Vienne, une ville qui tourbillonne

par Evelyne Dreyfus

Vienne redevient un tourbillon. De ses palais impériaux et de ses nombreux lieux de spectacle, on serait à peine étonnés de voir sortir Sissi au bras de l’empereur François-Joseph dont Vienne commémore toute cette année la disparition voici juste cent ans, après 68 ans de règne.
Vienne, nommée cette année pour la septième fois, Ville la plus agréable à vivre du monde, émet un sentiment d’insouciance et de quiétude. Les salles de concert, d’opéra, de théâtre sont pleines tous les soirs. La capitale autrichienne foisonne de musées d’art classique ou moderne. Johann Strauss, père et fils seraient à coup sûr ravis de voir que Vienne chante et danse encore et toujours : la saison des bals viennois, auxquels tout un chacun peut assister, en compte plus de 450 et les ados fréquentent toujours les cours de danses de salon, parfois même par le biais de leur école.
Pour autant Vienne n’est pas conservée dans le formol. Elle bouge. Parfois même de façon inattendue. Des galeries d’art contemporain s’ouvrent dans plusieurs quartiers, une association Space and Place, propose avec humour de visiter les lieux les plus laids et les architectures les plus ratées de la ville ; un magnifique café à l’ancienne, le Supersense, propose de multiples activités … à l’ancienne : faire des photos polaroid, imprimer sa carte postale sur une vieille machine à imprimer ou faire graver un petit disque vinyle après s’être enregistré dans une ancienne cabine téléphonique transformée en studio d’enregistrement ; le tout nouvel hôtel Grand Ferdinand, 4/5 étoiles, en plein centre, offre aussi des dortoirs très chics pour 6 ou 8 personnes pour 30 € la nuit par individu.

Vienne. Les Boomeuses

Les dortoirs très chics de l’hôtel Grand Ferdinand

ET PUIS A VIENNE, IL Y A LES CAFES

Les grands cafés viennois. De véritables institutions historiques pour certains, classés d’ailleurs au patrimoine immatériel de l’UNESCO. En vous y installant, le temps d’un déjeuner ou d’un simple café (enfin lorsque vous aurez choisi le vôtre parmi la quinzaine de formules différentes que les cafetiers viennois vous proposent) prenez votre temps. Car ces lieux ne sont pas anodins. Ils ont vu passer, fin 19ème et début 20ème siècles, les esprits les plus éclairés et raffinés d’Europe. Leurs murs ont vu s’y attarder Arthur Schnitzler ou Stefan Zweig, Gustav Mahler ou Bruno Walter, Hugo von Hofmannsthal et Sigmund Freud. Face à l’Opéra, impossible de manquer s’asseoir dans l’un des fauteuils rouges du café Sacher  attenant au célèbre Hôtel du même nom. A l’endroit même où Vivaldi avait sa maison, le Sacher est devenu hôtel de prestige depuis 1876.

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Le célèbre hôtel Sacher, attenant au café du même nom


Si la part gourmande de ce lieu (le célèbre gâteau chocolaté qu’est la Sachertorte, l’originale) peut s’emporter facilement, la force évocatrice de la vie du lieu se ressent sur place. Toujours aux mains des descendants de la famille Sacher, les 149 chambres et suites ainsi que le café restent le lieu de passage incontournable des célébrités de tous pays. En témoignent les centaines de photos allant du hall jusqu’en haut des escaliers ainsi qu’une originalité maison : la nappe à autographes. Une idée déjà de l’aïeule Anna Sacher, de faire signer leur autographe par les célébrités de chaque époque. Sur la première de ces nappes (il en existe déjà trois) se trouve même, parmi 250 signatures, et en plein centre, la signature de l’empereur François Joseph. Magda Schneider conseillait vivement à sa fille Romy Schneider de « se montrer chez Sacher ». En rencontrant ici Ernst Marischka, elle a démarré sa fulgurante carrière cinématographique avec les films Sissi. Aujourd’hui encore, Sacher est un lieu de rencontres entre artistes de renom, ce qui, parfois, aboutit, à des projets communs.
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Le célèbre gâteau chocolaté, la Sachertorte

VIENNE, LA MODERNITE A L’ANCIENNE

Au Café Landtmann, près de l’université et de l’hôtel de ville, autre ambiance. Très élégant et plus dépouillé que le flamboyant Sacher, le Landtmann qui date de 1873 (il était, à l’époque le plus grand et le plus élégant des cafés), est devenu le repère des hommes politiques et du monde de l’économie. Lui aussi a vu passer bien des célébrités : de Sigmund Freud, Gustav Mahler, Max Reinhardt, Marlene Dietrich, Burt Lancaster… jusqu’à Hillary Clinton et Paul Mc Cartney. Flexibilité totale, le café est ouvert de 7h30 à minuit tous les jours et on peut y manger à toute heure. C’est un café moderne « à l’ancienne ». Des dizaines de journaux sont toujours accrochés à leurs tiges de bois comme dans tous les cafés viennois, mais des travaux ont permis de s’adapter au monde contemporain sans que ce soit perceptible. Ainsi chaque banquette entourant les tables comporte des prises pour recharger téléphones ou tablettes et le café met gratuitement à disposition de ses clients un kiosque électronique, normalement payant, pour leur permettre de télécharger journaux et magazines, parmi 140 titres internationaux.

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Le café Landtmann, repère des hommes politiques et du monde de l’économie


Toute la vieille ville est ainsi parsemée de ces établissements où, aujourd’hui encore, on s’attarde pour rêver, se reposer, réfléchir et savourer, seul ou entre amis, le confort du bien être. Il n’est pas de coutume de vous bousculer, vous pouvez prendre tout votre temps même avec un seul café. Certains, comme le Hawelka dans la Dorotheergasse, restent essentiellement un point de rencontre des Viennois et particulièrement des artistes. Chez Hawelka, les connaisseurs savent qu’après 22h sont servies les Buchteln fraîches (une spécialité à base de pâte levée et fourrée de marmelade)
 

INFOS PRATIQUES

Y ALLER : De Paris, Vienne est accessible en 1h50 depuis Paris par plusieurs compagnies (comptez entre 70 et 190 € pour les vols low-cost selon les dates). On peut aussi s’y rendre en train.
A VOIR : Un seul conseil, feuilletez un guide ou consultez le site très complet et détaillé de l’office autrichien du tourisme en France car la liste des sites, des lieux, des événements est d’une telle abondance qu’il vous faudra faire des choix selon vos goûts. De toute façon en parcourant à pieds le centre de la vieille ville vous tomberez sans discontinuer sur les lieux incontournables comme l’Opéra, le Palais impérial, l’avenue des Musées, les grandes salles de concert et autres lieux mythiques.
BON A SAVOIR : le municipalité propose à l’office de tourisme de Vienne aussi bien que dans les hôtels ou en ligne, la Vienna Card Pour 18,90 € (48h) ou 21,90 € (72h), elle permet de circuler gratuitement sur tout le réseau des transports en commun viennois qui vous mènent facilement et absolument partout, et de bénéficier de réductions et d’offres spéciales dans de nombreux musées, magasins, cafés et restos de la capitale.
BONNES TABLES CONFIDENTIELLES :
Skopik und Lohn, cuisine fusion très raffinée
-Restaurant étoilé ou bistro attenant de Konstantin Filippou

Gasthaus Wolf pour une cuisine viennoise plus typique
 
 
Evelyne Dreyfus  

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3 commentaires

matchingpoints 9 avril 2016 - 14h05

Vous avez raison, Vienne est une ville qui a quelques adresses qui rappellent le « bon vieux temps ». Votre post nous donne envie d’y retourner …

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Les Boomeuses 9 avril 2016 - 18h27

Ou, en effet on a envie d’aller (re)découvrir cette ville qui allie avec charme tradition et modernité !

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dominique mallié 9 avril 2016 - 22h50

Vous m’avez offert là un petit come-back dans mon histoire d’étudiante. J’ai passé une année entre Vienne et Graz… je retrouve l’ambiance dans votre article qui de fait m’a émue … quelle belle ville en effet et merci pour ces adresses, j’ai envie d’y retourner 🙂

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