J’ai rencontré Karine Niego, sympathique et énergique fondatrice de la plateforme Yes We Green grâce à ma fille, qui m’avait offert à l’occasion de la fête des mères un atelier Yes We Green pour apprendre à composer son bouquet de fleurs fraîches (avec des fleurs bio). J’ai été emballée par cette femme généreuse et engagée, qui après une vie bien remplie a choisi de donner un sens a sa vie avec la création de cette plate-forme qui propose des ateliers pour s’amuser et se faire plaisir, tout en apprenant à changer son mode de vie au quotidien. Portrait d’une Boomeuse comme on aime.
Karine, C’est quoi être une Boomeuse ?
Karine Niego : C’est continuer d’avoir autant envie de faire des choses qu’à 20 ans. De ne jamais se résigner, continuer à « manger » la vie et à suivre l’air du temps. Continuer à être curieuse de ce qui se passe, de l’innovation, de tout ce qui se réinvente dans le monde aujourd’hui, porté par des jeunes ou des moins jeunes. C’est continuer à être branchée à la planète, dans la société, dans la politique, dans tout ! C’est rester là, en fait.
Ce n’est que le début d’une autre vie avec laquelle on a ce passé qui nous a nourri, fait d’expériences, de choix. C’est un horizon qui est beaucoup plus clair. Moi, j’ai la même énergie je pense, tout en étant beaucoup plus apaisée. Oui c’est rester branchée avec le monde.
À 50 ans, vous changez de vie professionnelle, pourquoi ?
Karine Niego : C’est ma 3ème vie professionnelle. J’en ai déjà eu 2. La première a duré 10 ans, c’était dans le monde du sport, dans le marketing et la communication sur les grands événements sportifs mondiaux, les Jeux olympiques. Puis, j’ai eu un profond besoin de sens, et j’ai recommencé une carrière, comme journaliste, réalisatrice, productrice, rédactrice en chef en télé. Je passais tous mes combats à la télévision, que je considérais comme un vrai média. Mais depuis que j’ai 12 ans je crois, j’étais déjà engagée. J’avais une vie parallèle et j’étais impliquée dans le monde associatif, l’environnement, la solidarité, les gamins de quartier, le handicap, Solidarités International. Autour des 50 ans, c’est la non- résignation de se dire « je dois vivre de mes convictions, c’est pas possible, c’est plus fort que moi ! ». Et ces convictions et engagements, qui étaient ma vie parallèle, je ne voulais pas regretter de ne pas les avoir accomplis, de ne pas m’être pleinement engagée dans ce que je suis. C’est à ce moment là que je me suis sentie « alignée avec moi-même ».
Avant, je menais une double existence, une qui me rémunérait, ce qui m’a permis de me sécuriser dans cette vie qui aujourd’hui est plus insécure, de changer de niveau de vie…. mais c’était le moment de l’alignement. Et d’être en phase avec ce que j’avais profondément en moi et être ce que je suis. Pour ne pas me dire à 60/70/80 ans, pourquoi tu ne l’as pas fait ?
Pourquoi à cette période de votre vie et pas avant ?
Karine Niego : Parce que ce n’était pas le moment. Je crois que j’avais aussi besoin de me construire, d’aller vers ce parcours qui correspond aux 30/40 ans. J’étais de plus embarquée dans des métiers très prenants. Chez moi, cela n’a jamais été un objectif de carrière, c’était vraiment l’appétence de la curiosité, des projets, de la vie, de la découverte…
Il est vrai qu’à l’approche d’un moment de vie, je n’attribue pas cela à l’âge car j’ai du mal à me dire que j’ai 50 ans, c’est quelque chose de très abstrait dans ma tête, parce que j’ai une telle énergie en moi que j’ai du mal à me dire que j’ai 50 ans ! J’ai toujours le même truc au fond de moi, une boule d’énergie. Peut-être que je « marque » un peu plus…
C’était plus cette notion de l’alignement que celle de l’âge. De ce moment où l’on est vraiment conscient qu’on est en phase avec soi. D’autant plus que je suis dans un projet d’entreprise engagée. Je suis née en me disant «je vais changer le monde ». Je réalise autour des 50 ans ce que j’ai en moi depuis l’enfance. Cette bascule là, se dire « bouge-toi car après ce sera trop tard, ce sera jamais ! », la résignation, c’est terrible pour moi. C’est impossible ! Ce moment d’âge qui correspond vraiment à un moment de conscience, d’aboutissement – j’ai fait tellement de choses dans mes deux métiers précédents, j’ai vécu des trucs incroyables, merveilleux, des rencontres extraordinaires – j’avais besoin de faire quelque chose pour moi. J’ai porté de nombreux projets pour les autres et là, j’avais besoin de faire quelque chose pour moi.
Parlez nous de Yes We Green
Karine Niego : Yes we green, c’est la conviction que je peux accompagner les gens à changer leur mode de vie au quotidien. Comment ? En identifiant, en créant des ateliers qui permettent à chacun d’apprendre à changer un bout de son quotidien, sa consommation de fringues, sa déco, son alimentation, ses loisirs… et le tout dans un engagement à impact positif global pour le climat. Et ma conviction, c’est que c’est ça doit être fun, c’est fun ! Ca doit être chouette, donner envie, ce n’est pas militant ! C’est passons un bon moment ensemble, apprenons à faire autrement, surprenons-nous à faire des choses. Et en plus, il s’avère que c’est bon pour tout le monde !
C’est un projet à la fois écologique et économique ?
Karine Niego : Oui, les deux. On apprend à faire, donc on consomme mieux. On se réapproprie – ce qui est mon grand dada – sa consommation, son mode de vie.
Mon parti pris, c’est de dire que le 20ème siècle a créé la désappropriation de soi, au travers de besoins créés pour le bénéfice de sociétés, mais pas au bénéfice de l’individu. Je crois que le 21ème siècle est celui de la réappropriation, où les gens se réinventent, repensent, se repersonnalisent, redeviennent uniques.
Yes We Green, c’est une plate-forme qui met en relation des gens qui ont envie d’apprendre à faire autrement et de vivre un bon moment, seuls, en groupe ou en famille, pour un enterrement de vie de jeune fille… Ça s’adresse à tout le monde, à tous les âges !
Il y des ateliers enfants, pour les hommes également, même si c’est clairement très féminin. Le changement de comportement sur le quotidien passe beaucoup par les femmes. Auprès des hommes, il s’agit plus d’une cible de loisirs, qui vient une dégustation de vins naturels par exemple…. Auprès des femmes, je suis plus sur leur quotidien, elles peuvent venir trouver des savoirs, apprendre à faire leurs cosmétiques naturels. J’ai créé le « kit de survie couture » pour réapprendre des savoirs qu’on avait oubliés, recoudre un bouton, faire un ourlet… Il y a plein de gens qui ne savent plus ! Prendre un cours de cuisine vegan, ce qui chez moi ne signifie pas forcément vouloir devenir vegan, mais réinventer sa cuisine, découvrir de nouvelles saveurs. Apprendre à faire de la mozarella avec une italienne qui a créé sa filière de lait bio, monter sur un bateau qui transporte des produits locaux… C’est identifier des acteurs et créer des moments d’expériences qui permettent de se dire « tiens, je vais faire autrement, je peux faire autrement ! ».
Des projets pour Yes we green ?
Karine Niego : Nous venons de nous installer dans une boutique rue Crozatier où se déroule les ateliers. On vient aussi de lancer quelques produits partenaires pour faire des cadeaux green. Comme ceux de cette créatrice qui anime un atelier pour créer sa petite maroquinerie, (porte-carte ou boucle d’oreille) en cuir récupéré des grandes marques de luxe et qui a lancé son kit pour en faire chez soi.
L’idée est de développer ce lieu et ensuite ouvrir d’autres lieux dans d’autres villes en France.
Avantages et inconvénients de la cinquantaine ?
Karine Niego :
Avantages : La conscience et la sérénité. Mais ça se travaille.
Inconvénients : je cours moins vite, moins longtemps, mais non sinon, je n’en vois pas. Ou peut-être de se dire que tu aimerais être à ce moment là de ta vie, alignée, en conscience, à réaliser le projet que tu aimes, tout en sachant qu’il ne te reste pas 40 ans. Mais tu ne peux pas être à cette étape de ta vie, si tu n’as pas tes 50 ans derrière, donc… !
Yes we green
20 rue Crozatier, 75012 Paris.
Les prix des ateliers vont entre entre 20 et 260 € pour un week-end zéro waste à Nantes.
Yes We green est pour l’instant majoritairement développé à Paris mais a ouvert des ateliers avec des partenaires engagés à Bordeaux, Lyon et Nantes.