La paille c'est l'été…

par Dominique Mallié

Il me vient aujourd’hui l’envie de la paille : des cabas en paille, des chapeaux en paille, des bijoux en paille… pas de quoi en faire un foin vous me direz !

la paille c est  lete_LEs Boomeuses

Les trucs en paille c’est l’été qui arrive

Le cabas en paille signe la décontraction car oui, on en a ras-le-bol des sacs qu’on trimballe dans le pli du coude, avec le bras replié, comme si on allait sauter un ruisseau ; le cabas en paille c’est faire tout le temps son marché et on entasse dedans à la va-vite nos emplettes du jour qui dépassent un peu. Le cabas c’est le marché de L’Isle sur la Sorgue, ou d’Uzès où on se bouscule avant dix heures, avant la grosse chaleur, dans le brouhaha des odeurs de thym, de lavande et d’huile d’olive, dans les couleurs des boutis, des tabliers suspendus sur des cintres sous les grands parasols et qui bougent doucement, dans les rigolades des marchands qui interpellent les clientes qui auront réussi à se frayer un chemin jusqu’à leur étal : « Peuchère, ma petiteee Dameee, qu’elle est jolie ! Té, j’ vous mets quoi aujourd’hui ? » …
Et le chapeau de paille, même pas le PANAMA, non le simple chapeau de paille, un peu effrangé, pas trop neuf, c’est l’assurance d’ un visage rieur dessous, avec des cheveux fous qui émergent et un joli teint hâlé. On l’aura posé vite fait sur sa tête en partant : hé, n’oublie pas ton chapeau, avec cette chaleur !…

Orné d’un ruban noir peut être, ou de gros grain, on le tiendra en cas de Mistral, d’une main, avec des bracelets qui tintent sur les poignets

Bien sûr que tout ça c’est des images, la grande imagerie de l’été dans cette Provence que j’aime, mais c’est CETTE IMAGE qu’on veut pour nous, là quand on peine à se sortir de cet interminable hiver (pensée particulière pour les Parisiennes !)
La paille c’est l’odeur de la campagne (pardonnez moi tous les allergiques), et c’est comme une respiration supplémentaire : ça sent la chaleur, l’amour aussi dans de vieilles granges, dont on s’échappe, en riant, tout piquetés de rougeurs, avec l’impression d’avoir fait quelque chose de défendu. La paille incite à se cacher, dans ces granges de campagne ; quand on en sort, elle s’est glissée dans les cheveux en minuscules brins… On prend toujours un air un peu penauds de se faire découvrir par autrui ces brins coincés là, reliquats de cet après-midi délicieux, sous la chaleur d’août, où on se sera laissé aller. Et vous croyez qu’il faut avoir quinze ans pour ça, l’âge du « Blé en herbe »? Mais non, le plaisir est toujours le même.
La paille c’est les parasols de certaines plages et tout de suite on se sent l’âme Robinsonne. Les paillottes aussi, ces installations éphémères qui signent une ambiance où on va pieds-nus boire un verre, le dos rougi, un paréo autour de la taille ; où on s’accoude à un comptoir un peu collant, à l’ombre et c’est bon. On sirote une menthe à l’eau avec une… paille, on est heureux, c’est ça.
 
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » Dominique Mallié, blogueuse nous livre chaque mercredi sa vision de cinquantenaire sur des sujets qui la touchent, l’émeuvent ou la font s’interroger sous la forme de chroniques au ton décapant. Elle tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. »][/infobox]
 
Lire aussi : des lectures pour l’été
 

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9 commentaires

sylvie 22 juin 2016 - 8h05

Hello dominique, vite avant d’aller au boulot, je vous lis … j’adore …les granges pleine de paille, que de souvenirs ! tout ça me donne envie d’un beau cabas en paille, je ne sais pas où on peut en trouver sur Paris …. si qq peut m’aider ?
des bises et merci d’enjoliver mon début de journée !

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dominique mallié 22 juin 2016 - 8h09

Merci Sylvie, les compliments font toujours chaud au coeur et aident à avancer … à Paris , je ne sais pas mais ici en Provence et en particulier à Saint Remy il y a une très belle boutique pleine de chapeaux, cabas et même objets pour la maison … et c’est délicieux d’entrer et dans le même temps que l’on voit, de sentir, humer cette odeur … je me demande d’ailleurs si Serge Lutens n’avait pas imaginé un parfum s’en inspirant …
une belle journée à vous

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monneron florence 22 juin 2016 - 9h37

oh!!!!! que c’est bon de lire cet article. AH!!!!!!!!!!!!!! la provence, lIsle/la Sorgue, BREF, tout ce qu’on aime aime. bisous Dominique et merçi pour cet article plein d’odeurs trop bonnes

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dominique mallié 22 juin 2016 - 18h52

oui , Florence on y serait presque ! quel bonheur ces moments de répit dans ce monde de bruts !

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Kramer Noelle 22 juin 2016 - 11h32

Ça et les espadrilles, les plaisirs vestimentaires de l’été dans le midi! On s’y croirait. Merci de mettre des mots sur ces ( petits) bonheurs!

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dominique mallié 22 juin 2016 - 18h51

quel plaisir de partager tous ces ressentis avec vous !

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Chantal C. 22 juin 2016 - 21h27

Alors là ! C’est exactement ce que je vis en ce moment : le marché dès potron-minet (enfin le soleil est déjà haut, le sicilien n’étant pas trop matinal), le choix des tomates mûries sur place, les yeux qui pétillent en choisissant les figues noires de soleil, la multitude de poissons pêchés la nuit précédente…. Et hop tout cela dans les paniers…. Entre celui à fond plat pour les fruits et légumes, le profond pour le reste sans oublier le bouquet de fleurs…..
Savourer l’expresso italien pour mon époux qui ne renie en rien ses origines, lire « la Sicilia » et savourer un granité à l’amande, sur la place, bien protégés par nos chapeaux de paille (un différent tous les ans : ils ont du mal à supporter la valise pour le retour) et puis il y en a tant de modeles differents au marché que c’est la première chose acquise. J’aime à changer tous les ans, surtout parce que c’est désormais un rituel que d’aller le choisir des l’arrivée. Sa forme change selon l’humeur, la coupe du moment.
Mais c’est avec le panier l’accessoire qui me fait appréhender vraiment mon nouveau statut de vacancière au Sud. Un peu plus qu’en Provence certes, mais l’art d’y vivre y est tout autant (serais je un peu chauvine que je dirais… Voire plus) développé. Pour notre plus grand bonheur
Vivent les chapeaux, les paniers et même les meules de pailles

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dominique mallié 22 juin 2016 - 22h11

Merci c’est Chantal, trop joli ce commentaire … toute cette ambiance Sicilienne, j’adorerais connaitre cela … un prochain voyage à programmer … le bonheur de vivre des choses simples, c’est tellement essentiel ….

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sylvie 1961 24 juin 2016 - 19h46

Bonsoir Dominique, merci pour cette évocation pleine de soleil. Il me revient en mémoire un post de votre blog où il était question de chaleur, d une maison endormie en Provence bercée par une jolie musique. C était magique. Les vacances arrivent.. vive les cabas et chapeaux de paille.

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