Un portrait de femme comme on aime aux Boomeuses avec Stefany Vallon qui, après 25 ans dans l’univers de la publicité, est devenue artiste spécialisée dans le collage où la représentation de la femme est omniprésente.
On aime son discours positif et enthousiasme, mais sans langue de bois, sur la femme de 50 ans et la façon dont elle estime que tout est possible. On l’a rencontrée à l’occasion de sa collaboration avec la marque de mobilier design XXL MAISON, pour qui elle a réalisé une série de créations originales à l’occasion de leurs 15 ans.
Stefany, vous êtes passée de la communication dans l’univers de la mode à la réalisation artistique, spécialisée dans le collage. Racontez-nous votre parcours.
Stefany Vallon: Pendant 25 ans, j’ai travaillé dans la communication, en agence de publicité et comme directrice de la communication pour différentes marques. J’ai toujours travaillé avec des créatifs, que ce soit dans la publicité ou dans la mode, où l’image est capitale. Pendant ces années, j’ai été nourrie de toute cette culture de la belle image, du beau vêtement, du beau concept. Mon goût pour l’esthétique était certain, mais je n’avais pas envisagé de produire moi-même quelque chose.
Quitter Paris pour Ibiza pour trouver sa voie
Il y a 10 ans, j’avais 47 ans, mon mari et moi avons décidé de quitter Paris, pour venir nous installer à Ibiza. On s’est dit “tentons l’aventure”.
J’ai continué à travailler en freelance avec Carven, marque avec laquelle je collaborais avant de quitter Paris. Mais c’est devenu compliqué de travailler à distance, même en venant régulièrement en France.
J’ai alors commencé à regarder autour de moi et me suis rendu compte que mon œil s’était vraiment aiguisé et que j’avais appris à regarder les choses différemment, avec un certain sens esthétique.
Ma maison est alors devenue mon territoire d’expérimentation. Je me suis beaucoup intéressée à la décoration et très rapidement, j’ai créé une marque de coussins, Recto Verso, qui mixait les imprimés pour pouvoir changer d’ambiance assez facilement.
Les boutiques de décoration à Ibiza ont été assez preneuses, mais au bout de 3 ans, les enjeux commerciaux prenaient le pas sur les enjeux de créations. Très vite, j’ai su que j’avais envie de faire quelque chose où personne ne pourrait intervenir sur mes idées, sur ma façon de voir les choses.
Le Covid le déclencheur des collages
C’est le confinement, durant la crise du Covid, qui a été déclencheur. On était confinés de façon très stricte. J’avais chez moi beaucoup de magazines et je me suis souvenue, qu’enfant, je faisais des collages. J’ai commencé à en réaliser pour m’amuser. Je me suis acheté du matériel de découpe et très rapidement, ça a été comme une évidence. C’était vraiment une continuité, un aboutissement de toute mon expérience professionnelle.
Les collages de Stephany Vallon
Au bout d’un mois, je passais mon temps à faire des collages, j’étais dans une excitation incroyable et c’était vraiment très jouissif !
Petit à petit, j’ai commencé à faire des choses qui me correspondaient vraiment et qui étaient beaucoup plus élaborées, plus pointues, plus simplifiées aussi, pour une image encore plus forte.
Le mouvement MeToo, avec la libération de la parole des femmes, a également été un élément déclencheur de mon travail. Cela me semblait essentiel d’exprimer la féminité dans toute sa diversité et sa complexité. Tous mes collages partaient alors d’une image féminine et racontaient une histoire, exprimaient des états d’âmes, des moments de vie, des expressions.
Grâce aux réseaux sociaux, j’ai une communauté d’artistes, notamment des artistes collagistes iraniennes avec lesquelles j’échange. On se rend compte que le lien artistique permet aussi de soutenir, revendiquer, relayer… Cela m’a conforté dans l’idée que le collage était aussi une façon de capter l’air du temps et que tout autour de moi, peut devenir une source d’inspiration.
Et encore plus depuis que nous vivons également une partie de l’hiver au Maroc, un pays riche d’artisanat. Au Maroc, j’ai commencé à prendre des photos que j’ai imprimées pour faire de nouveaux collages, ce qui m’a fait basculer dans une autre dimension, où tout est possible, sans fin. Le collage est vraiment un travail évolutif, très gratifiant, qui me permet d’être totalement libre et maître d’œuvre, c’est un jeu sans fin.
Vous venez de concevoir la dernière campagne de communication pour la marque de meubles XXL Maison, inspirée par l’art décoratif et le collage. Racontez-nous cette collaboration.
Ma collaboration avec XXL Maison s’est faite pour la campagne « DESIGN WEEK » qui sera visible cet automne.
Elle a débuté sous le signe de l’art. J’avais rencontré le directeur Artistique de XXL Maison lors d’une de mes expositions. Il m’a recontacté en me demandant si ça m’intéressait de travailler sur une campagne pour les 15 ans de la marque.
Je sortais complètement de ma zone de confort, puisqu’il s’agissait de mettre en valeur des meubles. J’ai trouvé ce challenge intéressant. Moi qui d’habitude travaille en totale liberté, j’ai aimé jouer avec les contraintes imposées par ce nouvel exercice.
Au final, dans ces collages pour XXL MAISON, ce sont les meubles qui deviennent partie intégrante de l’œuvre et sont au centre de compositions, où se mêlent impressions graphiques, formes géométriques et couleurs.
XXL MAISON propose depuis 15 ans des collections de meubles, le design est au cœur de l’ADN de la marque et lui donne une place à part dans le domaine de l’ameublement. Avec des collections capsules et des séries iconiques, elle renouvelle ses propositions chaque saison. En 2022 et 2023, la marque a fait parler d’elle avec des créations récompensées par des prix Design.
La campagne XXL Maison réalisée avec Stéphany Vallon
Pourquoi habitez-vous à Ibiza et au Maroc ?
J’habite à Ibiza pour la qualité de vie et au Maroc parce que c’est un pays dont je suis tombée amoureuse quand j’étais jeune. Le Maroc est artistiquement très stimulant. J’y rencontre d’autres artistes et je peux y exposer plus facilement qu’à Ibiza. A Ibiza, je produis, alors qu’au Maroc, je me nourris beaucoup plus de ce que je vois.
Qu’est ce que vous apporte cette nouvelle vie ?
C’est un épanouissement personnel absolument incroyable. Encore une fois, je ne pensais pas avoir cette créativité en moi et c’est vraiment ce changement de vie qui m’a conduit à découvrir ce dont j’avais vraiment envie.
Je pense que la maturité aide aussi. Je suis une femme d’expérience, mais j’ai la chance d’être en même temps une “jeune artiste”. Je vis mon âge de Boomeuse, avec ce paradoxe qui est assez délicieux, je dois dire.
Ce que je fais est très exaltant et je retrouve un plaisir très enfantin et très spontané.
Le changement de vie a été profitable, même si j’ai adoré ma carrière professionnelle. C’est ce métier qui m’a conduit là où je suis aujourd’hui. C’est un épanouissement personnel que je souhaite à toutes.
Ce que je fais est très exaltant et je retrouve un plaisir très enfantin et très spontané
Stefany, c’est quoi être une boomeuse ?
C’est déjà être une femme qui a gagné son indépendance intellectuelle.
J’ai trois enfants, j’ai travaillé tout le temps et je me suis rendu compte, quand mes enfants sont partis, que je n’avais jamais vraiment pensé à moi et que j’avais toujours été dans la productivité, dans le statut de maman, dans “réussir ma vie”. Mais réussir sa vie, cela signifie quoi ? C’est la question que je me suis posée à 50 ans. Parce que sur le papier, je ne peux pas dire que je n’avais pas réussi ma vie. Mais être une boomeuse c’est avoir compris qui j’étais !
Avantages / inconvénients de la cinquantaine ?
Les moins : C’est l’âge physique. Parce que franchement, on peut toujours dire c’est un âge extraordinaire, mais je ne vais pas vous mentir, ce qui serait bien, c’est qu’à 50 ans le chronomètre s’arrête !
Les avantages : on a enfin le temps de penser à soi et de faire ce qui nous plaît. Je crois qu’on a toutes la possibilité de le faire. Notre dénominateur commun, c’est le chemin qu’on a parcouru. Il faut apprendre à s’aimer soi-même, même si le chemin a été chaotique, et je pense qu’il est toujours d’une certaine façon chaotique.
Quels conseils donneriez vous aux femmes de 50 ans qui veulent changer de vie ?
Stefany Vallon : Je crois qu’il faut qu’on apprenne à s’aimer plus, accepter qu’on ne fait pas forcément les choses parfaitement, mais qu’on les fait quand même.
Je pense qu’avoir un regard bienveillant sur soi et les choses qu’on a accomplies, permet de s’ouvrir à d’autres choses et de voir les choses différemment pour l’avenir.
Tout est toujours possible, à partir du moment où on n’hésite pas à faire une petite introspection.
Et la cinquantaine, c’est le moment pour un bilan.Si je devais donner un conseil, c’est de se faire confiance, parce qu’on a chacune en nous la possibilité de s’épanouir, et de surtout croire en soi et de ne pas se résigner.
Le travail de Stefany Vallon est visible sur Instagram @https://www.instagram.com/stefanyvallon/
Prix des collages : 800 € les collages originaux format A3
650 € les reproductions en grand format
Arielle Granat
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