Cet « Avenir » a une odeur et une couleur de présent : celui de Nathalie (merveilleuse Isabelle Huppert qui se confond avec son rôle), professeur de philosophie qui se retrouve du jour ou lendemain dans une totale liberté.
Je vous fais grâce du synopsis qu’on trouve partout, j’ai plutôt envie d’interroger ce film qui nous pose, à nous quinqua et plus, les questions qui peuvent être nôtres :
Que faire de cette liberté qui nous tombe dessus un jour quand un mariage qui dure depuis 25 ans part en vrille, quand les enfants ont pris leur envol, quand les parents deviennent dépendants puis disparaissent, quand la situation professionnelle qu’on pensait établie se trouve remise en cause ?
« Mais alors, je suis libre ? » demande Nathalie à son jeune protégé, Fabien, ancien élève devenu un brillant philosophe (Roman Kolinka) ,dont elle ne partage plus les idées libertaires mais avec qui une nouvelle relation se crée.
Peut-on trouver encore, dans la vie intellectuelle, un palliatif à cette solitude imposée, quand les certitudes ont depuis longtemps vacillé ? Comment vivre le temps qui reste ? Le pathos n’a pas sa place ici, c’est doux et lumineux, malgré les pleurs qui surgissent sans bien même que Nathalie sache pourquoi. Le film sonne l’abandon aux choses de la vie, on ne se projette pas mais l’avenir s’écrit doucement avec la vie qui repart autrement : les petits enfants qui naissent, le rapport aux élèves qui grandissent et fourmillent, eux, de projets, l’humour aussi qui jaillit là où on ne l’attend pas avec Pandora, le chat noir capricieux.
On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux (La Nouvelle Héloïse) lit Nathalie à ses élèves de lycée . C’est là une des clefs du film.
Lui reprocher son intellectualisme, comme certains le font çà et là dans les critiques ce serait nier sa sensualité, son intense émotion. Pas de psychologie à deux euros ici, mais des rencontres sans barrière dans la chaleur de l’été ou avec la neige de l’hiver, pour Nathalie qui s’ouvre à d’autres relations, à d’autres manières de penser : « Pendant vingt ans nous avons écouté les mêmes disques ». Comme la ferme où Fabien s’est installé reste vivante et chaleureuse dans l’opposition des deux saisons filmées avec un grand bonheur ! La vie peut commencer aussi après 50 ans, c’est ce qu’on retient…
Le cinéma de Mia Hansen-Love est décidément mélodieux, à l’image de cette pensée paradoxale du mari de Nathalie « La musique est faite pour être vue, pas seulement entendue ». On s’attend à une histoire d’avenir et on se trouve à repenser le présent, ça fait du bien….
L’avenir de Mia Hansen-Løve, avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka.
Dominique Mallié
L'Avenir, le dernier film de Mia Hansen-Løve
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2 commentaires
Un film que nous irons sûrement voir, à condition de trouver un petit moment…
très envie ce film!!! mais mon mari, pas du tout. Nous n’avons pas les mèmes gouts ciné !!!!
Peut être irais-je seule mais…..