Karine Herz est la chaleureuse propriétaire du studio Les ailes du canal, la salle qui donne envie, même aux non sportives, de suivre les cours du studio.
Quand je l’ai rencontrée, j’ai tout de suite eu envie de lui faire son portrait de Boomeuse. Car à 53 ans, Karine, qui a eu plusieurs vies professionnelles avant de reprendre cette salle, parle avec beaucoup de justesse de l’âge, de liberté, de son parcours et de ses envies.
Karine, c’est quoi être une Boomeuse ?
Pour moi, être une boomeuse, c’est être une femme libre. Quand on arrive à mon âge, les enfants sont grands (pourtant je ne les ai pas eus très tôt, à 33 ans) et même s’ils ont encore besoin de moi, ils sont très autonomes. Du coup, cela me laisse une grande liberté, ce qui est la chose la plus importante pour moi !
Mais j’ai quand même bien aimé avoir 40 ans !
50 ans, pour moi c’était un peu un cap avec cette image qui perdure de la « ménagère de plus de 50 ans ». C’est pour ça que c’est sympa d’avoir des blogs ou des webmagazines comme les Boomeuses qui montrent autre chose, parce que ça reste quand même un âge un peu charnière, psychologiquement et physiquement. D’où le sport. Avant, on disait qu’à 40 ans cela devenait indispensable, à 50 ans c’est inévitable !
Comment avez-vous eu l’idée des Ailes du canal ?
Je n’ai pas eu l’idée, mais l’opportunité. J’étais adhérente de cette salle depuis 4 ans, et c’était la première fois de ma vie que je faisais du sport régulièrement. Je refusais même un déjeuner ou un apéro, je disais, je peux pas, j’ai sport ! J’étais devenue addict, je m’étais redensifiée le corps, c’était devenu ma passion. Enfin, l’une de mes passions.
Lorsque la salle a été mise en vente, j’étais très triste, je me disais, pour une fois que je fais du sport, c’est pas possible… Et comme j’étais à un moment où j’avais un peu envie de changer de boulot, je me suis dit ok, je l’achète ! J’ai appelé mes 3 meilleures amies avec qui je me suis associée. Elles, elles ont leur boulot à côté, c’est moi qui bosse dans la boîte, mais elles sont avec moi dans l’aventure. On a racheté le studio, on l’a transformé (là, il est tout nouveau !) et je me suis lancée là-dedans comme ça.
Mais j’ai l’habitude de changer, j’ai des cycle de 10 ans, en fait !
Et avant ?
Je suis psychologue clinicienne, j’ai passé 10 ans comme psy, mais ma passion depuis l’âge de 15 ans, c’est la mode. Je voulais devenir styliste, mais mes parents m’en ont dissuadée. J’ai découvert la psychologie avec la philo en terminale. Au bout de 10 ans comme psy, j’ai une amie qui m’a parlé d’une styliste qui donnait des cours de couture. J’y suis allée, on a accroché. J’ai produit une cinquantaine de pièces, j’ai fait un défilé, j’ai organisé une vente privée des prototypes et j’ai lancé ma marque, Alice KAH. Au bout de 10 ans, j’avais fait un peu le tour et puis j’en avais un peu assez de travailler toute seule. Je me suis alors associée avec une autre styliste et on a créé une autre marque. Finalement, cela n’a pas marché, on ne s’entendait pas bien, deux créatives, c’était pas top.
Moi, quand je change, je ne tourne pas la page, je change de vie.
Comme mon autre passion, c’était la rénovation d’appartement, que je faisais pour mon compte personnel (j’adore la déco, rénover et restructurer des appartements ), je me suis lancée comme architecte d’intérieur. Là encore, cela faisait 10 ans et je commençais à avoir envie de changer. Mais quand la gérante de la salle de sport m’a dit que la salle était à vendre, je n’avais pas réalisé que j’avais accompli un cycle de 10 ans. C’est là que j’ai fait le lien avec ce cycle. Donc là, il me reste7 ans ! J’ai réalisé qu’à chaque fois, c’était ma passion qui devenait mon boulot d’après.
Quelle est la particularité de la salle ?
C’est un studio un peu familial. Il y a les grosses enseignes, ce sont des usines, mais qui ont des cours variés. Moi-même, j’étais inscrite au Gymnase Club, parce qu’il y avait plein de cours différents. Mais, au final, je ne profitais pas de tout les cours et je ne faisais qu’une seule activité.
Mais il y avait cette possibilité Et puis, il y a les petits studios, souvent il y a le studio de yoga, de Pilates… Moi j’avais envie de proposer à une échelle studio, donc avec la qualité de coaching, des activités différentes et complémentaires. On peut avoir envie de se défouler avec du H.I.I.T en travaillant vraiment le cardio, mais aussi aimer le yoga, la détente et les techniques plus douces pour travailler les muscles en profondeur.
C’est ça que j’aime, amener les femmes à découvrir ces différentes disciplines, vers lesquelles elles ne seraient pas allées parce qu’elles auraient été trop impressionnées d’aller dans un studio uniquement dédié au yoga. Ou dans un grand club où on ne s’occupe pas forcément d’elles.
Chez nous, ce qui est important c’est que ce soit ouvert à tout le monde, pour tous les âges, avec des sports différents qui s’adaptent à tout le monde.
Quels sont vos projets pour les Ailes du Canal ?
J’aimerais ouvrir un peu plus le studio, développer avec nos coachs des cours à l’extérieur, on fait déjà des outdoor aux Tuileries. Ce serait aussi de travailler avec des lieux sympas qu’on aime bien et développer un pôle bien-être avec les massages.
Est-ce que l’on peut parler d’une nouvelle vie ?
Ah oui, complètement ! C’est une nouvelle vie avec un nouveau rythme. D’une manière générale, je ne décroche pas trop du boulot, je suis toujours un peu 7/7, mais là, c’est vraiment du 7/7. C’est passionnant, parce que l’on rencontre plein de monde d’univers différents, et à chaque fois, ce sont des rencontres et c’est ce que j’aime. Moi qui m’ennuie dans une routine, là il n’y en a pas, à chaque fois c’est nouveau, on essaye tout le temps d’améliorer, de s’adapter à la demande, on est tout le temps en train d’ajuster. On est continuellement dans le mouvement, et ça me plaît !
Pensez-vous que « vos autres vies » vous aident ?
Il y a quand même un lien. Parce que j’essaie de réfléchir en temps que psy sur le lien. En fait, le lien est drôle ! Quand j’étais ado, j’avais un fantasme , je me disais, « j’aimerais créer une boîte ».Mais une boîte physique, un cube, dans lequel on entre – un peu déprimé, un peu mal dans sa peau, sans trop savoir ce qu’on veut faire – et là il y a plein de petites mains qui sont là (la coiffeuse, la psy qui aide, celle qui va vous aider à faire un intérieur cosy chez vous, celle qui va vous aider au niveau du corps avec des cours de remise en forme ou des massages). Et puis on ressortait de cette boîte épanouie, bien dans ses baskets. Et en fait cette boîte je la construis avec mes différentes tranches de vie, donc je trouve ça assez drôle. Je m’étais occupée du psychisme, puis de l’apparence avec la mode, ensuite de l’intérieur mais je ne m’étais pas encore occupée du corps.
Etre une femme de 50 ans aujourd’hui, cela signifie quoi ?
Je trouve qu’on peut encore faire plein de trucs. On a encore la pêche physiquement, on a l’expérience. On a des enfants qui ont tout l’avenir devant eux, c’est sympa de partager ça avec eux. Et puis par rapport à la génération de mes parents, c’est différent. Ce que je partage avec mes enfants, je ne le partageais pas avec mes parents. Moi, je n’ai jamais été copine avec mes enfants, mais je trouve que nos générations sont plus « conciliables ». Je ne vais pas sortir avec mes garçons, mais je peux me retrouver avec des enfants d’amis à faire la fête ( parce que ce ne sont pas mes enfants !) et c’est très sympa.
J’ai eu un petit cap où c’était un peu difficile de me dire « Ah oui, je n’ai plus 30 ans » mais il faut l’accepter.
Les avantages et inconvénients de la cinquantaine ?
Les avantages, théoriquement, comme le dit Florence Foresti, c’est qu’on a la carte bleue. Mais pas forcément ! On sait ce qu’on veut et ce qu’on ne veut pas. Moi, je vais pas perdre de temps avec ce que je ne veux pas, les gens toxiques, pas intéressants,
Les inconvénients
On est quand même obligé de faire un peu plus d’efforts pour se tenir, s’habiller. On ne s’habille plus pareil, c’est quand même une adaptation.
On dit « c’est dans la tête », mais c’est surtout dans le corps, le vieillissement. Moi, dans ma tête, j’ai une image mais c’est le corps qui dit « Ah ben non j’ai mal, ah non, tu peux plus mettre une jupe aussi courte parce que c’est moins beau ».
Voilà, il faut vivre avec. Donc il faut se prendre du temps pour soi. Moi je travaille trop ! Je le dis aux autres, il faut que je me le dise à moi-même.
Les Ailes du Canal
Situé à deux pas de la République, les Ailes du Canal se trouve dans un lieu intime et verdoyant, très agréable pour suivre des cours en petit comité (8 maximum) avec des coachs attentifs . Plus de 30 cours complémentaires sont proposés 7/7, en format Flow, H.I.I.T ou Bootcamp.
LES AILES DU CANAL
42 rue Albert Thomas, 75010 Paris
Photo@ Franck Renoir