20 curiosités à découvrir de Tokyo à Nikko.
A 12h d’avion de Paris, le Japon fascine, émerveille, par son immensité, sa modernité et son attachement aux traditions. Tokyo l’excentrique, Nikko la sage, deux heures de train séparent ces deux facettes de l’archipel.
Le Japon devient une destination tendance
Le prix Nobel 2017 a été attribué à Kazuo Ishiguro, écrivain de la mémoire. En 2018, ce sera le 160 ème anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon. En 2020, les JO se dérouleront à Tokyo. Raison de plus pour visiter cette capitale, la plus grande du monde. Un mélange de grattes-ciels (dont ceux du quartier Shinjuku, face au Mont Fuji), de rooftops, de robotique mais aussi de pagodes, de gargotes et de superstitions. Mégapole en 3D, phénoménale, toute en contrastes. Mais à seulement 2h de là, fini le gigantisme urbain, nous voilà en pleine nature. A Nikko, préfecture de Toshigi, sont précieusement conservés des temples et sanctuaires à la fois bouddhistes et shintoistes, inscrits au patrimoine mondial de l’Unesco. Là aussi, l’on trouve des montagnes sacrées, un lac infiniment zen, des sources chaudes aux vertus médicinales reconnues et des cascades impressionnantes. Au printemps, les cerisiers sont en fleurs, à l’automne, les érables rouges enchantent le paysage. Une perfection que l’on retrouve dans l’assiette, la cuisine à Nikko étant un jardin du paradis.
Tokyo, la futuriste et la mystique
On arrive à Tokyo, aéroport Haneda ou aéroport Narita. 8H de décalage, à ajouter à l’heure de Paris. Le soir descendant vers 17h, on découvre Tokyo by night. Le Grand Tokyo, autour de la baie, dont on aperçoit au loin les voies rapides, les néons et les tours. Une fois la valise posée à l’hôtel, le mieux est d’aller se perdre dans le quartier (plan en main ou google map si vous avez loué un Pocket Wifi) et de dîner dans une gargote au ras du trottoir. Le meilleur moyen de vivre à l’heure du Japon tout de suite. La plupart des lieux sont indiqués en japonais et en anglais, y compris dans le métro.
Comme l’écrit Nicolas Bouvier dans Chronique japonaise (in Le goût de Tokyo, Mercure de France), Tokyo au Sud et à l’est, c’est l’esprit des péchiniers, des poissonniers et maraîchers des halles, des fans de sumo show, et de théâtre kabuki. A l’Ouest et au Nord, on est plus bourgeois, plus arts traditionnels, calligraphie et théâtre No.
Deux endroits incontournables :
1- Asakusa, au cœur de la ville basse : Traverser la rue piétonne Nakamise (où l’on vend des geta, ces socques en bois, des gâteaux 100% kawai, des kimonos en coton) et arriver devant l’énorme lanterne rouge qui annonce le temple Senso-Ji (VIIe siècle), dédié à la déesse bouddhique Kannon et à gauche, la pagode aux 5 étages, la plus haute du pays avec celle de Kyoto. Dans ce quartier, on croisera des jeunes filles branchées habillées en geisha : c’est tendance, elles louent ces tenues et se pavanent ainsi parées dans les rues.
2- Tokyo SkyTree (634 m) : observatoire à 350 et 450 m dans le quartier de Sumida aux abords de Asakusa pour voir le Mont Fuji et Tokyo, ville si étendue que l’on ne peut en percevoir les limites.
De Tokyo à Nikko, en route pour le Japon traditionnel
A 2h de train au nord de Tokyo, la ville Nikko dite « lumière du soleil » couvre les volcans en amont des rivières Kinugawa et Daiyagawa. Au VIIIe siècle, Nikko était un centre religieux édifié par Shodo Shonin, un moine bouddhiste en pélerinage vers le mont Nantai. Des siècles plus tard, Nikko est devenue un grand centre bouddhiste puis shintoïste. Le style Nikko, c’est un mélange de croyances, de styles zen et baroque à la chinoise. La ville doit sa renommée au mausolée de Leyasu, fondateur du shogunat Tokugawa qui a mis un terme aux combats entre seigneurs féodaux. Pour honorer sa mémoire, rien n’était trop beau alors temples et sanctuaires de Nikko foisonnent de sculptures, de lanternes (121 dont 2 en fer venues du Portugal, une lanterne tournante offerte par les Hollandais), de dorures et de laque rouge rubis.
Nikko : le sanctuaire Toshogu
Voir in situ ces édifices, c’est magique, d’autant plus que ce site en pleine nature est entouré de cèdres centenaires. Sanctuaire shintoïste de Nikko, fort de ces influences : chinoise, avec des symboles comme le lion, le dragon; indienne, avec le lotus ; japonaise, avec le chrysanthème, fleur totem. Une cour mène à une autre cour, séparées l’une de l’autre par une porte souvent monumentale et décorée. C’est ici que se trouve le tombeau de Leyasu.
3- La porte Yomei-Mon : une structure connue datant de 1636, avec plus de 500 sujets gravés : des licornes chinoises, des dragons, des chevaux, des lions, mais aussi des pivoines et des enfants.
4- Gojunoto Gojunôtô : pagode de 5 étages, bel exemple du syncrétisme bouddhisme et shintoïsme. Chaque étage représente un élément terre, eau, feu, ciel, vent. Sur la façade, on peut voir les douze signes du zodiaque : place belle est faite au tigre, Leyasu étant né l’année du tigre. Regardez la porte-façade : Jouez à y trouver un Baku, nom japonais donné à un animal chinois fantaisiste doté d’un corps d’ours, d’un nez d’éléphant et des yeux de rhinocéros. On dit qu’il éloigne le mal et absorbe les cauchemars.
5- La fontaine sacrée avec une vasque en granit. Selon le rite shintoïste, on se lave les mains et on s’y rince la bouche avant d’entrer au temple.
6- L’étable sacrée, Shinkyusha, avec les Trois singes de la sagesse sculptés : on croyait autrefois que le singe protégeait les chevaux des maladies. Au jour de l’An, les paysans invitaient des dresseurs de singes savants. Les trois singes, chacun dans son attitude, symbolisent les stades de l’apprentissage : « je n’entends pas ce qu’il ne faut pas entendre/ je ne dis pas ce qu’il ne faut pas dire/ je ne vois pas ce qu’il ne faut pas voir ».
7- La porte Sakashitamon avec la sculpture d’un chat endormi, est réputée porter chance à qui passe au dessous.
L’histoire du pont Shinkyo le plus ancien du Japon
8- Un pont laqué de rouge, que l’on voit souvent en photo. A l’époque féodale, seuls le shogun et l’empereur avaient le droit d’emprunter ce pont. Construit en 1636, détruit puis reconstruit à l’identique, il aurait été imaginé en l’honneur d’un miracle ; la légende raconte que le prêtre Shodo Shonin n’aurait pas pu traverser la rivière Daiyagawa à cause des courants. Il aurait prié Kami, déité shintoïste, et Bouddha, un dieu serait alors apparu, lesté de deux serpents s’attachant aux rives pour servir de passerelle. Aujourd’hui, pour l’équivalent de 3e, on est autorisé à monter dessus, le temps d’un selfie. Le pont rejoint le temple Futarasan-iinia.
Nikko : Les temples Rinnoji et Futarasan-iinia
Le torri (portail sacré) Taiuninbyo est là pour rappeller que ce lieu est sacré.
9- Le temple Rinnoji a été fondé par le moine Shodo Shonin lorsqu’il a réussi l’ascension du mont Nantai. Hommage est donc rendu ici à l’un des trois Gongen de Nikko, le Gongen étant un Kami, une manifestation locale de Bouddha venue guider les japonais sur le chemin du salut. Le bâtiment principal, en restauration, se re-visitera en mars 2019.
10- Le temple TaiYuin, bouddhiste, abrite le tombeau de Iemitsu, petit-fils de Leyasu et troisième shogun du shogunat Tokygawa. Entouré de multiples petites lanternes offertes par des seigneurs du shogun, il se fond dans son environnement végétal.
11- La promenade Shoyo-en, vieille de 1200 ans, est illuminée la nuit venue. On y retrouve tout ce qui fait l’imagerie du Japon ancien, les fameuses estampes : la maison de thé, l’étang à carpes, le pont en pierre et les érables rouges.
12- Le temple Futarasan, n’est pas le plus impressionnant mais c’est celui qui réunit le plus les différentes croyances. C’est ici que sont vénérées les déités de la montagne, selon le culte shintoïste qui est bien plus ancien au Japon que le bouddhisme, apporté au V et VIe siècle par les coréens et les chinois.
Vous trouverez plus d’informations sur la visite des temples sur Voyapon.
Le romantisme au bord du lac Chûzenji
13- A une demi-heure en voiture, on descend au lac Chûzenji pour un repos bien mérité. S’il fait beau, c’est une des plus jolies vues que l’on puisse avoir sur les montagnes. Selon les saisons, on profitera des cerisiers en fleur, des feuilles d’automne ou des azalées. L’été, ici, on n’a pas la culture de la bronzette ou du maillot de bain, plutôt celle du pédalo-cygne. La légende populaire dit que si des amoureux arrivent à faire un tour complet en pédalo-cygne et sans se disputer, alors leur amour rimera avec toujours. Les moins courageux font du bateau, croisière jusqu’au mont Nantai ou simple tour du lac. Autour, on peut faire du vélo (ça commence à prendre, au Japon), de la rando, de la visite : la villa de l’ambassade d’Italie et celle de l’ambassade d’Angleterre. Les jeunes mariés aiment y venir pour une série de photos en tenue traditionnelle. C’est alors un festival de coiffures royales et de kimonos chatoyants.
Nikko, des cascades aux bains onsen
14- En route pour les chutes de Kegon, cascades sur 97 m, à observer sur différents niveaux, grâce à un ascenseur qui dessert des plateformes. Une douzaine de chutes d’eau dans le parc national de Nikko, peu comparables aux chutes du Niagara mais tout de même géantes, rodées comme une chorégraphie avec leur façon saccadée de tomber jusqu’à disparaître dans l’eau du lac. Au Japon, c’est un spectacle apprécié. De même les sources chaudes et sulfureuses, onsen, que l’on peut voir en montagne et dont on peut profiter dans les alcôves en pierre devenues bains publics en plein air. Archipel volcanique, le Japon compte plus de 27000 sources du genre. Riche en soufre, en sodium, en acide carbonique, en fer, cette eau détend les muscles, soigne les articulations.
Les hôtels, les auberges traditionnelles dites ryokan disposent souvent de leurs propres onsen mixtes ou non mixtes, ouvertes souvent nuit et jour. Après une journée de visite et une bonne douche, plonger dans ce bain chaud sous les étoiles, c’est un plaisir et un pur moment de détente.
A table ! La local food, esthétique et sophistiquée
Comme l’écrit Roland Barthes dans l’Empire des signes (points) « il y a convergence du minuscule et du comestible ; les choses ne sont petites que pour être mangées mais aussi elles sont comestibles pour accompagner leur essence, qui est la petitesse ». Comme il est dit dans ce haiku : « Concombre coupé/ Son jus coule/ dessinant des pattes d’araignée ». La cuisine japonaise authentique est sophistiquée, jolie à regarder et bonne à déguster.
A Nikko, on aime :
15- Le fraisier Ichigo Daifuku (dessert plus léger que le fraisier sous nos latitudes).
16- Le Yuba, une peau de soja obtenue une fois le lait bouilli, qui entre la composition de la plupart des plats.
17- La fondue Nabe, à base de bouillon, de légumes, de tofu, d’algues, de viande et de fruits de mer. Il n’est pas rare de voir des crysanthèmes et des fleurs de lotus orner les plats. Traditionnel, végétarien et chic : le restaurant Gyoshintei, près du Patrimoine de l’Humanité, bordé par un jardin japonais veillé par une petite biche que vous aurez peut être la chance de croiser.
A l’hotel, à l’auberge, un esprit « comme à la maison »
De l’hôtel chic à l’auberge familiale, les règles de savoir vivre sont les mêmes : on circule en chaussons prêtés par la maison, au moins dans les chambres, dans les onsen, sinon au restaurant. En chambre, on a toujours à disposition ne bouilloire et un choix de thés. L’accueil à la japonaise est particulièrement chaleureux. Quelques bonnes adresses à Nikko :
18- Le Nikko Kanaya Hotel, très confortable selon les normes européennes, avec une salle de bain spacieuse, des lits douillets. Cuisine occidentale ou japonaise, au choix.
19- Chenzuji Kanaya Hotel connu pour son onsen extérieur sous les étoiles et son excellente cuisine traditionnelle. Le petit déjeuner japonais avec du thé, du riz, des légumes est une curiosité à essayer.
20- Ryokan (auberge) hotellerie dans un habitat japonais typique avec couchage en futon, commodités dans ou en dehors de la chambre. De une à trois étoiles. Disposent parfois d’un Onsen.
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Un grand merci à Junko Ohmori guide touristique français/anglais, pour les passionnantes visites de Tokyo à Nikko.
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Y aller
A/R Paris- Tokyo : de 500e à 800 € avec la compagnie nationale ANA : avions confortables, espace entre les sièges qui sont peu inclinables (ouf, on n’a pas le siège de devant qui se rabat sur le nôtre). Service top.
De Tokyo à Nikko : en train avec Tobu Railway, départs depuis plusieurs stations du centre ville de Tokyo, formules avec Pass jumelant le prix du billet de train avec des visites (Tokyo Skytree, Toshogu à Nikko, balades en bateau etc). Le trajet Tokyo-Nikko, 2h, est desservie par Tobu Railway et JR East.
Cours du yen : 1 JPY = 0,0076 euro
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Valérie Rodrigue