La relation amoureuse à la ménopause, mieux comprendre son homme
Le passage de la cinquantaine se fait de manière plutôt sereine pour beaucoup de couples, et ce d’autant plus que leur vie affective et sexuelle était satisfaisante auparavant1. Ne prenez donc pas la suite de mon propos comme une généralité et ne vous offusquez pas si, pour mieux décrire certaines situations, je verse un peu dans la caricature.
La crise dite du milieu de la vie n’épargne pas les hommes, loin s’en faut ! A la cinquantaine, ils sont souvent à l’acmé de leur vie professionnelle alors que commence à se profiler à l’horizon l’annonce du déclin, au profit de la jeune génération montante et ambitieuse, dont ils furent, en leur jeune temps, un fer de lance. L’étayage extérieur spécifiquement masculin devient instable, la façade imperceptiblement se fissure, et il suffit alors d’un problème de santé ou d’une panne sexuelle pour que tout l’édifice vacille. L’autre éventualité, bien plus dramatique, est la perte d’emploi ou le déclassement, et dans une moindre mesure, la mise à retraite. Ce n’est plus alors le vacillement mais l’écroulement de l’estime de soi auquel on peut s’attendre !
Il est important, pour comprendre et soutenir son homme en crise, de connaitre les spécificités de nos modes réactionnels respectifs. Devant une difficulté existentielle, une femme aura tendance à à s’introspecter et demander de l’aide auprès d’une amie ou d’un professionnel, alors que la plupart des hommes tenteront de trouver une cause voire une responsabilité extérieure à leur mal-être et ils tenteront d’agir directement sur leur environnement. C’est en partie par ce mécanisme qu’on explique certaines séparations entre 40 et 50 ans2, où un homme quitte femme et enfants pour «refaire sa vie» avec une compagne de 15 ans de moins. Quel merveilleux pied-de-nez à l’avancée de l’âge que de se révéler encore capable de séduire une femme jeune et, le cas échéant, de lui faire un enfant ! Pour autant, cela n’enlève rien à l’histoire d’amour qui se joue dans ce nouveau couple.
La cinquantaine n’est pas toujours tendre pour les femmes non plus, et le corps nous trahit d’année en année, malgré les mille artifices dont nous avons, de toute éternité, su user ! Un peu de baume au coeur avec cette citation de Louise de Vilmorin3
Le miracle de la beauté même a donc une fin, mais l’amour peut demeurer au rendez-vous, tant il y a loin du corps vécu, éprouvé, au corps représenté fantasmé. Qu’est ce que c’est que l’âge ?
Mais ce corps parfois ne répond plus. Attaqué par la maladie, en particulier le cancer de la prostate qui frappe des hommes de plus en plus jeunes, ou celui du sein pour tant de femmes ! La vie de couple s’en trouve ébranlée et les conséquences sur la vie sexuelle sont constantes, au minimum au début de la maladie et de ses traitements. L’un comme l’autre est atteint directement dans son corps, que ce soit par les troubles érectiles après traitement chirurgical du cancer de la prostate ou la sécheresse vaginale avec les anti-aromatases dans le cancer du sein. Le traumatisme est aussi psychique et c’est presque un truisme d’affirmer que la virilité et la féminité sont mis à mal.
Que reste-il alors, si ce n’est l’amour, pour traverser une telle épreuve ?
Mme Necker en 1794, dans ses réflexions sur le divorce le dit mieux que moi.
Ils se fortifient du temps passé et s’en font un rempart contre les attaques du temps présent. Ah ! qui pourrait supporter d’être jeté seul dans cette plage méconnue de la vieillesse ? Veille, grand Dieu, sur l’ami, l’unique ami qui recevra nos derniers soupirs
Maintenant que vous en savez davantage sur le psychisme de votre douce moitié, je vous propose de nous retrouver dans un prochain article – pour des conseils pratico-pratiques c’est promis ! – sur la gestion des difficultés sexuelles des hommes et des femmes à partir de 50 ans.
Odile Bagot est gynécologue et auteure du Dico des Nanas. Suivez la sur sa page Facebook
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2Perrin E., de Senarclens M., Perspectives socio- psychosomatiques : femmes et ménopause, homme et crise de la cinquantaine. MEd.Psychosom. 1988, 16:2
3Louise de Vilmorin, Madame de suivi de « Julietta » Folio Ed. 1973
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