je ne me souviens pas

“Je ne me souviens pas“ de Mathieu Lindon, magnifié sur scène par Christophe Dellocque

par Arielle Granat

Repris au Théâtre des Déchargeurs, le spectacle “Je ne me souviens pas“, émouvant texte de Mathieu Lindon publié en 2016 (P.O.L.), est porté par l’extraordinaire interprétation de Christophe Dellocque.

je ne me souviens pas

©Christophe Raynaud de Lage


Prenant le contrepied du célèbre texte de Georges Perec Je me souviens, dont Samy Frey s’était fait l’incontournable voix sur scène, l’écrivain et journaliste Mathieu Lindon s’était livré à un exercice périlleux, empruntant et inversant le concept de l’auteur de La vie mode d’emploi pour se livrer à une litanie parfois désespérante, toujours touchante, de ses premiers “non-souvenirs“ d’enfance, puis de ceux de son existence d’homme.
Sur la scène du Théâtre des Déchargeurs, c’est Christophe Dellocque, impressionnant de sobriété et de sensibilité, qui donne corps à ce texte puissant, sorte de “J’ai la mémoire qui flanche“ qui fait mouche par son universalité.
Tout y passe, de l’absurde “Je ne me souviens pas du vase de Soissons“ en préambule d’une suite de “trous de mémoire“ d’une vie d’enfant qui se rêvait caïd de sa classe, qui ne se souvient pas du premier livre qu’il a lu… puis d’ado découvrant sa sexualité, d’adulte, entre dragues homosexuelles à la fois hilarantes et pathétiques, et réflexions existentielles intimes, emplies d’auto-dérision.
Dans une superbe scénographie minimaliste de Sylvain Maurice, Christophe Dellocque s’approprie totalement le beau texte de Mathieu Lindon, dansant et chantonnant lors de séquences musicales lumineuses sur fond d’électro-funk, qui revisite l’esprit des clubs gay avec délectation.
On est émerveillés par ce spectacle, qui se clôt sur la sublime musique du film Une place au soleil, composée par Frank Waxman.
Et l’on s’en souviendra longtemps.
Je ne me souviens pas de Mathieu Lindon, avec Christophe Dellocque.
Jusqu’au 30 novembre, du mardi au samedi à 21 h. 
Durée 50 minutes
Les déchargeurs
3 rue des déchargeurs, 75001 Paris
 Arielle Granat

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Elsa M 28 novembre 2019 - 16h41

Un texte qui n’a rien perdu de sa force.

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