L’Ecu de France est une maison d’hôtes poitevine d’époque Renaissance. Et renaissance est un mot bien à propos pour qui se laisse bercer, protéger même, le temps d’un séjour hors du temps, par ses murs épais et ses poutres en bois au sein du village presque secret de Sanxay. Plus qu’un lieu, c’est un lien.
C’est une maison solide, classée bâtisse d’exception, datant de 1575, faite de bois et de pierre recouverte de lierre et de glycine, comme pour mieux masquer son secret intime. L’Ecu de France, maison d’hôtes, destinée aussi à devenir résidence d’artistes, est une destination en soi. Si les murs vous chuchotent leur histoire c’est normal : pendant 250 ans cette belle bâtisse a appartenu à une même famille. Jusqu’à ce que deux esthètes fassent aboutir leur rêve de reconversion en la rachetant voici deux ans, murs et meubles inclus. Nicolas Degennes qui fut le très talentueux directeur artistique et créateur des maquillages Givenchy et Jean-François Lacoux, journaliste et producteur artistique dans l’audiovisuel (à quoi il convient d’ajouter, pour ce dernier : cuisinier hors pair) ont fait de cette maison plus qu’un lieu : un lien.
Pour y arriver en ce début de printemps, on longe d’immenses champs verts de blé en herbe ou jaunes où le colza en fleurs fait de l’œil au ciel bleu profond. D’autres nuances de bleu, celle des champs de lin, celles de grappes de glycine ou de parterres d’iris se joignent à la symphonie. Nous voici à l’entrée d’un village de 550 âmes environ dont le panneau d’entrée est fixé à l’envers, reliquat de la colère des agriculteurs signifiant qu’on « marche sur la tête ». Connaissant la carrière précédente de Nicolas Degennes, je ne peux que sourire à la fois à ce symbole d’imagination et à cette explosion de couleurs qui fut longtemps son quotidien. Le paysage environnant révèle une nature douce dans laquelle coulent des rivières et où se sont lovés de multiples petits châteaux.
L’Ecu de France, une autre dimension du temps
Sitôt franchie la porte de l’Ecu de France, on est happé par une dimension différée du temps. Des muses s’y cachent et ne demandent qu’à sortir des murs. A droite une grande cuisine parle de chaleur familiale, de convivialité et d’abondance que ne démentira à aucun moment l’exigence gastronomique de Jean-François. Un passionné des produits frais, bio et de qualité, un alchimiste des saveurs salées ou sucrées ; des belles tables aussi : on change volontiers les services de table selon les repas et les jours.
A gauche du long couloir en dalles de pierre d’époque, l’immense salon réparti en plusieurs espaces où se déroulent les repas des tables d’hôtes en petit ou plus grand comité. Le soir venu, la lueur des grands chandeliers jointe à celle du feu de cheminée transporte dans un temps suspendu. Plus tard, quand des artistes y seront à demeure, ce havre sera très certainement le cadre idéal d’échanges enrichissants entre hôtes de passage et comédiens, peintres ou musiciens.
Cinq grandes chambres confortables avec leur salle de bain individuelle sont proposées pour l’hébergement. Chacune a son ambiance, y compris olfactive car Nicolas Degennes a conçu, avec l’aide de grands parfumeurs, des fragrances exclusives diffusées par ses bougies parfumées ou ses diffuseurs (qui sont d’ailleurs disponibles dans la petite boutique attenante à l’Ecu ou via Internet).
Les chineurs auront de quoi s’inspirer : des vasques de salle de bain reposant sur les pieds d’une ancienne machine à coudre, le haut d’une ancienne armoire en bois servant de support pour une autre salle de bains…. Les meubles ou objets de décoration témoignent d’une imagination fertile pour la reconversion de leur usage premier. S’y mêlent des toiles de Nicolas l’artiste. Ça et là ses dessins de regards perçants vous scrutent et des toiles attirent le vôtre.
Car il a peint, entre autres, de grands tableaux avec… du mascara (mais oui !) entremêlé de feuilles d’or.
Bientôt les combles aussi seront aménagés de sorte que des artistes résidents puissent disposer d’un atelier de peinture ou de musique. La cour fermée permet, l’été, de venir se rencontrer autour d’un verre. Le jardin derrière la maison aussi. C’est un jardin sagement désordonné où glycine, lilas, pivoines, tulipes et une petite gloriette envahie de verdure invitent à la lecture, à la poésie ou à la méditation. Ou tout simplement à la paresse et à coup sûr à l’inspiration. Une grange est en cours d’aménagement pour devenir un théâtre ouvert à tous.
Dans le confort moderne laissant vivre tout le charme de la Renaissance, l’Ecu redevient, peu à peu ce centre névralgique du village de Sanxay et des alentours qu’il fut des années durant. Car l’Ecu de France fut une auberge fort fréquentée jusqu’à la fin des années 1960.
L’envie et le besoin vital de faire vivre ce village, hors des routes principales, ont initié la création des premiers spectacles dans les ruines du théâtre gallo-romain voisin. Dès les années 30, de nombreux spectacles s’y sont montés avec la participation, entre autre, de la Comédie l’Ouest et des Beaux-Arts, sans oublier la complicité de la population et attirant de nombreux intellectuels de l’époque. C’est cet état d’esprit et cette qualité de vie que Nicolas et Jean-François nous proposent de faire revivre avec une ténacité et une conviction remarquables.
Infos pratiques :
Y VENIR :
- En train jusqu’à Poitiers. Sanxay se trouve à moins de 30 km et on vient vous chercher à la gare.
SUR PLACE :
- Vélos et vélo électrique à disposition pour découvrir le charme des paysages environnants. Il y a de nombreux marchés alentour et juste un petit supermarché dans le village même.
L’ECU MODE D’EMPLOI
- Même si Nicolas et Jean-François ont à cœur de favoriser le réseautage, les rencontres, les échanges, ils ont surtout à cœur de vous donner satisfaction. Tout ou presque est possible : il suffit, sur place, de le demander
ALENTOUR
- Vous pouvez choisir de rester là, coupé de l’effervescence du quotidien ou passer en une heure de temps du côté de La Rochelle, de Bordeaux ou de l’île de Ré. Et bien sûr visiter la région poitevine alentour.
LA MAISON ROSE, GITE INDIVIDUEL
L’Ecu offre une autre résidence dans le village, un gîte indépendant : La Maison Rose
Une maison du XVIIIème siècle pieds dans l’eau ; elle est bordée par une rivière romantique où flottent des nénuphars, la Vonne, sur laquelle donnent les deux terrasses fleuries du gîte. Il y a presque de quoi s’y perdre entre le grand salon-cuisine du bas et le grand salon à l’étage qui fait face à une chambre bleue et une chambre jaune. Elle est si confortablement meublée et décorée d’objets anciens empreints de nostalgie ou d’objets insolites qu’elle donne l’impression d’une maison que ses propriétaires viennent de quitter en vous laissant la clé. J’ai rarement trouvé un gîte à ce point équipé, débordant de vaisselle et de linge de maison. L’esprit chaleureux de l’ancien avec tout le confort moderne jusqu’à ce joyeux bouledogue anglais, grandeur nature, qui sert d’ampli à votre smartphone. C’est une maison complice propice aux fêtes familiales aussi bien qu’aux bienfaits du silence. Au choix. Ses résidents peuvent profiter, à la demande, de tous les services de l’Ecu de France.
Plus d’infos : https://www.lecudefrance.fr/
Texte et photos @Evelyne Dreyfus
