A Rouen, le temps qui passe ressemble au Gros-Horloge, cette grande horloge astronomique dorée du XIVème siècle, emblématique de la ville. Son aiguille unique relie le présent au passé. Ce mix d’Histoire et de modernité donne à la ville, née de la Seine, un charme et un intérêt incontestables.
A une heure trente de Paris en train et tout près des plages normandes, on y marche sur les pavés de la grande histoire en récoltant moult petites histoires légendaires, littéraires, picturales, gastronomiques, spirituelles. Un véritable vivier d’expériences d’où l’on revient rassasié.
Les innombrables maisons à pans de bois dans les nombreuses rues piétonnes, la cathédrale, le Gros-Horloge ou la Tour de Robert Le Diable se visitent, dirais-je, naturellement. Mais laissez-vous charmer par les découvertes moins évidentes de cette ville lors d’un court-séjour. Vous ne le regretterez pas. Si tant de peintres, particulièrement les impressionnistes, n’ont cessé de peindre la ville et les alentours, ce n’est pas un hasard. L’œil est sollicité en permanence.
Rouen, une ville où l’oeil est sollicité en permanence
A commencer par le Musée des Beaux-Arts et notamment sa collection de tableaux impressionnistes. Un musée (gratuit) où devant certains tableaux, ont été installés de petits canapés, flanqués de fauteuils et d’un guéridon où l’on peut s’asseoir comme chez soi et contempler tout à loisir un Caravage ou un Monet. Surtout, à ne pas manquer d’ici le 22 septembre prochain, une remarquable exposition temporaire des dernières œuvres de David Hockney : une explosion de joie de vivre et de couleurs éclatantes de la part de ce peintre britannique de 86 ans vivant en Normandie.
Une douzaine de musées dont celui-ci sont gratuits à Rouen ainsi que les transports le samedi.
Etonnante surprise en parcourant les rues, celles de l’Aître Saint-Maclou une immense et belle cour qui fut –les linteaux en bois et les sculptures en pierre des galeries en témoignent- l’ancien cimetière de la ville puis un ossuaire tout à fait unique.
Non loin, que vous soyez passionnés ou non par Jeanne d’Arc, il faut vraiment vous laisser raconter son épopée sur les lieux même où s’est tenu son procès. Les techniques les plus contemporaines et convaincantes ont été convoquées pour ce parcours multimédia de l’Historial Jeanne d’Arc. Témoins, reconstitutions et effets audiovisuels vous emportent pour une expérience inédite en immersion au cœur du XVe siècle. On y devient juge de l’enquête judiciaire du procès initial et du second procès visant à la réhabiliter. Une « mythothèque », permet, en fin de parcours, de connaître les différents mythes qui ont découlé de son histoire mais aussi de prendre conscience de la récupération politique qui en a été faite à toutes les époques. Le lieu en lui-même vaut le détour. L’Historial Jeanne d’Arc se situe dans l’enceinte du palais archiépiscopal, intimement lié au destin de Jeanne. Il abrite les vestiges de la salle dite de « l’Officialité », où fut prononcée sa condamnation en 1431, et où se déroula en 1456 son procès en réhabilitation. Ce bâtiment d’une grande qualité architecturale porteur d’une identité médiévale forte, est pour la première fois accessible au public.
Vous ne pourrez pas manquer non plus l’église Sainte Jeanne-d’Arc, chef d’œuvre architectural contemporain d’une grande sobriété, qui abrite des vitraux de la Renaissance provenant d’une ancienne église. Elle occupe une grand part de la place du Vieux-Marché, là-même où fût érigé le bûcher de Jeanne d’Arc
Autre étonnement, la découverte uniquement en visite accompagnée, de la Maison Sublime, située sous le somptueux Palais de Justice de la ville. Découvert au hasard de travaux, c’est aujourd’hui le plus ancien monument juif de France. Il date du XIIème siècle et les archéologues ne savent toujours pas, de façon formelle quelle était la vocation de cet élégant bâtiment souterrain de style roman, comportant des graffiti en hébreu et dont deux niveaux ont été excavés.
Rouen, ville créative en matière de gastronomie
Pour se régénérer en énergie, sachez que Rouen est la seule ville française faisant partie du réseau Unesco « Ville créative » en matière de gastronomie. On y dénombre quelque 600 restaurants et cafés, c’est dire ! Une grande attention y est portée aux produits locaux et régionaux. Et si vous n’avez pas les moyens de vous offrir La Tour d’Argent à Paris, sachez que c’est de Rouen que vient sont plat légendaire, le canard à la rouennaise, mieux connu sous l’appellation canard au sang. Plusieurs restaurants le proposent.
Rouen hors les murs
Rouen a de quoi occuper à plein temps tout promeneur épris de curiosité et de belles œuvres. Cependant la région toute proche recèle, elle aussi des trésors à découvrir. En voici quelques-uns.
Par beau temps, contempler la vue sur Rouen à partir de la Côte Sainte Catherine est un must. Monet ne s’y était pas trompé et cela permet de voir à quel point Rouen est riche en monuments et vallonnée.
A 27 km du centre, se laisser émerveiller par ce que Victor Hugo nomma, avec raison, la plus belle ruine de France, l’abbaye bénédictine de Jumièges avec son parc de 15 hectares où se déroulent, l’été, des concerts. Une place romantique en diable dont les fondements datent du VIIème siècle. Elle bénéficie d’une riche histoire à travers les siècles, que des guides particulièrement pédagogues savent faire revivre avec enthousiasme pour qui le souhaite. On peut aussi tout simplement s’y promener individuellement et percevoir le choc émotionnel de ce lieu d’exception. Autre abbaye proche, celle de Boscherville dont, à l’inverse de Jumièges, il ne reste que peu de traces mais dont on parcourt avec délices le jardin bénéficiant de l’appellation Jardin remarquable.
Si Hector Malot et son célèbre livre « Sans Famille » vous rappelle des souvenirs, faites un petit détour par La Bouille son village natal, site impressionniste. Un petit trésor de bord de Seine qui se parcourt vite mais où on s’attarde volontiers sur les terrasses. De là vous pouvez, à volonté, et gratuitement, franchir la Seine, à pieds, en voiture ou à vélo, à bord de l’un des bacs qui fonctionnent en continu et faire en voiture, à vélo ou en bateau la découverte des boucles de la Seine.
Parmi les musées originaux, celui de l’ancienne Corderie Vallois à Notre-Dame-de-Bonderville est une plongée dans un passé du XIXème siècle. Il est situé dans un cadre naturel très pittoresque. Petits et grands ne peuvent qu’être séduits par le vieux moulin à eau et toutes les machines de l’époque, intégralement conservées et qui continuent, pour les touristes, à remplir et torsader des bobines blanches ou colorées. Il permet aussi d’approcher la vie difficile des ouvrières (et même des enfants à partir de 8 ans) qui y ont travaillé des années durant dans le bruit infernal des machines et la respiration des poussières de coton. La visite, là encore, est gratuite et on peut accéder au musée par les transports en commun.
Y ALLER :
Depuis Paris, par la gare Saint-Lazare, comptez 1h30 de trajet
Y LOGER :
Toutes les formes de logis sont proposées. Si vous souhaitez résider au calme et en plein centre, une adresse pleine de charme s’impose, celle de l’Hôtel littéraire Gustave Flaubert hommage à la ville qui l’a vu naître. L’Education Sentimentale ou Madame Bovary vous y attendent, jusque dans votre chambre dont la tête de lit comporte une citation d’une des œuvres de Flaubert. Sur la table de chevet, un livre de Flaubert que vous pourrez lire sur place ou feuilleter avant de quitter l’hôtel en ayant acheté le livre de poche vous permettant de poursuivre la lecture. Un petit boudoir de lecture ou la bibliothèque de livres rares vous tendent leurs confortables fauteuils de rêverie ou de lecture. Un boutique-hôtel qui vous enveloppe de son ambiance rêveuse qu’il fasse beau ou qu’il pleuve : le temps s’efface.
SE RESTAURER :
C’est l’embarras du choix. Voici trois adresses centrales, hautement recommandables parmi d’autres :
-Le 6ème Sens, une magnifique cave voûtée mais où entre la lumière du jour.
-Le restaurant La Couronne. Un incontournable sur la place du Vieux Marché. D’abord parce que le cadre est magnifique, ensuite parce qu’il s’agit de la plus vieille auberge de France (elle date de 1345) et, avant tout, parce que la gastronomie aussi bien que l’accueil sont excellents. Toutes les têtes couronnées, chefs d’Etats, stars du cinéma ou de la chanson, sportifs de haut niveau sont passés par là. Et vous… bien sûr !
– un salon de thé-restaurant, le Dames Cakes. Surtout pour le cadre absolument charmant et l’immeuble en lui-même, orné de magnifique fers forgés et qui fut une ancienne imprimerie.
Plus de renseignements sur l’Office de Tourisme de Rouen
Evelyne Dreyfus
Photo de Une@Alan Aubry-Métropole Rouen Normandie