La liste des cadeaux de Noël à ne pas faire.
Il est dit en de nombreuses langues que certaines offrandes sont à éviter, parce que redondantes ou inutiles – voire insultantes – pour leur récipiendaire.
Quelques exemples, tirés du bon sens populaire, pour illustrer ce propos :
– Apporter du nougat à un Montilien sera incongru, tout simplement parce que l’on n’a pas envie de faire, en plus, un cadeau à un dentiste que l’on ne connaît pas, fût-il natif de Montélimar.
– Offrir des bicyclettes à un cul-de-jatte sera superfétatoire, tout simplement parce que, de toute notre vie de Boomeuse, on n’en a jamais vu (de cul-de-jatte, bien sûr), tout juste des gens avec un petit vélo dans la tête.
– Proposer du charbon à un habitant de Newcastle (proverbe anglais) manquera de délicatesse, tout simplement parce que cela équivaudrait à insinuer que le système de chauffage de votre geek britannique date du 19ème siècle.
– Faire livrer un réfrigérateur à un Esquimau (proverbe anglais, et argentin) sera malvenu, malgré le réchauffement de la banquise.
– Donner des noix à celui qui n’a pas de dents, (proverbe espagnol) sera d’aussi mauvais goût que l’offrande de nougat mentionnée plus haut.
– Apporter un samovar à une résidente de Toula (proverbe russe), où on les fabrique, ne sera pas, non plus, sa tasse de thé.
– Offrir un verre d’eau à la fille du puisatier sera aussi inutile que de fournir de la paille à l’Égypte toute entière (proverbes yiddish) ou du sable à un Bédouin (proverbe adapté de l’italien).
– Emballer de délicieuses saucisses de Francfort, à l’attention d’un cousin germain qui y réside (dicton inspiré de Michel Audiard) sera autant le comble de la redondance que d’envoyer des oranges à un Paraguayen (proverbe argentin).
Inversement, on évitera de choisir pour autrui un cadeau qui, certes, ravirait la première Boomeuse venue, mais qui finirait immanquablement sur Le Bon Coin dès le lendemain de Noël.
Quelques exemples :
– Un joli train en bois – sa loco et ses wagons rouges avec, en option, le Père Noël en guise de mécanicien. Nous, on trouve ça ravissant, et en plus ça ferait travailler l’industrie équitable du jouet français, mais le pré-ado à qui nous le destinons ne partage pas nos vues écologiques. Pas du tout.
– Une trousse de maquillage avec tous ses accessoires tendance, à une grande sportive qui ne rêve que de faire le marathon de New York trois fois par an, et ne jure que par le naturel qui en revient au galop.
– Une Smart Box, offrant un week-end de rêve dans un hôtel de charme, à une randonneuse pour qui une virée d’un mois en camping-car retapé, c’est le top du top.
– Des boules de pétanque à une paisible pêcheuse de tanches du Nord-Pas-de- Calais.
– Un billet de Loto, ou pire, un portefeuille griffé Super U, à notre richissime oncle Picsou, qui a tout, tout, tout.
– Des Uggs à une Indienne – pardon : à une Américaine des Premières Nations. Ce ne serait carrément pas politiquement correct.
Un peu comme offrir un bonnet de fourrure façon Davy Crockett à Brigitte Bardot, ou comme remettre, toute honte bue :
– Une entrée à l’Opéra Bouffe à une veuve anorexique qui vient de se faire opérer du tympan.
– Un DVD Blu Ray à la tante Irma qui en est restée à l’ère du Polaroïd – au mieux.
On pourrait délirer ainsi encore longtemps sur le thème mais, soyons-en sûres, quand le cœur y est, il est finalement bien plus aisé de trouver le bon cadeau que le mauvais. Alors, en cette belle saison de fêtes, il suffira de gâter nos êtres chers avec spontanéité, en oubliant tout ce qui précède !
[infobox bg= »redlight » color= »black » opacity= »on » subtitle= » »]Cathie Fidler est écrivain, auteur de romans et nouvelles. Découvrez son blog Gratitude[/infobox]
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