le grand orchestre du splendid

Le Grand Orchestre du Splendid 
les boomers font de la résistance

par Anne Bourgeois

Sur la scène du Café de la Gare, haut lieu parisien de contestation et d’invention, le Grand Orchestre du Splendid revient avec Tout va très bien ! et rappelle, près de cinquante ans après sa création, que la génération des 80’s demeure un formidable moteur d’énergie collective. Pas de nostalgie ici, mais une vitalité intacte — et politiquement très incorrecte — pour notre plus grand bonheur !

 

En 1977, une poignée de musiciens professionnels décidaient de s’amuser en revisitant Ray Ventura, Duke Ellington ou les big bands américains. Ce jeu entre amis est devenu un phénomène durable : cinq décennies plus tard, le Grand Orchestre du Splendid, un des seuls big band français, continue de remplir les salles avec la même fougue.

Sur scène, quatorze musiciens et chanteurs, toutes générations confondues, déroulent un répertoire qui oscille entre swing, jazz, ska, rumba ou salsa. Les cuivres claquent, la basse et la batterie entraînent tout le plateau, les voix s’élèvent — tour à tour libertines ou moqueuses —, les corps pas du tout rouillés se répondent, endiablés. Le public — jeunes, moins jeunes, âges mêlés — suit immédiatement. Leur énergie n’a rien de passéiste : elle s’impose comme un pied de nez aux temps agités, une manière d’habiter le présent avec un humour corrosif bien trempé qui fait se tordre la salle.

 

 

le grand orchestre du splendid

 

À l’heure où l’on parle souvent des baby-boomers comme d’une génération « installée », « confortable », parfois caricaturée — et particulièrement attaquée en ce moment « les retraités profiteurs » —, le Splendid renverse  la table : la scène montre ce qu’ils furent et ce qu’ils restent — une troupe d’artistes débridés, capables d’insuffler une joie, une forme de lutte contre l’usure du monde et la bien-pensance. Ce bonheur d’être encore bien là circule immédiatement dans la salle. Leur capacité à entraîner le public est intacte. En quelques minutes, on est porté par ce swing contagieux qui fait ressurgir des refrains que l’on croyait enfouis — « oui, oui, c’est moi Vampirella… » — et les accroches de La Salsa du démon et de Macao.

Pour reprendre l’esprit de Boris Vian, on n’est pas là pour se faire engueuler : on vient pour le Splendid. Et c’est précisément ce que l’on retrouve. Xavier Thibault, figure fondatrice, le dit simplement : presque cinquante ans de tournées, de sueur, de balais de sorcière agités sur scène pour un mantra :  C’est toujours conserver le sens de la fête et faire un pied de nez à la grande faux.

Le public ressort non seulement diverti, mais avec des paillettes dans les yeux. Et si la joie devient un contre-feu, tant mieux : on peut encore rire de tout. Elle est là, la vraie liberté d’expression. En cela, le Grand Orchestre du Splendid ne célèbre pas ses cinquante ans façon mémorielle : il les revendique avec panache. « Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ! »

 

Le Grand Orchestre du Splendid — « Tout va très bien ! »
Au Café de la Gare
41 rue du Temple, 75004 Paris
01 42 78 52 51
Avec  : Xavier Thibault, Lou Volt, Michel Winogradoff, Emilie Anne Charlotte, Cassiopée Mayance, Paul Maucourt, Frédéric Thibaut, Antoine Hurault, Fredo Westrich, Aymeric Westrich, Claude Egea, Dominique Vernhes, Vincent Turquoise, Françoise Thibault
Lundi 24 Novembre, lundi 1 er décembre et lundi  08 décembre à 19H30

Anne Bourgeois

Lire aussi : « Je me souviendrai de presque tout » : le duo Pierre Arditi- Nicolas Briançon fait des étincelles au Théâtre Montparnasse

 

Photos@Didier Pallagès

Vous devriez aussi aimer

Laisser un commentaire