On en a rêvé un jour : prendre la route, juste la route. Traverser l’Amérique, cheveux au vent (même courts), regard au loin, et cœur ouvert. Dans l’Ouest américain, tout est vaste, intact, presque irréel. Et pourtant, tout est là, prêt à être vécu. Des paysages infusés dans notre imaginaire depuis l’enfance, via les westerns, les films de road trip, ou les séries mythiques. On en revient avec une certitude : les humains de quelque nature qu’ils soient sont insignifiants face à la force de cette nature.
Ouest américain : sur la route des grands mythes
Nous voilà partis pour un road trip à travers l’Ouest américain, là où les paysages semblent tout droit sortis d’un film, où chaque virage donne l’impression d’entrer dans une scène de western ou de road movie. À force d’avoir vu ces images, on croit les connaître… mais les voir en vrai, c’est une tout autre histoire. C’est une expérience qui vous prend aux tripes, vous fait relativiser le monde (y compris le monde politique du moment) et vous fait sentir infiniment petit.
Jour 1 – En route pour le rêve
Tout commence à Paris. À l’aéroport Charles-de-Gaulle, l’émotion est déjà là. Dans l’avion d’Air Tahiti Nui, l’accueil est sympathique et même délicat : à l’entrée du Dreamliner, les stewards et hôtesses offrent à chacun une odorante fleur de tiaré, comme un avant-goût d’un autre monde. Après une douzaine d’heures de vol, la côte californienne apparaît, baignée de lumière. Atterrissage à Los Angeles. Le moment de se connecter au free wifi de l’aéroport avant d’utiliser l’e-sim de 30 GO offerte à ses clients par Nouvelles Frontières, organisateur du voyage, puis de prendre possession de la voiture réservée à l’aéroport pour entamer le road-trip balisé par le voyagiste. On aura précédemment téléchargé l’appli NF et tout y est : GPS utilisable sans wifi, billets et bons d’échange, itinéraire et lieux d’intérêt à visiter.
Jour 2 – Los Angeles et la mythique Route 66
On commence fort, par les étoiles du Walk of Fame à Hollywood. On lève la tête, on reconnaît des noms, on se surprend à sourire comme une gamine devant le Roosevelt Hotel, où Marilyn Monroe venait piquer une tête dans la piscine. Ici, moyennant finances, vous pouvez adopter l’étoile de votre acteur ou réalisateur préféré en faisant partie de son fan club. Moyennant quoi vous aurez le privilège d’entretenir son étoile au sol pendant un an. Typique des folies locales.
Los Angeles est une ville tentaculaire, un peu folle, mais pleine de contrastes : des Tesla sans chauffeur roulent au milieu d’un trafic anarchique, et au coin d’une rue, on découvre une église mexicaine du XIXe. Mais très vite, c’est la route qui nous appelle. La Route 66. Ou du moins ce qu’il en reste. Car cette route mythique, qui traversait autrefois l’Amérique d’Est en Ouest, est aujourd’hui cabossée, fragmentée… Mais son charme, lui, est intact. On passe à Kingman, où les shoppeuses peuvent faire provision de la pierre du pays : la turquoise. C’est aussi le berceau de la Route 66 et fervent défenseur de sa sauvegarde. Puis on file vers Newberry Springs pour une séquence nostalgie : on s’y s’arrête au Bagdad Café, là même où a été tourné le film culte. Rien n’a changé : les tables, les bibelots kitsch, les vieux juke-box. La propriétaire nous accueille avec chaleur. Et déjà, on ne sait plus très bien si on voyage dans le temps ou dans un film.
Jour 3 – Vers le Grand Canyon, une merveille du monde
La route traverse des villages minuscules, comme Seligman, vestige d’un passé glorieux de la Route 66. Devant les façades colorées, les vieilles voitures rutilantes, on se sent propulsé dans les années 50. Puis, après un détour imprévu à cause de la neige – oui, en Arizona au printemps, tout est possible – le Grand Canyon se dévoile. Et là, plus un mot. Ce n’est pas juste beau. C’est bouleversant. Depuis le ciel, en hélicoptère, on survole ce monstre sacré : 450 kilomètres de long, des falaises abruptes plongeant dans les profondeurs, et le fil du Colorado tout en bas, qui a creusé tout cela pendant des millions d’années. On reste… pétrifié devant tant de beauté, surtout avec les derniers flocons de l’hiver qui nappent encore les hauteurs.
Le soir, à Flagstaff, on dîne dans un saloon où les serveurs chantent des airs de comédie musicale. Et, à table, les inévitables burger-frites avec leur bidon de ketchup ou de mayonnaise, poulet frit ou pizzas. Si vous cherchez la gastronomie en chemin, vous vous êtes trompée de voyage.
Jour 4 – Antelope Canyon, le Lac Powell et les terres sacrées
Le désert s’étire, majestueux. De longues routes droites, bordées de cactus et de trains de marchandises qui semblent ne jamais finir. Ca et là on aperçoit quelques maisons d’une réserve d’Indiens Navajo ou des collines rouges où les tribus indiennes disent que reposent leurs ancêtres. On s’arrête au Horseshoe Bend, ce méandre spectaculaire du fleuve Colorado en forme de fer à cheval, avant de plonger dans la magie d’Antelope Canyon. C’est un lieu sacré, protégé, silencieux. Les parois rougeoyantes ondulent comme des vagues, et la lumière qui filtre crée des dessins presque surnaturels. On touche ici à quelque chose de spirituel, de profond, qui dépasse le simple décor. On longe ensuite les rives du lac Powell, un miroir bleu au cœur de la roche rouge. À chaque étape, l’impression d’être minuscule devant ces géants de pierre.
Jour 5 – Bryce Canyon, Zion, et la folie de Las Vegas
Réveil glacial à Bryce Canyon. Mais la beauté du site réchauffe tout. Des milliers de colonnes rocheuses, appelées cheminées de fée, se dressent comme un château enchanté. La neige qui saupoudre encore certaines parties ajoute une touche irréelle à ce décor déjà féérique. Puis direction Zion, autre parc national somptueux, où les falaises semblent tranchées au couteau. Ici, la route elle-même est un spectacle, serpentant entre des roches qui se colorent de jaune, de vert, de rouge, de bruns. Et puis, en fin de journée surgit Las Vegas. Les lumières, le bruit, les néons de la ville-casino. Après tant de nature, ce choc urbain amuse autant qu’il étourdit. Une nuit suffit. On s’en souviendra, mais on est déjà nostalgique des grands espaces.
Jour 6 – Villages fantômes, mystères et coucher de soleil à Santa Monica
Le désert nous rattrape, et avec lui, Calico, ville fantôme posée au milieu de nulle part. On croirait entendre les chercheurs d’or s’activer dans ces anciennes mines d’argent. Chaque maison semble raconter une histoire. À Baker, pause photo avec des extraterrestres (eh oui, nous sommes près de la fameuse zone 51, base militaire qui, selon la légende abriterait des restes d’OVNIS) et devant un thermomètre géant dont les degrés indiqués peuvent inquiéter mais… ils sont en Fahrenheit. Et puis enfin, retour à l’océan. Santa Monica. Le Pacifique. Balade à vélo le long de Venice Beach, en croisant joggeurs, skateurs, artistes de rue. Le ciel devient rose, la grande roue s’illumine sur la jetée. C’est la fin de la route, mais aussi le début d’un autre souvenir. Celui qui vous suivra longtemps.
Jour 7 – Retour, le cœur encore là-bas
Le vol de retour ne durera que 9 heures. On regarde les photos, on se remémore les instants suspendus. Une chose est sûre : l’Ouest américain est une terre à part. Infiniment vaste, profondément cinématographique, irrésistiblement mythique. On en revient troublé par l’impression d’avoir rêvé des paysages déjà connus. Et avec une certitude : il n’est jamais trop tard pour vivre un rêve d’adolescents. Il suffit d’un billet, d’un bon plan… et d’un peu d’audace pour partir sur la route.
QUELQUES CONSEILS
– Il n’est pas nécessaire d’être une aventurière aguerrie. Une appli bien faite : celle de Nouvelles Frontières qui organisait ce road-trip avec un itinéraire préparé à l’avance et les hôtels réservés est top. Un brin de curiosité en plus n’est jamais inutile.
-Mieux vaut louer une voiture confortable, bien assurée, avec GPS intégré et pouvoir partager le volant avec un deuxième conducteur : les distances sont très longues
– Prévoir des vêtements pour tous les temps car vous passez du littoral à des altitudes de 2200 voire 2600 mètres
– Ne jamais sous-estimer la beauté d’un lever ou d’un coucher de soleil dans ces paysages
VOUS PLONGER DANS L’AMBIANCE PAR L’IMAGE OU LE SON
À revoir avant le départ :
– Bagdad Café (1987)
– Thelma & Louise (1991)
– Into the Wild (2007)
Quelques lectures :
-Sur la route de Jack Kerouac
– Désert Solitaire d’Edward Abbey
– La Route 66 de Claude Arz (éd. Gallimard
Playlists à glisser dans la voiture :
– Born to Be Wild – Steppenwolf
– Take It Easy – Eagles
– Sweet Home Alabama – Lynyrd Skynyrd
– America – Simon & Garfunkel
Evelyne Dreyfus
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