Vérone, ville lyrique

par Evelyne Dreyfus

Romantique en diable quand elle n’est pas kitsch à certains égards (« Vérone qu’as-tu fait de deux amants si beaux qui s’appelaient je crois Juliette et Roméo … » chantait à raison Isabelle Aubret) Vérone est une ville musique et une sorte de prototype de tout ce que notre imaginaire attribue à l’irrésistible Italie.
Dans le cœur historique de la ville, environné de palais et de tours, sur la piazza dei Signori, domine la grande statue de Dante Alighieri qui, lors de son exil de Florence, fut accueilli ici par la famille seigneuriale des Scaligeri. On s’attable devant un vrai cappuccino made in Italy ou devant un plat de pastas à toutes les sauces et toujours délicieuses. Vérone est fait pour traîner, traverser les nombreuses places, flâner le long des berges de l’Adige, se faufiler à travers rues et ruelles au milieu d’une population extrêmement bon enfant en dépit de l’afflux touristique estival.  Deux lieux aimantent tout visiteur passant par cette cité de Vénétie : la Maison de Juliette et les Arènes.
 
Les Arènes de Vérone, temple de l’art lyrique
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Les Arènes imposent majestueusement leurs arcades et leurs gradins en pierre en plein cœur de la ville. Elles s’imposent à double titre. Celui d’arènes figurant parmi les mieux conservées de l’époque romaine et celui de temple de l’art lyrique. Le Festival, qui se déroule chaque année depuis 1913 en plein air de juin à septembre, attire pour chaque édition 500 000 touristes épris d’art lyrique dans sa version hyper-classique. La moitié d’entre eux revient deux ou trois années consécutives. Pas de mise en scène minimalisme ou fantaisiste à espérer ou à craindre ici. Ce serait carrément impensable. Avec leurs 13 600 places, les Arènes de Vérone sont un temple du classicisme. Seule innovation annuelle : une nouvelle version scénique de l’un des opéras fétiches évoluant en majorité entre Verdi, Puccini, Rossini ou Bizet. Aucun Véronais n’a échappé au bain lyrique : tous les jeunes de la cité sont passés par là pour leur job d’été. Ressource majeure pour la ville, ce festival génère 500 millions d’euros de recettes chaque année aux dires de Corrado Ferraro, directeur commercial et marketing. Les Italiens ne sont pas en reste : ils représentent toujours 45 % du public venant parfois en famille. L’opéra s’apprend au berceau ou presque et génère une culture du belcanto à laquelle les Italiens marquent un respect qui se traduit entre autres par l’élégance des tenues et du maquillage.

Bien qu’en plein air et parmi des milliers de spectateurs, coiffure, maquillage, robes de mousseline, parfums et bijoux sont de sortie pour les dames accompagnées parfois de costumes Armani ou d’accessoires Prada ou Ferragamo sur le dos de leurs compagnons

Parfois les tenues ne sont pas griffées mais imposent toujours cette question : comment font-elles (ou ils) pour porter avec  tant d’aisance les tenues les plus simples comme les plus sophistiquées… Un vrai spectacle en soi auquel s’ajoute la certitude d’être bien en Italie et nulle part ailleurs lorsqu’après un air fameux  un « bravo Mario » s’élève pour un Don José sur scène ou un Bravo Maestro destiné au chef d’orchestre.

 
La Casa di Giulietta
L’autre point de mire où se déversent des milliers de touristes est la Casa di Giulietta. Autrement dit la maison de Juliette et  son célèbre balcon ou Roméo venait lui déclarer sa flamme. Stupéfiant lieu de pèlerinage autour de personnages n’ayant existé que dans l’imagination fertile et talentueuse de Shakespeare. Lequel doit se retourner dans sa tombe (la sienne et non pas celle tout aussi fictive de Juliette   dans le cloître de l’église de S. Francesco al Corso où Juliette épousa Roméo selon la pièce) en constatant ce qu’on a fait de ces symboles devenus universels de l’amour à mort. La maison a certes appartenu à une famille Dal Cappello (pas très éloigné de Capulet) mais point de Juliette et pas davantage de Roméo. Ce qui n’empêche que les amoureux du monde entier s’engouffrent dans la petite cour menant à la maison pour y inscrire, sur les murs, les serments d’amour-toujours. Le bon goût étant universel, on y trouve aussi un mur encollé de chewing-gums jumeaux où sont inscrits des couples de noms ou d’initiales ou des petits pansements suivant la même inspiration.  Sans parler des légions faisant la queue pour se faire photographier, une main posée sur le sein d’une Juliette en bronze, ou pour monter à l’étage et tenter d’arriver à se faire photographier, regard langoureux en prime, sur le balcon de Juliette qui, soit-dit en passant, a été rajouté pour les besoins de la cause… en 1940. Mais soyez sans inquiétude, en passant par Vérone, vous vous y rendrez vous aussi, c’est inévitable d’autant que la Casa se trouve au bout de la via Mazzini bordée des plus belles boutiques de la ville. Et Vérone sait entretenir le mythe à loisir. Il n’est pas rare de rencontrer le panneau « Si tu aimes quelqu’un emmène-le à Vérone ». Une véritable manne touristique est à la clé.
 
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Hormis ces deux monstres touristiques Vérone est pleine de ressources de la Piazza delle Erbe à la Piazza dei Signori avec leurs palais, du Castelvecchi aux arches Scaligeri ou à la basilique San Zeno devant laquelle un très intéressant marché aux antiquités se tient en fin de semaine. La ville est également très bien située toute proche du Lac de Garde autour duquel tant d’écrivains et d’artistes ont vécu, proche aussi de Mantoue, de Padoue et, bien sûr, de Venise.
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Informations pratiques 

 
Y ALLER
Plusieurs compagnies d’aviation : Air France, Hop, Lufthansa, Alitalia, Easyjet, desservent la ville mais la plupart du temps depuis Paris
GASTRONOMIE
A l’évidence, on mange très bien en Vénétie à des prix (sauf à Venise) abordables. Les pastas sous toutes les formes (et même, spécialité de Mantoue, la tarte aux spaghettis sur un lit de pâte d’amande), le risotto, le foie de veau à la vénitienne accompagnés bien sûr du vin de la région, le Valpolicella. Sans compter les délicieuses « gelati » que l’on trouve à n’importe quel coin de rue.
OÙ LOGER ?
Appartements en location, hôtels, maisons de vacances sont proposés en nombre à  tous les prix. Si vous n’hésitez pas à vous loger hors des villes, voici une découverte à partager : Tenuta Le Cave, à Tregnago, ouvert en 2013 à environ 40 mn de Vérone. Ce boutique hôtel de charme encore confidentiel, de seulement 12 chambres (d’où la nécessité de réserver assez tôt), est un coin de paradis au milieu des vignes du Valpolicella avec une vue magnifique et des chambres au goût extrêmement raffiné. Piscine et spa à disposition. Cave a vin du producteur sur place. 

 
Evelyne Dreyfus
 
 
 

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