Alexandra LEgai, Lakroz

Alexandra Legai, des RH à la création de Lakroz, des cosmétiques naturels inspirés du continent africain

par Les Boomeuses

A 49 ans, Alexandra Legai s’est lancée dans l’entreprenariat et a fondé Lakroz, sa marque de cosmétiques. Une belle invitation au voyage avec des produits issus du continent africain, aux ingrédients naturels et super efficaces, encore méconnus en France, et un joli mariage entre deux cultures.

L’occasion de rencontrer une femme passionnée par l’Afrique et de récolter ses conseils de « jeune » entrepreneuse.

Alexandra Legai, pour vous, c’est quoi être une boomeuse ?

Alexandra  Legai : Cela fait déjà quelques années que mon fils m’appelle boomeuse !, Mais moi je trouve au contraire que c’est la période de ma vie où je profite le plus. J’ai l’impression d’être très lucide, réaliste et sereine, par rapport à tout ce que j’ai vécu jusqu’à présent.

Je profite pleinement de ce moment qui me semble vraiment très riche et prometteur pour l’avenir ! Etre une boomeuse, c’est aussi profiter un maximum de ce que j’ai déjà appris, professionnellement et personnellement.

Vous avez lancé votre marque de cosmétiques Lakroz, racontez-nous ?

J’ai créé la société en septembre 2019. Mais j’ai vraiment démarré en février 2021, après avoir cherché des financements, des fournisseurs, élaboré les formules et les packagings toute l’année 2020…
Au départ j’ai un parcours RH. Pendant 15 ans, j’ai travaillé dans le recrutement et l’intégration dans de grandes structures comme Okaidi ou Norauto.

Par la suite, j’ai eu envie de reprendre des études et j’ai fait un MBA à l’IFM (Institut Français de la Mode). J’ai alors quitté les RH pour m’orienter vers le développement commercial des marques. J’ai travaillé avec un artiste israélien basé à Paris, qui fait de la dentelle en silicone.

Avec lui, j’ai appris le développement commercial, participé à des salons dans le monde entier, tout en faisant des allers-retours tous les jours entre Paris et Lille, où j’habite.  Mais c’était devenu compliqué entre les enfants et mon mari qui voyageait beaucoup. J’ai alors eu besoin de me recentrer et de penser à mon projet, où je serai responsable de mon calendrier, de mes actions…

En réfléchissant au produit qui rassemblait toutes mes valeurs, la cosmétique m’est apparue comme une évidence !

Il s’agit d’un produit qu’on se met sur la peau et qui doit donc être tout à fait « safe », et c’est là que le rapport à l’Afrique est arrivé assez vite.

LAKROZ, ALEXANDRA LEGAI

Pourquoi l’Afrique ?

J’ai découvert l’Afrique de l’Ouest et le Sénégal il y a plus de 20 ans, lorsque j’ai été témoin de mariage d’une amie sénégalaise.

Après un moment d’adaptation, parce que je regardais le monde à ce moment là avec mes yeux de jeune occidentale, ça a été un vrai choc culturel, aussi bien avec l’humain, l’animal, qu’avec la nature.

Quand j’ai pu entrer plus à fond dans le pays et dans la culture, j’ai été fascinée. Mon amie m’a amenée au lac Lakroz, qui est l’inspiration de la marque. Il s’agit d’un lac salé qui change de couleur selon le vent et j’ai eu la chance de le voir rose, ce qui n’est pas toujours le cas.

A chaque fois que je suis retournée au Sénégal, je suis allée au lac Lakroz, puis j’ai visité le Bénin et l’Ouganda, et à chaque fois j’ai eu cette fascination, ce rapport très fort à l’animal et à la nature

Donc quand j’ai eu cette idée de produits cosmétiques, j’ai eu envie de rassembler tout ce qui me ressemble, toutes mes valeurs, et de faire quelque chose de vrai, d’authentique, de traçable, qui mettrait en valeur l’humain et les ingrédients. `

Mettre en valeur l’humain, c’était important pour moi, parce qu’en cosmétique on parle beaucoup de naturalité, d’ingrédients, mais on parle très peu des personnes qui sont derrière. C’était important pour moi de les mettre aussi en valeur.

J’ai construit la marque en mettant à chaque fois une valeur sociale, sociétal, environnementale, éthique ; de la cueillette ou la récolte des matières premières jusqu’à l’expédition des produits chez le client final.

La cosmétique c’est important pour vous ?

Je suis une consommatrice responsable. Je fais mes produits domestiques moi-même, je roule en électrique, je marche dès qu’il faut marcher, je consomme bio et de saison…
Alors que la cosmétique se met sur notre peau, j’étais scandalisée par les étiquettes des grandes marques qui n’étaient pas du tout en rapport avec leur discours marketing. Et je me demandais s’il était possible de faire un produit cosmétique vrai, authentique, rentable et éthique.

Et puis, pour une femme, un produit cosmétique c’est son premier geste de liberté. Elle prend soin d’elle pour elle-même, pas forcément pour l’autre, et ce symbole de liberté aussi ça me parle.
C’est également la raison pour laquelle j’ai choisi de m’orienter vers la beauté, plutôt que vers la mode ou l’accessoire.

Pour Lakroz, j’utilise surtout des produits naturels et non bio. Si Lakroz avait été bio, je me serais privée de certaines matières premières comme le baobab ou le mbalaka.
Aujourd’hui, le bio, c’est galvaudé ! Ce n’est pas parce que c’est bio que c’est sans allergène, ou qu’il n’y a pas de métaux lourds à l’intérieur.

J’ai préféré axer ma marque sur le naturel, le traçable, le travail avec des ONG qui valorisent le travail des femmes et le travail équitable … plutôt que sur le bio.

Parlez-nous de Lakroz ?

Lakroz, c’est une invitation au voyage, une fenêtre ouverte sur le monde, un rituel de soin pour le visage et le corps, à partir d’ingrédients méconnus comme le Mbalaka ou le Baobab (dont l’huile est 4 fois plus antioxydante et nourrissante que le kiwi), qui sont très efficaces, très hydratants et qui ont des odeurs particulières, qui vous entraînent sur le continent africain.

lakroz

 

Le gommage, par exemple, est à base de sel, caractéristique du lac rose. Le sel remplace les petites billes plastiques que l’on peut trouver dans des gommages « traditionnels ». Le mbalaka, remplace le silicone dans les crèmes et rend la crème douce, soyeuse, brillante, comme le silicone chimique peut le faire aussi.
Ce sont des produits qui subliment les richesses du continent africain, avec des rituels soins et visages vertueux, éthiques et vegan. L’idée est aussi de promouvoir l’Afrique, de montrer que ce n’est pas un pays mais un continent, avec des richesses particulières, et aussi de mettre en valeur les personnes qui y travaillent.

Avez-vous réalisé des études sur l’efficacité de ces produits naturels ?

Oui, j’ai fait des tests d’hydratation sur les 3 produits hydratants ; la crème visage, la crème corps et le masque de nuit. Rien que pour le masque, la peau est encore hydratée à plus de 53 % au bout de 4 heures.

Comment se compose la gamme Lakroz ?

Pour l’instant, elle est composée de 6 produits : 4 pour le visage, 2 pour le corps plus un petit kit qui réunit les 4 produits visages. L’idée est d’enrichir la gamme soit avec de nouvelles matières premières, soit avec de nouveaux produits comme des shampoings, gels douches, crèmes de nuit et sérums pour les yeux… J’aimerais aussi faire une gamme homme.

cosmétiques Lakroz

Peut-on parler d’une nouvelle vie depuis que vous êtes entrepreneuse ?

Complètement ! Moi j’étais RH au départ, j’en fait toujours un petit peu puisque j’ai une salariée avec moi, mais c’est complètement différent de ce que j’ai pu vivre jusqu’à présent. Et en termes de responsabilité, de clairvoyance, de polyvalence… là c’est clairement une nouvelle vie !

Et ça vous apporte quoi ?

Cela m’apporte plus d’assurance. En même temps, je dois faire attention aux messages que je dois passer, parce que je suis ambassadrice de ma marque et de mon produit. Il faut que je fasse attention à mes discours, que ce soit en terme de management ou communication. Il faut que je sois ultra organisée, parce qu’on doit tout faire, en fait. Il faut savoir ce qui est urgent, important. J’adore ça, et ça m’apporte énormément.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes autour de 50 ans qui souhaitent devenir entrepreneuses ?

Déjà, croire en ses rêves et ses projets, car tout est possible à partir du moment où l’on enlève les limites, sans craindre ce que pense l’autre. Il faut s’ouvrir et savoir bien s’entourer.

J’ai pris un préparateur mental, parce qu’à un moment donné, on a la tête comme une « boule à neige » et on ne sait plus comment faire. J’ai du m’endetter pour créer les produits, parce que je devais en avoir avant de vendre, et c’est beaucoup d’argent et de stress. Ce coach mental m’a aidée à me poser, à respirer. Maintenant, j’ai des routines de cohérences cardiaques le matin, qui me permettent d’aller plus loin et de prendre ce qui m’arrive et de réagir de bonne manière, sans trop stresser tout de suite. Il faut savoir où l’on va, quelle destination on veut atteindre et se donner les moyens d’y arriver. Moi, j’ai beaucoup été aidée. La région Haut de France aide beaucoup les entrepreneurs, tant financièrement qu’en accompagnement.

Car on ne peut pas faire tout toute seule, il faut savoir demander de l’aide et savoir dire « ça , je ne sais pas faire… ça j’ai besoin, là je m’en sors plus… qui peut m’aider ? ». Se savoir entourée donne vraiment confiance et permet de déplacer des montagnes ! On sait qu’on peut discuter, qu’on aura un effet miroir.

Et enfin les avantages et inconvénients de la cinquantaine ?

Avantages : sérénité, maturité.
Inconvénients : je ne peux plus faire autant de sport qu’avant. Je vois mes enfants grandir et me rappelle très bien comment j’étais quand j’avais leur âge, il y a une espèce de nostalgie des moments qui sont passés.

Et surtout, de voir nos proches vieillir et décliner, sans que l’on puisse faire quoi que ce soit. Mais c’est aussi se dire que c’est comme ça, et d’accepter les choses comme elles arrivent, ne pas stresser parce que cela ne sert à rien.

Semer des graines et les voir pousser progressivement, sans vouloir tirer dessus parce que de toute façon, ça ne va pas pousser plus vite. Apprendre la patience est quelque chose que j’apprends beaucoup en ce moment.

 

Les produits Lakroz sont vendus sur le site de la marque  et sur le site Nocibé.

 


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