J’ai beau me bourrer de vitamine D pour pallier le manque de lumière, elle me manque, comme quoi la vitamine D est un médicament (on s’en doutait un peu).
Bref, aujourd’hui j’ai envie de parler de ça : la lumière et de ce qu’elle vient du ciel bien sûr, mais parfois elle vient d’ailleurs, elle surgit comme ça et ça nous fait le même effet que si on s’était mises au soleil, ça nous réchauffe le coeur, au propre et au figuré. Par exemple, parfois pour moi, la lumière elle vient de la voix d’un gamin, en classe, qui lit Phèdre avec l’accent du Sud, et d’un coup, tout est tragiquement drôle et absolument délicieux dans cette voix qui monte, qui emplit la classe et que tout se fait silence autour.
Gober la lumière, c’est aussi sentir que les vacances sont là et que plus rien ne me retient dans les horaires, que je peux même mettre mon réveil dans le tiroir de la table de nuit, que je peux envisager la journée sans rien dessus ou au « petit bonheur » et l’expression dit tout.
Gober la lumière c’est essayer ce rouge à lèvres vermillon et trouver que c’est exactement la teinte qui va avec tout et qu’il monte même aux joues, ce rouge tant il irradie.
Gober la lumière, c’est quand mon cou s’allonge en même temps que les jours, tant je tends mon visage au soleil, là entre deux cafés et que le journal n’aura servi à rien, sauf à créer du décor sur ma table.
Gober la lumière, c’est tourner le dos à l’hiver et aux jours gris, c’est chercher le panneau « Nouvelle Collection » dans les rayonnages, et voir du bleu, du rose, du poudré, des petits hauts en soie, des robes qui bougent quand on marche, rêver de tout ça et se projeter et c’est parfois mieux que la réalité, le rêve.
Gober la lumière c’est prendre des fou-rire.
C’est de la douceur qui arrive là d’un coup en embrassant mon ado qui sort du lit, la tête embroussaillée de cheveux, mais l’oeil vif, toujours ; c’est lire les messages de mes enfants, les mots d’amour de mon chéri, entendre la voix de ma mère, me regarder dans une vitrine et me dire que ça va, que c’est pas si mal pour mes cinquante et quelques.
Gober la lumière c’est le plaisir d’écrire pour Les Boomeuses, d’anticiper vos réactions, imaginer vos sourcils qui se lèvent, un petit sourire au coin des lèvres, des doigts qui tapotent sur un clavier, des pensées qui virevoltent, c’est l’odeur et le fumet de ce qui se prépare dans les cuisines, c’est les chants d’oiseaux le matin (ça y est !), c’est l’eau chaude de la douche le soir quand on est fatigué de la journée, et qu’on reste si longtemps dessous, c’est ne rien avoir à des examens de santé, et pour une fois on est ravies de les avoir ratés !
Finalement « Gober la lumière » c’est… s’offrir au monde.
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » Dominique Mallié, blogueuse nous livre chaque mercredi sa vision de cinquantenaire sur des sujets qui la touchent, l’émeuvent ou la font s’interroger sous la forme de chroniques au ton décapant. Elle tenait le blog «chic, j’ai cinquante ans » sur l’Express Styles avant de rejoindre Les Boomeuses. Prof de lettres, elle organise régulièrement des lectures de textes qu’elle écrit dans sa ville d’ Avignon. Passionnée d’art, elle court les expositions et nous fera également partager quelques-uns de ses coups de coeur pour les artistes. »][/infobox]
Lire aussi : Quand la lingerie nous met sans dessus
6 commentaires
Voici une chronique aux accents précoces qui réchauffe les corps et les âmes ! Merci Dominique !
Merci à vous Christine de me lire si fidèlement , oui, on a besoin de lumière et de chaleur ! des bises
et voilà un bien joli article ! merci à vous Dominique
Merci Elisabeth, vous m’encouragez à poursuivre avec vos commentaires !
Comme on se retrouve dans cet article !!! Le bonheur c’est apprécier les moments simples de la vie, et cela , que l’on est vingt ou cinquante ans .
Merci Dominique.
Merci Annick !