Célibataire à 50 ans ! « Ohlala, non, non, moi, heureusement, je suis mariée depuis 30 ans, objecte d’emblée, avec un mouvement de recul, une dynamique blonde aux cheveux courts avant de reprendre sa discussion professionnelle. Le ton est posé.
Aussi, pour remédier à cette situation socialement délicate et aussi parce que le désir de l’âme sœur, de l’Amour, est fort, un peu plus d’un million de femmes quinquagénaires partent à la recherche de l’élément indispensable qui va composer leur futur couple : l’homme !
La majorité d’entre elles va rester très discrète sur son inscription. Souvent seules les amies intimes sont au courant. Ce n’est pas le cas de Mathilde.
Les sites de rencontre comme complément
« J’ai dit à tout le monde que je cherche un homme, annonce fièrement Mathilde, une jeune quinquagénaire haute en couleur qui revendique son âge avec le chiffre 50 tatoué sur son corps, j’en ai même parlé à mes collègues de travail, je sors beaucoup, j’ai écumé les fêtes chez les amis, mais je ne l’ai pas trouvé. » Alors les sites de rencontres, c’est un complément aux chances qu’elles se donne de trouver un amoureux cette année.
Pour mettre toutes les chances de son côté
Son amie Irène, qui sous une attitude réservée cache un franc parler, arrive au bout d’un abonnement de six mois sur un site de rencontre senior. Et elle est loin de partager cet avis. Elle est DÉPITÉE. Augmenter ses chances ?
Elle n’a rencontré que deux ou trois hommes, tous avec des défauts rédhibitoires, qui ont laissé la petite étincelle qu’elle attendait bien éteinte.
Et puis, il y a les personnes à qui elle écrit et qui ne répondent jamais. Ensuite, s’étonne-t-elle, « on peut discuter pendant deux ou trois jours avec quelqu’un et puis tout d’un coup, la personne disparait. »
Avant que la personne ne disparaisse
Et il n’y a pas qu’elle que ça étonne. Le phénomène est tellement étendu qu’il a un nom « le ghosting », m’apprend Hélène, pétillante rouquine de 57 ans, qui fréquente les sites depuis une vingtaine d’années. Cela ne s’arrête pas là pour Irène et sa copine. Elles sont toutes les deux tombées sur des « brouteurs », ces faux profils qui escroquent de l’argent aux âmes crédules qu’ils ont enamourées. Prévenues par des reportages télévision et par leur bon sens, elles ont pu se protéger à temps.
Attention aux hommes mariés
Pour Alice, 55 ans, le cauchemar, ce sont les hommes mariés. Catho, avec des principes, elle redoute le « mari masqué » comme la peste. Certes, certains affichent leur statut marital et qui vont même vérifier au cours des premiers échanges qu’elle a bien reçu l’information. Mais il y a les autres, les cachés et les planqués. Ils sont sur les sites quand leur dame a le dos tourné et pendant les horaires de bureaux. Ils demandent à échanger sur Skype ou Hangout. « Et cerise sur le gâteau, s’insurge Alice, la plupart du temps, il prétendent avoir été victimes de femmes qui leurs tenaient propos et photos déplacés. »
La mauvaise presse des sites de rencontre
Pourquoi les sites de rencontres ont-ils si mauvaise presse auprès des quinquagénaires ? Pas les sites en fait, mais certains de leurs profils (nom de la fiche avec la photo, la description et le message écrit du candidat) et leur manque de transparence ou de vérité qui font oublier que près de 50% des inscrits – hommes et femmes confondus – viennent ici pour trouver des sex-friends.
Alors pourquoi y revenir ?
Malgré tout cela, et avec tout cela, plus de 2000 sites et applications de rencontre seraient actifs sur le territoire français. Et leur succès grandit. « L’espoir fait vivre ». Et puis les chiffres sont là pour rassurer. Aux Etat-Unis, avec un tiers des mariages depuis 2005 dus au net, même si en France, le taux de couple créés via internet ne serait que de 8%.
Et Manouk, blonde à la coupe au carré est venue pour cela et dit tout de go « Je veux me caser ». Comme elle n’a eu qu’un seul homme dans sa vie, elle est assez décontenancée par les us et coutumes des applications. Aussi, quand elle se retrouve avec des copines dans un apéro organisé par l’application de rencontre où elle s’est inscrite, elle est friande d’échanger des informations sur les profils qu’elle a rencontrés avec ses copines.
Une appli pour les copines
Les copines, justement, « C’est la spécificité, et le plus de notre application, avance Margot Sitruk qui a lancé il y a un an et demi l’application de rencontre Passions dédiée aux femmes de 50 ans, c’est de donner la possibilité aux femmes de se faire de nouvelles copines. » Mission accomplie, des amitiés se créent. Et des amours ? L’histoire ne le dit pas. Ce qui est sûr, c’est que la parité est respectée : 49% de femmes, 51% d’hommes sur quelques 110 000 profils en ligne.
Un autre petit plus apporté par l’application : la démonstration par les chiffres que les femmes de 50 ans sont recherchées par les hommes de 50 ans !
Et aussi par des hommes beaucoup plus jeunes qu’elles, mais là, cela se passe sur d’autres sites!
Pour trouver un homme de leur âge
Puisqu’il y a des candidats pour les femmes de cinquante ans, autant en profiter! Catherine qui frôle une soixantaine rayonnante, s’est inscrite sur plusieurs sites de rencontre pour « élargir son choix ». Elle a envie que « son œil s’allume », mais elle répondait jusqu’ici quand même à chaque message qu’elle recevait, histoire de « donner une chance » à celui qui lui écrit, et aussi par politesse. Elle révise désormais sa copie : trop de « ghosting ». Et puis son œil s’est allumé une fois, mais s’est éteint définitivement quand elle découvert la tanière du prétendant. Aussi, elle donne un conseil : « il faut prendre tout de suite contact par téléphone et se voir, ne pas perdre de temps, car on peut fantasmer très vite sur ce qui n’existe pas. ».
Avec modération
Hélène, met en garde, pour sa part, sur la distance nécessaire à prendre vis vis de son activité sur les sites. « Il faut prendre cela de façon légère, dit-elle, avec de la distance. ». Elle n’utilise qu’une seule application et seulement le soir quand elle n’arrive pas à s’endormir. Faire glisser les profils à droite ou à gauche, c’est sa façon à elle de compter les moutons pour trouver le sommeil.
« En définitive, si le site de rencontre vous tente, conclut Alice qui a quand même testé dix sites et applications. N’hésitez pas à y aller. Mais allez-y en sachant où vous allez et en étant claire sur ce que vous voulez. Attention de ne pas vous y briser le coeur ou de devenir droguée à la notification qui arrive au point que cela perturbe votre vie.»
En sachant ce qu’on veut y trouver
Savoir ce qu’elle veut ? Sophie n’en est pas encore là. Elle est sortie endolorie d’une longue histoire passionnelle il y a quatre ans. Le site est pour elle l’occasion de faire de nouvelles rencontres en dehors de son milieu. « Je travaille dans un milieu artistique et j’y rencontre plein de gens, explique-t-elle. Le site, c’est par jeu, je ne me sens pas concernée. » Pas d’enjeu pour elle, cela ne l’a pas empêchée d’être émue par la détresse affective qu’elle y rencontre parfois.
Et avec la tête froide et une check-list
Détachée Isabelle l’a été aussi. A l’époque, elle n’avait pas envie d’avoir un homme dans sa vie. Alors pour assouvir ses besoins sexuels, elle a ouvert un profil sur un site libertin. Et elle y a trouvé ce qu’elle demandait. « Je savais ce que je voulais. J’ai été précise dans ma demande, explique-t-elle et c’était souvent plus respectueux que sur des sites classiques. » Cela ne l’a pas empêché de basculer vers ces sites classiques, maintenant qu’elle veut un homme à elle. Au début, elle laissait les candidats venir à elle. Maintenant, elle a mis en place sa recherche et ses critères : « la distance est très très importante car il faut que ce soit simple. Ensuite, il faut qu’il ait quatre ou cinq points communs avec moi, énumère-t-elle. Après, il faut qu’il soit grand et classe et qu’il ait écrit quelque chose sur sa fiche histoire de montrer sa motivation. Enfin, il faut qu’il soit un peu gentleman et qu’il réponde à mes questions. »
Un site de rencontre est donc un moyen supplémentaire de trouver l’âme sœur, entre autres. Avec modération, discernement et un peu de distance.
Alice-Hélène Thiéry pour Le chat sous le toit, un site qui propose des ateliers pour booster ses essentiels.
Photo de Une Steve Halama