21 nuits avec PATTIE, des frères Larrieu, un conte qui fait du bien …
Au cœur de l’été, Caroline, parisienne et mère de famille d’une quarantaine d’années, débarque dans un petit village du sud de la France. Elle doit organiser dans l’urgence les funérailles de sa mère, avocate volage, qu’elle ne voyait plus guère. Elle est accueillie par Pattie qui aime raconter à qui veut bien l’écouter ses aventures amoureuses avec les hommes du coin. Alors que toute la vallée se prépare pour les fameux bals du 15 août, le corps de la défunte disparait mystérieusement.
Karine Viard est Pattie, Isabelle Carré, Caroline … Dussolier qui passe par là, dans le rôle improbable de l’écrivain Le Clézio ou d’un nécrophage, on ne sait pas trop. J’ai aimé ce film qui parle d’amour, ou plutôt de sexualité, de la sexualité des femmes, souvent crue dans ces mots, détaillée dans la relation des expériences. Tomber amoureuse ? Non, Pattie baise et raconte ce qu’elle vit avec tous ces hommes de passage, et c’est joyeux et ça, par les temps qui courent, ça fait grand bien.
Le langage, la sexualité dite par les mots est savoureuse.
Amoureuse, elle l’est Pattie, de la vie et de tout ce qu’elle offre : le vin, la nature. Généreuse et entière, libre de ses choix, de son corps, naturelle. D’ailleurs, comme dans tous les films des frères Larrieu (Peindre ou faire l’amour par exemple) une large place est donnée à la nature. Oh, le couplet sur les champignons !… Bien sûr il y a le reste, le suspens, le surnaturel, quelques longueurs dont on se serait passé, mais on en ressort avec l’idée d’un film inclassable, et surtout avec un grand appétit de vie, de maisons riantes, de rencontres sexuelles, avec l’envie de mettre des mots sur le désir. Le sexe n’est jamais sale ici. Pas de dégout, de larmes devant la mort, devant les corps morts animaux ou humains, les frères Larrieu parviennent même à démystifier le tabou de la nécrophilie, comme ils l’avaient fait de l’échangisme. Coup de chapeau à Denis Lavant, rural dans son rôle de simple des bois, incarnations du Dieu Pan .
Comme la mort du chevreuil donne des délices gustatifs dans l’assiette, la mort de Zaza conduit sa fille Caroline à découvrir un environnement qui l’amène à la vie.
On est là dans une intelligence du bonheur.
Dominique Mallié
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » Dominique Mallié tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. »][/infobox]
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