Je vous propose une promenade dans un endroit hors du commun, la forêt de Saou, le rêve drômois de Maurice Burrus.
La forêt de Saoû, située dans la Drôme, détient pleins de secrets sur l’histoire des hommes qui l’ont occupée, c’est un site unique, une sorte de coque de bateau formée par des falaises calcaires avec en figure de proue le Veyou (1589 m). Il domine 12 km de vallée verrouillée à la poupe par un canyon spectaculaire.
Au moyen âge, l’endroit commence à être habité, même s’il fait peur. Cependant il servit d’accueil aux réfugiés des guerres, aux malades et aux réfugiés politiques et religieux, notamment les protestants.
La forêt de Saoû, située dans la Drôme est un site unique
En 1924 Maurice Burrus achète la forêt de Saoû. A cette époque, ce domaine de 2300 hectares se composait d’un château, la Villa Tibur et ses bâtiments, de plusieurs fermes et de terres des près et des bois.
La forêt de Saoû
Le mécène ambitionne d’ouvrir la forêt à tous et plante de nouvelles essences d’arbres – pins noirs d’Autriche, cèdres de l’Atlas (qui servent actuellement à la reproduction de cette essence en récoltant les graines).
Il fait réaliser un chemin touristique, goudronné en partie, sur 28 km (le rouleau compresseur est exposé dans le village de Saoû) avec des aires de pique-nique, toujours en place et des abris pour les promeneurs.
Il fait également construire une auberge, L’Auberge des Dauphins, dont l’architecture s’inspire du Petit Trianon et de l’Orangerie de Versailles. L’inauguration a lieu en 1930 et devient un haut lieu de la gastronomie – deux macarons et trois fourchettes au guide Michelin. La renommée de l’établissement attire une nombreuse clientèle d’étrangers et de drômois fortunés.
On y organise de nombreuses fêtes et la terrasse sur le toit fait office de salle de bal. Les soirées animées par un orchestre se terminent souvent par un feu d’artifice.
L’Auberge des Dauphins rénovée
Le grand salon dit « le salon doré »restauré à l’identique
Maurice Burrus, un homme passionné
La fortune de Maurice Burrus vient de l’héritage familial des manufactures de tabac en Alsace et en Suisse. Il devient député mais c’est aussi un passionné d’archéologie. Vaison la Romaine lui doit le financement des fouilles.
Idéaliste et humaniste, il a des préoccupations sociales (il est à l’origine d’une proposition de salaire minimum) et a le souci de ses employés. Dans les années 1930, 150 personnes environ, saisonniers ou permanents qui habitent la forêt travaillent pour Burrus.
Il fait ouvrir une école dans laVilla Tibur (aujourd’hui disparue dans un incendie) pour les enfants des familles vivant sur le site et y installe un logement pour le maitre d’école. Un grand nombre d’enfants sont baptisés dans la chapelle et Burrus est parrain. Des refuges servent de « classe verte » pour initier les enfants aux « secrets des arbres ». Saoû doit son électrification à la participation financière de Maurice Burrus. En contre-partie il obtient l’exploitation des bois communaux et la prolongation de la ligne électrique jusqu’à l’auberge.
Les chantiers ont apporté travail et prospérité dans la région. Au début du siècle la forêt de Saoû est un lieu de vie et de ressources qui a accueilli des familles d’origines étrangères, venues d’Ukraine, Italie, et Pologne.
Outre le bois, on y exploite dès le XVIII ème siècle des mines de houille, du kaolin et de la silice. Il aura même une petite usine de porcelaine.
La vie agricole, l’élevage et le pastoralisme sont présents depuis le moyen âge. On trouve trace des fermes, des grottes bergeries et de l’activité minière.
L’âge d’or de cet endroit prend fin à cause de la seconde guerre mondiale. La forêt est réquisitionnée et déboisée, l’auberge est pillée à la libération. Quelques fêtes sont encore données mais les lieux ont peu à peu abandonnés et revendus par la famille Burrus.
Une seconde vie pour la forêt de Saoû
Le Conseil général rachète la forêt en 2003 et depuis cet été on peut redécouvrir l’endroit, la totalité du site sera inauguré en septembre.
L’Auberge des Dauphins devient un site dédié à la découverte de la forêt. Le grand salon dit « le salon doré » magnifiquement restauré à l’identique est ouvert et vous donne une idée de ce qui furent la splendeur et la singularité de son architecture et de ses décors. La totalité du site sera inaugurée en septembre.
Mille choses à découvrir
Une flore et une faune qui ravira les passionnés de nature
Les promenades aux alentours sont nombreuses et variées et accessibles à tous, familles – promeneurs débonnaires – personnes à mobilité réduite – sportifs aguerris – à pied – à cheval en VTT.
Une piste cyclable vous amène à l’auberge – les parkings sont nombreux les aires de pique-nique « d’époque »
Des concerts ont lieu dans la nature.
Pour les passionnés de nature, une faune et flore à découvrir.
35 départs de découverte sont programmés : balades patrimoine, nature ou paysages.
Ateliers accompagnés par guides spécialisés et de formation scientifique.
Infos sur :
L’Auberge des Dauphins
Forêt de Saoû
26400 Saoû
aubergedesdauphins@ladrome.fr
Texte et photos Jacques Douay
