Isabelle Carré magnifique en mère toxique

par Arielle Granat

Isabelle Carré met en scène et joue De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites
La génération Boomeuses se souvient sans doute du film éponyme réalisé par Paul Newman en 1972, avec en vedette son épouse Joanne Woodward et sa fille dans le rôle de l’adolescente.
Un titre aussi étrange que celui du texte de Paul Zindel, prix Pulitzer, ne s’oublie pas facilement. Isabelle Carré a eu la belle idée de le mettre en scène au Théâtre de l’Atelier, reprenant le rôle de l’actrice américaine.

Dans l’Amérique des seventies, Béatrice vit avec ses deux filles dans un appartement en foutoir, subsistant grâce aux 50 $ par semaine que lui rapporte la garde d’une vieille femme en fauteuil roulant, « Nanny », une « demi-momie ». Rêvant d’ouvrir un salon de thé, Béatrice accumule les cadavres de bouteilles d’alcool, fume au réveil et se comporte – a priori – comme une maman indigne et hystérique. Passé ce premier tableau peu reluisant, le spectateur est emporté dans le monde névrosé de cette mère dont la vie a brisé les rêves, et qui se « venge » sur l’une de ses filles, petit génie des sciences, en l’empêchant d’aller au collège. Mais nous ne sommes ni dans « Affreux, sales et méchants », encore moins dans « Les raisins de la colère ».

Avec un vrai sens de la mise en scène pour une première expérience, Isabelle Carré nous plonge dans cet intérieur à la fois sclérosant et touchant, comme l’est le personnage de Béatrice qu’elle incarne avec sa grâce naturelle, mais aussi avec une méchanceté qui dérange et fait rire (jaune). Les deux jeunes comédiennes qui interprètent ses filles sont, elles aussi, admirables de justesse. Alice Isaaz, et Lily Taïeb  (que nous avons vue sur scène ce soir-là, et qui joue en alternance avec Armande Boulanger) complètent ce trio à la fois déjanté et émouvant, où les réparties cinglantes d’Isabelle Carré font mouche.

  Les Boomeuses-De l'influence des rayons gammas sur l'influence des marguerites- Isabelel carré_theatre de l'Atelier

La belle restitution de l’atmosphère des années 70, du stylisme très pop à la musique de scène (de Dylan au Supernature de Marc Cerrone, qui nous vaut une extraordinaire chorégraphie d’Isabelle Carré), offre au spectateur un spectacle d’une jolie nostalgie. Mais surtout, ce texte est une splendide réflexion sur l’adolescence et les rêves abandonnés. Une vraie réussite.
 
 

De l’influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites
Théâtre de l’Atelier
Jusqu’au 6 février, du mardi au samedi à 19 h.

1 Place Charles Dullin, 75018 Paris
Réservation : 01 46 06 49 24

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