Et si la cosmétique s’intéressait plus à notre bien-être qu’à nos rides ? C’est en partant de cette jolie idée que Laure de Grandry a créé ArtdeSoi.
Après avoir travaillé dans l’univers du soin pour de grandes marques, elle lance sa société fondée sur un concept novateur : la beauté par le bien-être
Interview de Laure de Grandry, une quinqua qui ne mâche pas ses mots.
Vous et la beauté, c’est une longue histoire ?
Oui, je suis entrée en cosmétique comme on entre en religion il y a très très longtemps…
J’ai travaillé pour de grandes marques, Payot, La Prairie, Dior et YSL, où j’étais en charge du marketing des gammes de soin.
Dans les années 95, lorsque Saint Laurent a été vendu à Sanofi, je suis passée sur la marque Stendhal (qui appartenait au groupe). Avec un ancien de Saint Laurent, nous avons voulu la racheter, mais finalement, cela ne s’est pas fait et j’ai été « dégagée ». A plus de 40 ans, j’ai été enceinte de mon premier enfant. Le marché de l’emploi était difficile et je me suis arrêtée pendant 10 ans. Je faisais des missions de temps en temps, mais pour moi qui avait travaillé toute ma vie, cela me manquait trop, je n’ai pas supporté. J’ai commencé à péter les plombs ! Je me suis dit qu’il fallait que je me remette à travailler… Pourtant, j’étais ravie d’avoir des enfants, j’en avais d’ailleurs eu un deuxième. J’ai alors cherché à racheter des entreprises, mais n’ai pas trouvé ce que je souhaitais.
Comment avez-vous eu l’idée d’Artdesoi ?
Moi qui ne suis pas une obsédée de la ride, un jour, je me suis aperçue que se formaient autour de la bouche des « rides d’humeurs » (celles qui apparaissent sournoisement quand ça ne va pas et disparaissent aussi sournoisement sitôt que « tout va mieux ») !
Ce n’était pas les rides qui me troublaient mais le signe que je me « refermais » et ça m’a fait peur.
Lors d’un déjeuner avec Gérard Redziniak, un copain docteur en biologie moléculaire, avec qui j’avais travaillé chez Dior, je lui demande de m’expliquer pourquoi, quand tout va bien, on a « une belle gueule », une peau peu marquée, et quand on a des idées noires, cela se traduit sur la peau. J’ai voulu comprendre son fonctionnement. Déjà, chez Dior, ce sujet m’intéressait et les consommatrices se posaient aussi ces questions.
Pour ce chercheur, le lien est évident, car la peau est liée au cerveau comme tous les organes du corps. Lorsqu’on ne va pas bien, le cerveau envoie des messages de stress qui bloquent les fonctionnements (messages inter)cellulaires. Le stress, ou plutôt le trop plein d’émotion mal exprimé, fabrique un maximum de molécules de stress, responsables de problèmes de peau comme la déshydratation, les rougeurs, l’hypersensibilité, les démangeaison et les tâches. Ce concept universel du lien entre le cerveau et la peau fait partie des découvertes récentes en neuroscience, qui sont en train de révolutionner le monde médical.
Grâce à ces recherches, on sait désormais « recopier le message » d’une peau qui va bien. Et c’est comme ça qu’Artdesoi est né et m’a redonné du peps, ce qui était très important pour moi. Le monde change, on est en train de découvrir qu’on ne vieillit pas uniquement à cause de la pollution, mais aussi à cause de nos pensées qui nous font vieillir. En fait, c’est nous-mêmes qui développons nos hormones de stress, et ça, c’est une découverte importante ! On peut se mettre toute les crèmes que l’on veut, si on fabrique des hormones de stress, ça ne sert à rien.
Pourquoi, après avoir travaillé pour la cosmétique « classique », avez-vous lancé un concept différent ?
Depuis 40 ans, la cosmétique dit qu’il faut mettre deux gouttes d’un sérum comme-ci, qu’il faut faire cela le matin ou le soir…Les femmes sont conduites par la peur de mal faire ce qu’on leur impose. On les prend pour des imbéciles depuis des années !
Laissons les femmes faire comme elles souhaitent, mélangeons les marques. Arrêtons le diktat de la crème de jour et de la crème de nuit.
Je trouve la cosmétique très dirigiste, on dit aux femmes ce qu’elles doivent faire sinon elles se sentent perdues. Ce n’est quand même pas des médicaments !
Existe-t-il d’autres marques sur ce concept ?
Sur le concept de la peau liée à nos humeurs, je suis la seule, mais je pense que c’est l’avenir. Des marques utilisent déjà ce concept de façon ponctuelle sur quelques produits, avec ces fameuses molécules qui ont la capacité de chasser les molécules de stress et donc de restaurer le bien-être de la peau.Actuellement, tout le monde court après ce bien-être et c’est le premier antivieillissement. Evidemment, avec ma crème, vous ne diminuez pas le stress, mais ses effets néfastes.Quoi qu’on fasse, les signes du temps arrivent, et vous ne me ferez jamais dire le contraire, je m’inscris en faux contre les produits miracles !
Pour vous, c’est quoi une bonne crème ?
Une bonne crème, c’est une crème qui me fait du bien quand je la mets, donc me donne une sensation de détente de confort, et qui (éventuellement) va me donner une sensation de teint frais, de peau lisse et douce. Je ne demande rien de plus à une crème, car je sais qu’aucune ne va m’enlever mes rides.
Bien sûr, une crème antiride va retarder leur apparition, retarder leur formation, mais pas les effacer comme ça.
Avez-vous des conseils beauté pour Les Boomeuses ?
Surtout de s’écouter et se faire plaisir, répondre à ses envies et à ses besoins.
De toute façon, le meilleur produit cosmétique n’empêchera pas qu’à 70 ans, vous aurez des rides, et qu’avec le phénomène de la gravité vos joues tomberont.
Prendre soin de soi avec des produits, c’est retarder le vieillissement, garder une belle qualité de peau, aider à se sentir bien, ce qui est important.
Il faut s’amuser avec les produits, faire des tests, démystifier tout ça, ce ne sont pas des drogues !
Vous êtes une Boomeuse, ça signifie quoi ?
Pour moi, ce passage a eu lieu sans problème. Je suis très optimiste et réaliste. Même si cela n’a pas vraiment été un « passage » , on se dit quand même qu’on ne va pas faire le double du parcours. Dans ce sens, c’est une étape. Sinon, je fais du sport, de la gym, je suis plus souple que certaines de mes copines plus jeunes !
La seule chose qui me manque, c’est l’insouciance de la jeunesse. Et même si je suis bien dans ma vie, je ne dis pas que si une baguette magique me permettait de retrouver mes 20 ans, je n’y retournerais pas.
En même temps, la perte de cette insouciance est très reposante ; l’avantage de l’âge la vieillesse, c’est qu’avec la force de l’expérience, on prend du recul, on devient sage, on a une certaine quiétude.
Aujourd’hui, la vie nous montre que des femmes de 60 ou 70 ans sont « invitantes » et nous prouvent que cette vieillesse là n’est pas un drame.
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Arielle Granat
1 commentaire
je suis contente de savoir que je n’atteindrai jamais 70 ni meme 60 🙂 ! parce que même dans les meilleures conditions, quand on est vieille, on est vieille. ça me parait étrange que l’expérience puisse rendre serein mais je ne suis pas à sa place.