Claudia cardinale

La robe de Claudia

par Anne Bourgeois

Je me souviens d’un dimanche, à l’heure du thé, où ma mère, cinéphile amoureuse de Burt Lancaster, m’entraîna dans un vieux cinéma de l’avenue Mac-Mahon pour voir le Guépard.
Ce fut ce jour-là ma première rencontre avec Luchino Visconti et je ne suis pas prête de l’oublier. Aux battements du cœur de ma mère palpitant pour le prince Fabrizio Salina venaient s’accoler les miens battant la chamade pour les beaux yeux d’un Tancrède arrogant et splendide.

Je me souviens de la lumière râpée des terres de Sicile. Et surtout d’Angelica, Claudia Cardinale, fille « tellurique » apparaissant au bal de la princesse Ponteleone.

Ah, cette robe !

Quelle enfant n’a jamais rêvé d’être princesse aux robes couleurs du temps et d’aimer un prince beau comme les matins d’été !

L’apparition d’Angelica, fille de l’Olympe, est un moment immortel et magnifique de cinéma. L’éclatante blancheur des soies et des tulles, des broderies enluminées et des fleurs qui ornent sa peau terre de Sienne est une cascade insolente inondant les rives d’un monde compassé.

claudia cardinale

Je me souviens de Claudia souriant au vieux lion blessé, d’un sourire qui vous met à terre lorsqu’elle danse, presque renversée avec le prince Salina en faisant tournoyer ses crinolines. Cette robe emporte tout sur son passage et sacre cette féline triomphante. Angelica, jeune carnassière aux atours zénithaux, ignore les regards crépusculaires du prince. Un guépard blessé qui emporte avec lui, dans les rues de Palerme, des éclats de robe dans ses yeux presque éteints sous un ciel lavé des pluies d’orage.

Je me souviens de Claudia.
For ever.

Anne Bourgeois

 

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Photo@Pathé distribution

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