Alors que sort Selma, le film d’Ava Duvernay qui retrace les événements tragiques de la marche de protestation pour la lutte des droits civiques des noirs, le président Barack Obama a lui-même rendu hommage à ces manifestants pacifistes conduits par Martin Luther King.
En 1964, Martin Luther King reçoit le prix Nobel de la paix. Pourtant, en 1965, dans le Sud des Etats-Unis, les droits des Noirs sont toujours bafoués. Alors que le droit de vote leur a été accordé pour la première fois en 1870 par le 15ème amendement, cent ans plus tard, certains Etats font pourtant de l’obstruction systématique. En Alabama, les greffiers locaux empêchaient les Noirs de voter, les humiliant en les soumettant à des tests complexes impossibles à réussir. C’est dans ce contexte de tensions raciales où, dans la ville de Selma, seulement 130 noirs sur les 15000 y habitant avaient pu s’inscrire sur les listes électorales, que des citoyens commencèrent à se révolter pour obtenir ce droit.
Alors que le mouvement national pour les droits civiques (SNCC) se confronte dès 1963 aux ségrégationnistes, Martin Luther King, pasteur devenu le plus influent défenseur du mouvement de lutte non-violent contre le racisme, rejoint la ville pour organiser une marche de Selma à Montgomery. Il faudra trois tentatives de marches, réprimées très violemment par les forces de l’ordre, pour que les marcheurs arrivent enfin à leur but.
Le film retrace cette lutte, mais aussi les divergences dans le clan des afro-américains pro Luther King, et ceux partisans de méthodes plus musclées.
Selma met en avant la figure mythique de Martin Luther King, dont jusque-là aucun film n’avait retracé l’histoire. Pour autant, si le pasteur reste l’un des personnages principaux du film, on n’est pas dans un biopic, mais bien dans l’évocation des événements d’une rare violence qui ont conduits le Congrès à voter en 1965 le Voting Rights Act.
Le film retrace avec beaucoup de justesse, les petits et grands événements qui se sont déroulés durant cette période et le face à face intense entre Luther King et le président Johnson.
Un film passionnant qui montre bien le paradoxe des Etats-Unis. Un pays où le racisme reste encore dans certains Etats, mais qui a pourtant élu Barack Obama.
Selma, un film d’Ava Duvernay, sortie le 11 mars
Avec David Oyelowo, Tom Wilkinson, Carmen Ejogo, Ophra Winfrey
Arielle Granat