Maria pacome, film la crise

Enfants de Boomeuse

par Minou Azoulai

La célèbre tirade de Maria Pacôme dans le film La Crise fait fureur sur les réseaux sociaux et nous rappelle (avec le sourire) que nos grands enfants ont vraiment quitté le nid familial. Et si c’était notre tour ?

(…) – Tes problèmes de boulot, tes problèmes avec ta femme, tes problèmes de fric, tes problèmes en général et en particulier, moi ta mère, je m’en fous comme de l’an quarante, tu m’entends ?

– (…) Pendant trente ans je vous ai torchés, nourris, couchés, levés, consolés, tous les trois. J’ai repassé vos chemises, lavé vos slips, surveillé vos études. Je me suis fait des monceaux de bile, je n’ai vécu que pour vous, qu’à travers vous. J’ai écouté toutes vos histoires, vos problèmes et vos chagrins, sans jamais vous emmerder avec les miens.

  • (…) Toi, il te reste une longue vie devant toi pour résoudre ta crise ; moi il me reste très peu de temps pour résoudre la mienne.
  • Tout ça pour une vulgaire histoire de cul ? (réplique le fils)
  • Alors quand il s’agit de ton cul c’est de l’amour, quand il s’agit de mon cul c’est vulgaire… 
  • (…) Et même si ce n’est qu’une belle histoire de cul, je n’ai pas le droit d’en avoir une moi ?… Et comment croyez-vous que je vous aie faits ? Avec mon petit cul… »

Sacrée mise au point d’une sexagénaire amoureuse, au moment de partir rejoindre son amant, plus jeune qu’elle de dix ans. Elle parle, elle parle… Ils sont médusés.  A l’image, Maria Pacôme (alias Mme Barelle) assise face à son fils, Vincent Lindon, sa fille Zabou Breitman, son mari Yves Robert… Cette scène, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, est dans le film La crise de Coline Serreau. Cette année-là, en 1993, l’actrice obtient le César du meilleur second rôle.

Quelle tirade ! Quel souffle. Et quel courage. Nous aurions tant aimé l’écrire

Quelle tirade ! Quel souffle. Et quel courage. Nous aurions tant aimé l’écrire. Sur le même ton déterminé, sans conflit intérieur apparent, sans trémolos. En quelques mots elle raconte sa vie, sa maternité et sa charge mentale. Et nous rions de bon cœur ! Pourquoi ? Parce que nous nous identifions, nous faisons nôtres ses propos si justes. Nous qui aurions besoin d’affirmer nos envies, nos regrets.

Nous ? Les plus de cinquante ou soixante ans. Nous, les boomeuses. Nous, les mères d’enfants devenus adultes, que certaines appellent encore « mon bébé». L’expression peut paraître niaise, mais elle révèle le décalage entre notre ressenti, notre attachement, et la réalité…

En quelques mots elle raconte sa vie, sa maternité et sa charge mentale

Ils ne peuvent plus être « nos bébés. La vie les a changés.

A moins d’être grands-mères, on n’est plus dans le soin, les dodos, les couches, les « une cuillère pour maman, une cuillère pour papa », les chatouilles, les câlins ou les jeux partagés à même le sol ; mais dans l’attention qu’on leur porte, l’amour que l’on éprouve encore pour eux. Et réciproquement…ou pas.

Nous ? Oui nous, qui depuis tant d’années entendons cet adage : petits enfants, petits soucis… grands enfants grands soucis.

Vivez allègrement votre maturité

Les mères de notre génération ont conquis leur liberté – et en prime une bonne dose de culpabilité – n’ont plus rien à voir avec leurs propres parents. Mais elles continuent de les respecter, de les craindre, de s’en occuper, même si c’est difficile. Pas comme notre propre progéniture ! Là j’ai franchement envie de leur tirer la langue, comme le font les petits.

En attendant de payer notre addition… Haut les cœurs, haut les sourires. Cessons de nous flageller. Nous avons tout donné, bien ou mal, et, eux ils osent nous tourner le dos ? Ils osent voter contre nos propres valeurs, emprunter nos « sneakers », nos chemises et notre maquillage, nos cigarettes et nos cartes de crédit. Ok. Mais ça ne leur suffit pas, ils en rajoutent dans les reproches, les méfiances, les ricanements.

Eh bien, un seul conseil : vivez allègrement votre maturité. Souhaitez-leur le meilleur et laissez-les pleurnicher, triturer encore leur pâte à modeler. Ils trouveront, in fine, le chemin que vous leur avez indiqué. Et un jour ils vous couvriront de baisers et de mercis.

 

 

Minou Azoulai

 

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Film la crise, Coline serreau

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