« L’Ange du patriarche » de Kettly Mars (Mercure de France)
Haïti, aujourd’hui. Un pays dévasté par les catastrophes naturelles, la mort, la misère, dans une relative indifférence générale, passé le temps de la compassion. La richesse de Haïti, c’est sa jeunesse mais quel avenir lui offrir ? Le charme de ce roman, c’est la voix de cette jeunesse, dans le ton, la langue dure et mâtinée d’anglais, les excès et les démarrages en trombe que ce soit en moto ou dans la manière d’accueillir le destin. Billy Boy, Edwin, Vanika, chacun incarne une facette de Haïti, une façon de rêver, de réagir. Il y a Emmanuela, dans la génération de la mère, et Couz, dans celle de la grand-mère, toutes deux gardiennes d’une certaine cohésion familiale, toutes deux boucliers contre le mal, l’ange Yvo venu perpétuer la malédiction vaudoue.
A un moment donné, on se demande si cet ange ne serait pas en fait les maladies de l’âme, l’incarnation des souffrances familiales. Yvo serait là pour nommer. La psychanalyse inter culturelle tient compte des croyances, de la peur que les morts inspirent aux vivants. Dans la famille de Couz, il y a certainement cet héritage fait de peurs, de culpabilité et de foi religieuse, aussi.
Et puis, et c’est là où le romanesque l’emporte, le vaudou reprend ses droits et Yvo vient frapper une nouvelle fois.
« L’Ange du patriarche » de Kettly Mars (Mercure de France)
Sortie le 4 janvier
Valérie Rodrigue