Dans l’Yonne, du côté de la Puisaye, le cadre de vie évoque l’authenticité, l’idée de retour aux sources, les bonnes odeurs d’antan. Un de ces terroirs où il est facile de recentrer son esprit éparpillé par l’agitation citadine. Avec en prime quelques pépites marquantes qui se visitent à pas lents pour ne rien manquer au passage.
Cette partie de Bourgogne se situe au Sud-Ouest du département aux confins de la Nièvre. Bucolique et pittoresque à souhait. Une campagne doucement vallonnée ponctuée par des étangs et des forêts romantiques. On pourrait s’y croire au Musée d’Orsay, traversant des tableaux aux scènes humbles à la lumière du XIXème siècle. C’est un pays de douce nostalgie.
Où poser ses valises pour un court séjour ?
Vous aimez être en pleine nature et un peu retirés ? Vous préférez un environnement plus culturel et pittoresque ? Voici deux possibilités dignes de recommandation.
Le charme de Vézelay
A 45 mn de route de la Puisaye voici une halte dans Vézelay. Ce village (parmi les Plus Beaux Villages de France) est un concentré de culture, de spiritualité et de charme tout à la fois. On peut comprendre les nombreux écrivains dont la maison porte une plaque à leur nom d’y avoir élu domicile au fil des ans. Une basilique Sainte-Madeleine de toute beauté, dont l’art roman souligne la sobre pureté, point de départ des Chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Une longue rue principale escarpée, bordée de petits commerces en tous genres, un remarquable musée d’art contemporain, le musée Zervos qui fut, en son temps, la maison ou vécut le grand pacifiste et Prix Nobel de Littérature Romain Rolland dont l’espace de travail reste conservé (sur place la librairie l’Or des Etoiles permet de relire ou de se familiariser avec cet écrivain majeur, ami de Stefan Zweig). On peut y visiter aussi la résidence d’un autre écrivain Jules Roy, devenue maison des écrivains.
Et, depuis peu la gigantesque boutique d’antiquaire « Mes Découvertes » de Julien Cohen (people télévisuel de l’émission Affaire conclue » qui attire le regard par ses deux immenses lustres de Murano pendus au plafond. On peut regretter les prix élevés et certains objets qui n’ont rien d’antiquités mais l’espace est remarquable.
Au coucher du soleil, une fois les touristes disparus de la rue principale, Vézelay redevient village tranquille. On peut alors, à loisir se promener dans les petites rues adjacentes, admirer l’architecture et rêver devant le panorama, en laissant le regard se porter loin sur les collines du Morvan tout proche.
A deux pas de la basilique un court séjour à l’hôtel SY les Glycines est presque un complément naturel du séjour. Vielle demeure pleine de charme précédée par un jardinet-terrasse sous haute protection d’une très vieille glycine. De fait c’était une demeure privée et cela se sent, aussi bien dans les chambres de style XVIIIème siècle que dans celles du dernier étage sous les charpentes de bois. Prévoyez un budget entre 80 et 160 € la nuitée selon la chambre choisie
La bouffée d’oxygène du Relais des Fontenailles
Des bois de feuillus dispersant leur ombre légère sur des forêts ensoleillées, des sous-bois bordés de grandes fougères. En route vers la Puisaye et le gîte 4 épis Relais des Fontenailles. C’est une ambiance plus champêtre et plus secrète imaginée par Pierre Rovet son propriétaire. Sur le domaine, sa maison d’hôtes accueille 5 belles chambres d’hôtes et sa table d’hôte vaut le détour.
J’ai choisi plutôt son grand gîte indépendant. Sans regrets. C’est une maison ancienne de trois chambres doubles avec une grande terrasse à l’étage. La maison a été prolongée, en bas, par une extension contemporaine, vitrée sur trois côtés pour en faire le salon et pièce à vivre. Un espace lumineux posé en pleine nature, sans voisinage, entouré seulement de champs et d’arbres. En juin, le parfum des pivoines pénétrait jusque dans la cuisine, des oiseaux de diverses espèces font chœur et la seule idée qui vienne en tête c’est l’éloge de la paresse. Prévoyez un budget entre 500 € /semaine hors saison et 1100 € en haute saison (mi-juillet à fin août).
Le cadre
Envie de bouger alentour ?
A très peu de distance, les espaces naturels, forêts, étangs, lac du Bourdon, balades sur le sentier menant aux sources de Druyes-les-Belles-Fontaines sont pléthoriques et vous plongent incontestablement dans une nature paisible et vaste si inspirante pour les peintres, les photographes, les écrivains et poètes… et pour notre bien-être. Vous n’aurez peut-être pas envie d’explorer outre mesure mais il y a deux lieux à ne vraiment pas manquer : le château de Guédelon et, toute proche, la maison de Colette à Saint-Sauveur-en-Puisaye.
Château de Guédelon
A distance on n’imagine pas le travail remarquable de la soixantaine de passionnés qui, depuis 25 ans, ont érigé, à partir du néant, le château médiéval de Guédelon. Le chantier, devenu réalité, accueille quelque 300 000 visiteurs par an de tous âges et le défi est à la hauteur. Sous la maîtrise d’œuvre de Florian Renucci à la fois tailleur de pierre, et sorti d’études d’histoire de l’art et de philosophie, une quarantaine de personnes travaille à demeure aidée par une vingtaine d’autres de façon plus ponctuelle.
Comme l’explique Florian Renucci, nous somme dédiés à 50 % à la construction et à 50 % à la pédagogie. C’est qu’ici pas un seul élément ne fait appel à des techniques et des savoir-faire autres que celles du milieu du XIIIème siècle et tout visiteur assiste aux travaux en cours. Les pierres sont extraites de la carrière de grès ferrugineux se trouvant sur le terrain. Taillandiers, forgerons, vanniers, tailleurs de pierres, ébénistes y exercent leurs talents. Forge, fours, chaux, fer, calcaire tout est extrait et transformé sur place. Même les outils ont été réalisés à partir du fer extrait des roches ferrugineuses. Les pigments servant à la décoration des salles proviennent aussi du terrain ou de plantes tinctoriales cultivées sur place. La devise des bâtisseurs de Guédelon est « construire pour comprendre » et, de fait, Guédelon est aussi devenu, au fil du temps, un modèle pour des chercheurs, permettant de comprendre les réactions de certains matériaux ou les contraintes de l’architecture à la lumière des connaissances du XIIIème siècle. Aucun outil moderne n’y a sa place et on reste admiratif d’une telle performance.
La Maison de Colette
Personne mieux que Colette ne saurait vous convaincre. « Donne ta main, serre bien la mienne : elle te mène, sans bouger, vers les dimanches humbles que j’ai tant aimés. Mon Dieu, je t’emmène religieusement vers ma maison d’autrefois, peut-être que tu dis, pendant que je tremble sur le seuil retrouvé : ce n’est qu’une vieille maison…Entre. Je vais t’expliquer » (Colette, Le Voyage égoïste).
C’est quasi-religieusement aussi que Frédéric Maget et Jean-François Brégy, respectivement directeur et président de la Maison de Colette, vous accueillent dans cette maison rachetée voici une dizaine d’années à son ancien propriétaire. Aujourd’hui elle est redevenue, murs et jardins compris, LA maison de Colette. Celle qu’elle dût quitter à l’âge de 18 ans. Celle qu’elle n’a jamais cessé de raconter dans tous ses livres, avec force détails comme son paradis perdu. Celle que des habitants chagrins de Saint-Sauveur ne lui ont jamais permis de revenir habiter lorsque l’occasion s’en est présentée parce qu’on ne pardonne pas, dans un village, à une famille de libre-penseurs de venir troubler les silences lourds de la bienséance. Au cours de la visite, Frédéric Maget qui dit « vivre » avec Colette depuis ses 15 ans, vous citera par cœur les extraits de ses livres devant les lieux visités. Meubles retrouvés, jardins refaits à l’identique décrits de façon si détaillée par l’écrivaine, Il veille scrupuleusement à rester au plus près des évocations de l’auteure. C’en est confondant de le voir évoluer dans cette maison reconstituée grâce à la chasse permanente aux objets et aux meubles dispersés et rachetés à des habitants du village ou d’ailleurs. Pour un peu on le prendrait pour le petit-fils de dame Colette.
Ne ratez en aucun cas cette visite ou l’une des soirées musicales, théâtrales, poétiques, théâtrales, qui s’y déroulent car cette maison vit. Parce qu’on y fait des lectures, des rencontres, des ateliers culinaires et littéraires sans oublier le bien nommé festival de musique et mélodie françaises « Comme ça me chante ! » fin juillet. Et ce qui ne manque pas de saveur c’est de voir Colette, la paria de Saint-Sauveur tout comme le fut sa famille, en devenir la glorieuse héroïne post-mortem.
Infos pratiques :
En train, descendez à la gare d’Auxerre après quoi il vous faudra impérativement une voiture pour profiter pleinement du séjour.
Bonnes adresses
A VEZELAY
Hôtel SY Les Glycines, une escapade bucolique dans une hôtel particulier du XVIIIème siècle avec une partie restauration de type bistronomique.
Librairie l’Or des Etoiles où peuvent s’acheter encore les œuvres de Romain Rolland.
Musée Zervos– Maison Romain Rolland avec de très belles toiles d’art moderne et une exposition temporaire cet été 2021 d’œuvres de Picasso. Rappelons que Zervos fut l’éditeur du catalogue raisonné des œuvres du peintre.
Et l’extraordinaire espace du chemin de ronde qui contourne la basilique, lieu de méditation et de sérénité s’il en est, qui
poursuivra avec bonheur la visite de l’imposante basilique Sainte-Madeleine
EN PUISAYE
Gîte ou chambres d’hôtes : Le Relais de Fontenailles
A Saint-Sauveur-en-Puisaye :
La Maison de Colette, le Musée de Colette au Château de Saint-Sauveur ; il retrace toute la vie de l’écrivaine
Et bien sûr le Château de Guédelon à Treigny tout proche de Saint-Sauveur
Les sources et le très beau village de Druyes-les-Belles-Fontaines
Restaurant Les Passantes avec sa terrasse, son espace enfant et sa cuisine savoureuse. Au bas du restaurant une jolie boutique ouverte depuis peu « Mon col Claudine » où vous trouvez un choix varié de vêtements de seconde main pour adultes et des objets de décoration.
Enfin, une pause thé et gâteaux anglais s’impose au très britannique Salon de thé et galerie photo Darling’s ouvert récemment 10 place du Marché
Texte et photos Evelyne Dreyfus