La Rioja : vin, passion et tradition

par Jacques Douay

la-rioja--Les-Boomeuses

Je pars à la découverte de la Rioja, cette petite région d’Espagne, renommée pour sa vigne et son vin.
La Rioja est traversée par un des chemins menant à Saint Jacques de Compostelle, un chemin initiatique qui va me permettre de goûter les produits de cette terre et visiter des lieux sacrés.
Il s’agit du premier itinéraire culturel européen et Patrimoine Universel de l’Humanité.
 

Logrono, la capitale de la région

Logrono, capitale de la région, est ma première étape. J’entre dans la ville par le pont de Pierre et de Fer qui enjambe de ses douze arches l’Ebre.
La rue Vieja, la plus ancienne de la cité, me conduit à une petite place à côté de l’église Santiago et sa façade baroque. Sur le côté j’y découvre gravé sur les dalles, un immense jeu de l’oie, où la dernière case signifierait la fin du chemin de St Jacques. Juste à côté la Fontaine des Pèlerins.
 

 

La « rue des éléphants » dans la vieille ville

Je suis les ruelles pavées…  «  pavées de bonnes intentions  » puisqu’elles me mènent au cœur de la vieille ville, dans la rue Laurel. La « rue des éléphants », un cœur qui palpite autour d’une centaine de bars à vin et tapas, chacun ayant sa spécialité. Jeunes et vieux se côtoient dans une ambiance joyeuse. On y déguste aubergines farcies, petits pains à la tomate et jambon, brochettes aux champignons. Sur les tonneaux devant l’étal, les verres s’entrechoquent. Les voix portent haut, les commentaires sur la crise, la politique, sans oublier le football regardé sur un écran de télé qui dispute sa place aux jambons accrochés au plafond.
Le vin y est bon et les prix raisonnables. Le « sentier des éléphants »  (nom donné aux personnes ayant un peu trop bu) ravit les touristes. Un peu plus loin, la rue St Juan, la population locale y a ses habitudes. On déguste des pommes de terre grillées, du bœuf à la confiture de figue, des friands aux champignons et aux crevettes. C’est un endroit incontournable qui a donné à Logrono, le titre de Capitale Espagnole de la Gastronomie. Cet endroit favorise les rencontres et des amis me proposent une visite de la ville le lendemain.

La cathédrale de la Redonda, à la façade étrange concave flanquée de deux tour baroques du XVIII siècle. A signaler le tableau de la Crucifixion attribué à Michel-Ange. La Plaza del Mercado, les jolies arcades de la rue de Portales et, à ne pas manquer, un stop au meilleur glacier du pays « Heladeria  Della Sera  » glaces artisanales naturelles d’une infinie variété.

La terre au nom du vin, le vin au nom de la terre.
Je traverse le vignoble… les vendanges ont commencé… les grappes sont gorgées de soleil. La récolte est bonne et l’année prometteuse.

 

Le Musée Dinastia Vivanco

Près de Briones,  je rejoins un lieu de vin et de culture  : Le Musée Dinastia Vivanco. Le rêve de quatre générations. Un rêve fou de la famille Vivanco, 4000 m2 consacrés à l’histoire du vin, de l’antiquité à nos jours, du pressoir au tire-bouchon. On apprend, on enseigne, on s’initie, on produit, on goûte… La vendange se fait à la main, dans de petites caissettes, pour ne casser les grains. La maturation est suivie de parcelle en parcelle pour décider du moment de la récolte. Un «  Garnacha  » nécessite plus de lumière, un «  Trempranillo  » des nuits plus fraîches et une maturation lente. Santi et Rafael, les fils de la famille Vivanco ont rassemblé tous les objets liés au vin que leur père a recueillis en parcourant le monde. Ils m’invitent à partager leur passion. Ils me racontent aussi le lien qui unit cette région avec nos viticulteurs bordelais. La vigne atteinte du phylloxera, les viticulteurs bordelais sont venus ici et ont fait profiter la région de leur  « savoir faire ». La méthode bordelaise a permis d’intensifier l’arôme et la saveur des vins de La Rioja.

 
Mon chemin continue vers Ezcaray où je me dois de rencontrer un jeune chef prestigieux, au restaurant Echaurren, deux étoiles au Michelin. Là aussi une saga familiale. Cinq générations en cuisine, conservant la restauration traditionnelle et instaurant une restauration d’avant garde que mène l’un des fils de la famille Francis Paniego. Une nouvelle cuisine qui crée des émotions et parfois l’étonnement.  Je suis ravi de cette expérience. De plus je vais pouvoir dormir ici, le palais plein des saveurs du repas servi avec des vins en accord parfait avec les mets.

 
L’hôtel a 24 chambres et 4 suites. Tout est charme et bon goût. De ma fenêtre j’aperçois le curieux balcon en bois de l’église Maria de Mayor. Demain, je ferai un petit tour à l’atelier de tissage de mohair. Une ancienne fabrique royale m’a-t’on dit. Trois cents ans de tissage sur des métiers anciens. On carde encore la laine avec la « tête de chardon »….une découverte pour moi
 

Santo Domingo de la Calzada où une poule, une fois cuisinée se mit à chanter…  !

Comme moi, nombreux sont les pèlerins de St Jacques, à faire halte en cette ville qui doit son nom au Saint homme qui s’installa en 1040.
Ici se mélange le sacré et la légende….
Le bon Curé de la paroisse me sert de guide. Au pied de la Cathédrale la grande tour surprend… elle est séparée de l’édifice. En son sommet une vieille horloge marque le temps encore actionnée par une machinerie d’époque.
Surprise…  ! En pénétrant dans l’église, les voutes de la nef résonnent d’un sonore «  cocorico  ».
Le prêtre me désigne du doigt une espèce de balcon vitré, entouré de barreaux. Derrière une poule et un coq vivants , de couleur blanche… Souvenir éternel du miracle d’un pèlerin injustement condamné qui fut sauvé par St Domingo devant des parents incrédules…Ils allèrent en informer le magistrat de la ville «votre fils est aussi vivant que cette poule et ce coq  » que je m’apprête à manger  » le couvercle soulevé poule et coq sautèrent du plat et se mirent à chanter.
Au pied de cette étrange volière, la crypte sépulcre reliquaire du Saint Homme. A l’opposé de cette étrange volière j’admire la chapelle du Retable Majeur qui contient une abondante ornementation profane que l’on ne trouve dans aucune église d’Espagne.
 

Je quitte mon guide qui me fait cadeau d’un œuf pondu le matin même par la poule miraculeuse. Il me recommande la visite indispensable du Monastère de Yuso afin d’y nourrir mon âme et mon esprit en reconnaissant en moi le mécréant que je suis et de retourner aux nourritures terrestres si agréables en cette belle région.
 

Les monastères de Yuso et Suso

Le monastère de Suso est creusé dans des grottes où vécu San Milan, un ermite qui attira des moines copistes. Lieu austère aux arches wisighoths, préromanes, et arabes.
Les reliques de San Milan se trouvent au Monastère de Yuso en contrebas. La bibliothèque contient plus de dix mille ouvrages. Les moines créèrent une vaste collection de codex. On y voit les premières annotations en espagnol et basque. Quelle émotion de pouvoir effleurer de la main ces livres de plusieurs siècles. Il fallait six moines pour les porter sur les lutrins.
L’abbatiale du 16 ème siècle est monumentale, l’église abrite le retable du maitre-autel peint par le meilleur peintre de cloître du baroque, frère Ricci. Je suis impressionné par les grilles forgées par Sébastian de la Medina et complète l’ensemble artistique du choeur.
 

 
Abreuvé de ces nourritures spirituelles, je décide de retourner vers des traditions plus terrestres. Direction La Bodega Cune
Là, je rentre en communion avec l’esprit du vin. Du vin contenu dans des bouteilles en verre, certaines très anciennes, lieu de repos du divin nectar. Dans des caves profondes, à l’abri de la lumière, les bouteilles dorment et attendent d’être réveillées pour laisser échapper le génie du vin comme la lampe d’Aladin.. C’est une des caves historiques de La Rioja.

Pour être initié à tous ces mystères du vin, je vous conseille un petit séjour à la cave hôtel «  Finca de Los Arandinos ». D’une architecture avant-gardiste, c’est un lieu d’initiation pour apprendre le vin et le travail de vinification. Des stages y sont organisés avec dégustation bien sûr.
 
 

Si la bouteille en verre est le berceau du vin, n’oublions pas qu’il garde un cordon ombilical avec le suc de la terre qui l’a vu naître. Son premier lit fut de terre, d’argile et de grès  : amphores, pots, gobelets, fabriqués par des potiers. Mon voyage me fait rencontrer Antonio Naharro, potier de son état, aux doigts agiles et d’argile. Il recrée devant moi ce qui fut pendant des siècles la « maison » et le « transport » du précieux liquide jusqu’à nos lèvres. Trouvera t’il quelques jeunes gens pour perpétrer son savoir  ?
 

 
Sur le chemin du retour, à Logrono, j’ai croisé un jeune cuisinier du nom de «  Zapa  » qui relève le défi, en présentant des vins avec une cuisine inventive alliant tradition et modernisme. Je vous conseille cette rencontre. Mon parcours prend fin dans cette petite région d’Espagne… en pensant qu’une journée sans vin est une journée sans soleil et que le Christ a eu une bonne idée ..il n’a pas changé le vin en eau…mais l’eau en vin…
Que cet écrit ne soit pas vain et qu’il vous donne l’envie de venir boire le vin de La Rioja….
Adios, mais c’est sûr je reviendrai  !
 
Texte et photos Jacques Douay
[separator type= »double »]
 
Infos pratiques
Office espagnol du Tourisme
22, rue des Augustin 75002 PARIS
Tel  : 0145033250
Office du tourisme de La Rioja
Escuela Trevijano
Calle Portales
26071 LOGRONO, LA RIOJA
info@lariojaturismo.com
Voyage Paris Bilbao  Air France
 
Antonio Naharro, potier
Navarette, +34 941 440 157
[separator type= »double »]
 
 
 
 
 

Vous devriez aussi aimer

1 commentaire

matchingpoints 11 novembre 2014 - 15h11

Nous connaissons déjà quelques régions d’Espagne, mais comme nous avons envie de visiter Bilbao et son Guggenheim, ce serait l’occasion. Merci pour les belles images

Répondre

Laisser un commentaire