-là je n’en avais pas ressenti le besoin, mais maintenant oui. Je fais ces exercices et de la natation.
Arrivée à la cinquantaine, ce qui nous manque peut-être c’est de retrouver des projets qui soient positifs, dynamiques et qui nous apportent beaucoup d’émotions.
Oui, c’est ça qui est important, les émotion !
Découvrir la collection Caroline Macaron
Arielle Granat
Portrait d’une Boomeuse comme on les aime : Catherine Lebée, 57 ans, femme enthousiaste et dynamique qui a fondé avec sa fille Caroline, la marque Caroline Macaron, une ligne de chaussures féminines et élégantes pour les pieds souffrant d’hallux valgus. Une petite révolution pour les femmes.
C’est quoi être une Boomeuse ?
Pour moi, c’est une femme qui ne se préoccupe absolument pas de son âge, qui a encore des rêves et a envie de les réaliser.
A 53 ans, vous avez lancé avec votre fille Caroline (26 ans à l’époque), votre marque Caroline Macaron ? Comment avez-vous eu cette idée ?
J’ai eu un hallux valgus (appelé aussi oignon) vers 40 ans, au début ça allait, puis il a commencé à devenir très gênant. Arrivée à la cinquantaine, j’avais de plus en plus de mal à me chausser et j’ai dû dire adieu à certains modèles qui me faisaient trop souffrir. Du coup, j’ai aussi été obligée changer de tenues, parce qu’avec des derbies et des baskets, on ne porte pas la même chose qu’avec des escarpins. Moi qui les adorent, j’avais beaucoup de mal à l‘idée de ne plus en porter. C’est d’ailleurs parce que je ne m’y résignais pas que l’idée de Caroline Macaron est née début 2011, mais la marque a été lancée commercialement en juin 2012.
Ça a été le point de départ. Quand avec ma fille, nous nous sommes penchées sur cette idée, on s’est aperçues que beaucoup de femmes (même jeunes) souffraient de cette pathologie. On s’est dit que ce n’était pas possible que personne ne fasse rien pour ces femmes ! D’ailleurs nous chaussons des femmes entre 20 et 92 ans !Bien sûr, il existe des chaussures pour Hallux valgus, mais moi, même à 80 ans je n’en aurais pas envie. Elles ne sont pas féminines, et pour une femme qui a envie d’être dans la séduction, de se sentir jolie, ce n’est juste pas possible.
Vous aviez déjà changé de carrière, qu’est ce qui a été différent cette fois ci ?
J’avais déjà changé deux fois de carrière. J’ai fait un premier virage à la quarantaine. Après avoir travaillé pendant 15 ans comme ingénieur, j’ai eu envie de découvrir un autre univers. J’ai trouvé un emploi dans une étude notariale et y suis restée 12 ans.
Cette fois c’est différent, c’est un virage plus important. La première fois, c’était aussi pour faire un métier moins prenant, conciliable avec mes 2 enfants et une vie de famille. Là, ça a été surtout l’envie de faire quelque chose de « fou ». On nous a dit « vous avez un sacré culot ! ». Vous partez d’un besoin, certes, mais vous n’avez aucune connaissance, vous n’êtes pas dans le monde de la chaussure, vous êtes sérieusement « gonflées » les filles ! Mais c’est cela aussi qui nous a plu dans l’aventure. On partait d’une feuille blanche et ça c’est passionnant ! Parce qu’on apprend tout. Caroline et moi sommes très curieuses et avons une grande soif d’apprendre.
Quelle est la particularité de vos chaussures ?
D’abord il a fallu faire un prototype, car je voulais valider que l’on pouvait faire autrement que ce que l’on trouvait dans le commerce. Puis, réflexe de l’ingénieur que je suis, il fallait aussi que je valide l’idée. On a donc fait faire des formes (des pieds en bois puis en plastique, qui permettent ensuite de faire la chaussure) adaptées à cette problématique d’hallux valgus, sans faire des bosses sur les formes. Il est évident qu’il ne fallait pas faire des chaussures avec des bosses, ce n’était pas le but. Il fallait, en gros, globaliser cet hallux Valgus dans une forme qui lui corresponde. On a fait appel à un « formier » anglais, car en France aucun n’a voulu nous en faire comme nous n’étions que des particuliers, et on voulait juste valider une idée. C’est peut-être un signe du destin, mais à cette époque, Caroline habitait en Angleterre, à Northampton, cité de la chaussure, et il y avait un formier dans cette ville. Caroline et moi somme allées le voir, car mon pied servait de modèle ! Il nous a fait notre première forme. Puis Caroline a suivi un stage avec une australienne installée en Angleterre, qui a créé un petit atelier pour apprendre aux gens à confectionner des chaussures. Au retour de Caroline à Tours avec cette expérience, nous avons créé seules notre première paire de d’escarpins. Bon, j’avoue, elle n’était pas super belle !
Mais cela nous a permis de valider l’idée. Puis je les ai portées pour les tester et j’ai vite réalisé que c’était vraiment bien et confortable. A partir de là, on a cherché un fabrican
Notre chaussure est pensée différemment à plusieurs niveaux : la largeur bien sûr, mais aussi l’appui. Il existe des chaussures grandes largeurs, mais le problème de la douleur ne vient pas que de là. On a créé un vrai appui pour l’Hallux valgus afin qu’il ne soit pas dans le vide, même s’il est englobé dans la chaussure.
Et on a aussi travaillé sur le patronage, il n’y aucune couture à ce niveau là. On utilise des matériaux particuliers, on ne travaille qu’avec la chèvre beaucoup plus souple.
Comment fonctionne votre collection ?
Au départ, on a dessiné les modèles avec le bureau d’étude de l’usine, et maintenant on commence à travailler avec une styliste.
C’est une petite collection, car la fabrication de chaque modèle est assez complexe et demande beaucoup de mises au point. On part sur une base de 4 modèles sur laquelle l’on propose des variantes de couleurs. On ajoute des sandales l’été et des boots l’hiver. Pour l’instant, nos chaussures sont vendues exclusivement sur Internet. Mais je donne un conseil spécialisé pour prendre les bonnes mesures, envoyer des photos. Et s’il y a le moindre problème, nous reprenons la chaussure. Pour les femmes qui habitent à Tours, elles peuvent aussi venir à notre show-room.
Travailler avec sa fille, c’est comment ?
Tout le monde nous demande comment on fait. Même les amies de ma fille lui posent cette question. Mais au contraire, ça nous a rapprochées car on vit ensemble les émotions, qu’elle soient positives ou négatives. Cela a créé une complicité énorme entre nous, même si l’on n’est pas toujours d’accord. Ce qui est bien, c’est aussi d’avoir la vision de 2 générations. Elle a fait des études de marketing, moi d’ingénieur, on se complète bien. Elle est au fait de qui se passe sur le Net et les réseaux sociaux, et moi je suis plus sur le côté technique, la relation avec l’usine, la fabrication.
A 50 ans, c’est une nouvelle vie ?
Ça permet de se lever le matin avec l’envie de travailler, et à cet âge là, c’est important. J’ai la même motivation qu’à 25 ans quand je commençais mon métier d’ingénieur, et que je partais travailler avec beaucoup de plaisir.
Il y a la même énergie, le même dynamisme, la même joie.
Vous avez d’autres projets ?
Oui. On a envie déjà de bien asseoir Caroline Macaron, de développer notre collection et peut-être ouvrir une boutique à Paris.
Et on a aussi envie de lancer une marque de vêtements, parce que je pense qu’il y a un manque pour les femmes de 50 ans. Ce n’est pas évident pour elles de trouver des vêtement ni trop « dames », ni trop jeunes et ridicules. J’ai eu cette idée lorsque je suis allée dans un boutique (qui va jusqu’au 46) que je trouvais adaptée à mon style, et que je n’ai vu que du 34 et 36 en rayon. Je me suis dit qu’il y avait quand même un problème. Et quand j’ai questionné la vendeuse pour savoir s’il n’y avait que des petites tailles, elle m’a répondu : « non, pas du tout, les grandes taille sont derrières » !
Je me suis dit ce n’est pas possible, c’est du grand n’importe quoi… ils ont honte d’exposer ces tailles, ça m’a mis mal à l’aise.
J’aimerais faire une marque en 42, 44 et 46. Je pense qu’un modèle qui est créé pour être beau en 36, même si on l’agrandit , il ne sera pas forcement joli en 42.
Avantages et inconvénients de la cinquantaine ?
Les avantages : il y a une certaine sérénité que l’on n’a pas forcément avant, on sait ce qu’on veut ou pas. On va plus vite dans ses choix. On tergiverse moins. Peut être parce que l’on a pas le temps de passer du temps à réfléchir, que maintenant il faut agir. Que c’est maintenant et pas demain, car on se doute bien qu’à la cinquantaine, il ne reste pas non plus 30 ans à avoir la pêche et du dynamisme.
Les inconvénients : les petits soucis de santé que j’essaye de contourner. Je fais tout pour éviter de prendre des traitements médicamenteux.
Par exemple, j’ai de l’arthrose au genou, j’ai demandé des conseils pour éviter les anti-inflammatoires, en faisant du sport spécifique pour me muscler les cuisses. Et ça marche ! Depuis six mois que je fais cela, je n’ai quasiment plus de douleurs.
Je pense qu’à 50 ans, il faut avoir une activité physique si on veut rester en forme. Jusque-là je n’en avais pas ressenti le besoin, mais maintenant oui. Je fais ces exercices et de la natation.
Arrivée à la cinquantaine, ce qui nous manque peut-être c’est de retrouver des projets qui soient positifs, dynamiques et qui nous apportent beaucoup d’émotions.
Oui, c’est ça qui est important, les émotion !
Découvrir la collection Caroline Macaron
Arielle Granat
2 commentaires
Nous avons déjà « rencontré » cette femme sur d’autres blogs – un joli portrait d’une femme qui a eu une très bonne idée ! Ce n’est pas évident de créer en tenant compte des problèmes. En plus, les chaussures sont vraiment chics !
Oui un joli portrait de Boomeuse qui a encore de beaux projets !